dimanche, septembre 08, 2019



peut-être une fin 

?

une saturation 

?

du gris

un fonds de gris d’intensité variable


des images 

?

à peine










l’espace
bute contre le temps
dans les
éboulis de la mémoire

sens-magique 



une écoute du bruit de fond 

est

une épreuve 

de la résistance de l’air au passage 

du sonore





une épreuve 

de la résistance du corps 

au passage de 

l’air 







































Pierre Chappuis

Entailles

Corti










Montagnes & eaux 

compacité et fluidité
union du stable et de l’instable

en chinois 
pour dire concrètement
paysage



Nécessairement liées au lieu précis où elles apparaissent et, accidentellement, se révèlent à nous, les montagnes, les eaux n’en épousent pas les limites. 

Éprouvées dans leur présence élémentaire, elles n’ont point à être situées, ne répondent point à l’appel d’un nom.

Autrement, dans la langue, les rejoindre. 

Leur part d’inconnu et d’imaginaire œuvre en nous comme notre propre substrat, étranger en même temps qu’intime (quoique soustrait à une relation de simple familiarité).

Effacement du lieu. 

Prévaut l’instant vécu au cœur des choses quand véritablement, en dépit du proverbe, une hirondelle fait le printemps. 

Au poème non plus, un territoire n’est pas assignable. 

P. Ch


L’aspect lacunaire des poèmes de Pierre Chappuis, avec leurs phrases incomplètes souvent interrompues par des blancs spectaculaires, ne doit pas être interprété comme le signe d’un manque ou d’une déficience, mais plutôt comme le ressort d’une paradoxale plénitude. 

Les marges de ces poèmes sont pleines de ce qu’elles ne disent pas mais donnent à entendre. 

Du paysage, ils suggèrent d’autant plus qu’ils décrivent moins, comme l’horizon laisse au rêve et au désir une marge inépuisable, dans la mesure où il dérobe toujours quelque chose au regard.


Michel Collot
Paysage et poésie
































table

peuple pédé poème

7

malherbe disait

29

une simple question de drachmes 

41

faire commerce

55

fraternité

69

médiévales

73





démocraties du poèmes

81

le O de C

101

trois poètes vivants

115

pluie pasolini

149










un effleurement

167

espoir contre espoir

185

tout et rien  surtout rien

199

































le 
thalweg d’altitude 
qui canalise 

une descente d’air polaire 
vers les Alpes 

bascule dans le sens inverse 
de la montre


l’air froid 
va se bloquer 
partiellement contre 
le nord de la barrière alpine 
ce dimanche




au point du jour 
en tourbillons de brume 
la voix de la cloche







dans 
La Préparation du roman
Roland Barthes 
évoque
avec 

un 
plaisir flagrant 
les gens qui papotent météo

selon Barthes
parler du  temps qu’il fait 
remplit trois fonctions du langage 

une fonction phatique 

parler pour ne rien dire
pour avoir 

un simple contact 
avec l’interlocuteur

une fonction affective 
car parler du temps qu’il fait est

une façon
de ne pas parler
ou de parler à couvert
de tout ce qui constitue 
la joie / le bonheur d’être ensemble



une fonction existentielle 

causer météo est 
un mode
du 

sentir-être du sujet 
la pure et mystérieuse sensation de
la vie d’être vivant
de vivre 

les variations du ciel 

sont

les variations d’exister

elles 
aiguisent 
la présence et le sens
de la subjectivité
































un souffle cosmique
une jouissance indicible
un bonheur infini

#

cette tension 
des oreilles dans le vent

ce fil 
à suivre du milieu
amène 

un souffle cosmique 
dans le moindre courant d’air



#

bruit de la pluie 
et 
brise fine

ce sont aussi 
des œuvres littéraires













j' aurai 
vécu dans le soleil 

j' ai connu 
dans ce monde 

un bonheur infini

certains soir
le bruit de la pluie me procurait 

une jouissance indicible 

car 

il 
était la chanson 
que faisait ma vie pour résonner 
dans les profondeurs du temps 
qui me donnait 
tout


































dans ses mains

une offrande
une privation
une perte


a giving
a taking
a falling away



vibration de cellules

sel d'amer 
et 
pur liquide

larmes brûlantes 
et 
urine






we are that which is that

water



ruissellement de sueur 


































des vents

s'interrogeant  nous dirons

vent du sud 

et 

vent du nord


où notre soleil est-il parti ?



branches

nues

tordues emmêlées 








chemins gris

assombris par les branches




canards bouffis

plumes flottantes


sur 

un ruisseau cobalt


*




je suis
répandu dans 
un cercle

je suis
os dans vêtements
d'oiseau

je suis
parfums de désir 
primitif

je suis 
l'immobilité de l'air

































La Nerthe 
anciennement 
nerte

la transcription 
en français du nom provençal 
nerto

qui désigne 
la Myrte
plante sauvage odorante






elle 
n'est guère présente 
dans les collines de Marseille
mais 

elle a laissé son nom 
à divers 
lieux



La Nerthe 
hameau de Marseille
dans le 16e arrondissement

Chaîne de la Nerthe
autre nom de la chaîne de l'Estaque
entre Marseille et Martigues

Gignac-la-Nerthe
commune située au nord 
de la chaîne de la Nerthe

Tunnel de la Nerthe
tunnel ferroviaire 
franchissant la chaîne de la Nerthe

Château la Nerthe 
domaine viticole de Châteauneuf-du-Pape


































sentons 

seulement l'accalmie

la houle

le changement du phosphore

la mort


stable

la lumière noire 

et

il n'y aura aucun bruit










avec

les ombres de la nuit bleue 

sur le sable



plus rapide

qu'un tigre sur sa proie

plus léger

que le vent des tempêtes


poussière

ou 

vapeur




le bédouin porte 

la nuit du 

désert


grand est son cœur

et 

jeune sa vie
































poème 
commençant 
par

LA

comme maintes occasions

je me suis 

remémoré 

j'ai cité  paraphrasé 
















je dédie ce poème

aux personnes que j'ai

de façon injustifiable oubliés

mais aussi 

à 




J. S. Bach

309

Notre Dieu immortel
telle la vie qui est notre Dieu



Dante

66

C'est
c'est l'amour
qui fait tourner le monde
et c'est à l'amour que je rêve



































poème écrit en 1926 
publié dans la revue Exil en 1928

le jeune 
poète de 22 ans se pose en 
continuateur 

d'Eliot
de Pound
de Cummings
de Moore

pas moins





il répond à The Waste Land
le parodiant parfois et reprenant le procédé de
dévoilement des références
d'Eliot

lecteur passionné de Joyce
mais aussi
de Lawrence
Woolf et tant d'autres

fort de sa culture poétique depuis
Chaucer et Villon 

déjà ses figures tutélaires sont présentes
Shakespeare et Spinoza 
et l'engagement politique s'annonce

fils d'immigrés Juifs Lituaniens
il est aussi passionné
de théâtre
il découvre 
Shakespeare en Yiddish, 
enfant

tout y est donc

une autobiographie déjà 


on dit 
les hommes obsédés 
par leur fin

les poètes
eux
ne cessent de commencer
d'écrire que tout n'est que commencement



par 
un simple article
tout va suivre
s'inventer...


Traduction de Philippe Blanchon
La Nerthe 2018
31 p.
8 €


*

Le poème 
commençant par " la "

de Louis Zukofsky par René Noël 

ici