lundi, février 18, 2019







as-tu

un
octant anglais ?

NON









sans octant anglais

tu ne peux prendre hauteur

ni
par derrière

ni
par devant



































100

Lucrèce
nomme les atomes
les semences des choses

c’est bien
pour annoncer qu’il y a
des régularités


101

on
constate entre les différents
sens

le
même principe
d’égalité








102

relire
de ce point de vue les pages
lumineuses







































Livre du montage, 
Précisions est écrit intégralement 
à partir de matériaux prélevés dans les notes 
en bas de page de très nombreux livres. 








Les sources et thèmes sont multiples, des personnages y insistent (Empédocle, Rachi, Lucrèce, Hopkins, Mallarmé, Warburg, Lacan…) Livre-labyrinthe, Précisions est une divagation faite de détails, tissée de bribes d’histoires, d’éclats de savoirs, de courts-circuits spéculatifs. On s’y confronte à de l’absence, de l’énigme et du nonsense. Mais de cette suite de notes disparates s’esquisse une pensée, à la fois impersonnelle et subjective. Précisions est ainsi le lieu d’une autobiographie en miettes, d’une langue en fragments, d’une pensée dispersée. 



635. Préciser.
636. Beaucoup, mais pas tout.
637. Idée que l’écrit revendique.
638. Formant le matériel moderne.
639. à défaut de créer.




NOUS

*



Précisions 
de Benoît Casas 
par Christophe Stolowicki

sitaudis






























et 

suppose que la peur

que provoque toute découverte du monde

soit si grande qu’elle rende l’écriture

presque impossible ?



chaque poème 

est 

un nouveau départ 

à partir d’

un lieu

à peine différent






Je ne donne pas le détail des citations





























TERRE

que dire de notre planète

qui ne soit connu

et qui

du fait de sa position circumsolaire

est la seule qui porte


une vie
organisée 
et douée d'intelligence

en attendant la relève

Vénusienne


































le sage et le monde


SPECTATOR NOUUS



une
relation
au monde
qui aurait quelque 
ressemblance avec celle
qui existait entre le sage antique
et le cosmos

une 
lettre
de Sénèque à Lucilius













pour ma part  
j'ai l'habitude de prendre beaucoup de temps 
à la contemplation de la 
sagesse

je 
la regarde avec la même stupéfaction avec 
laquelle à d'autres moments 
je regarde le monde  

ce 
monde 
qu'il m'arrive bien des fois de regarder 
comme si je le voyais pour 
la première 
fois

Tam quam spectator nouus





































Un 
Objectif 

condense 
deux textes programmatiques 
publiés en dix-neuf cent trente-et-un 
dans la revue 
Poetry. 











Sous le signe de Spinoza : Un objectif : (Optique) - La lentille qui ramène les rayons d'un objet à un foyer. Ce qui est visé. (Usage étendu à la poésie) - Désir de ce qui est objectivement parfait, inextricablement l'orientation des singularités historiques et contemporaines, Zukofsky ne sépare pas l'activité d'opticien du philosophe de sa pensée philosophique. Si pour Wittgenstein le monde est la totalité des faits, non des choses, pour Zukofsky il est l'ensemble des objets dont les figures conjuguent l'histoire future et passée créée par des hommes singuliers, cette singularité étant la condition de leurs actions communes. Un poème doit donc lire le plus objectivement possible la nature du poète qui l'écrit pour atteindre sa sincérité, son objectivité manifeste aux yeux et à l'esprit de n'importe lequel de ses lecteurs.




Les mots, lettres combinées, sont des symboles absolus, leurs liens nouveaux n'étant possibles que si le poète sait et sent qu'ils sont signes et objets toujours indéfectiblement, selon leurs modalités propres et en dehors du fait même que le poète soit sur le point d'écrire un poème, le commence ou l'ait terminé. Le langage n'est pas tant sacré que matière explorée au-delà de ses apparences, le monde restitué aux mains des hommes et rendu à l'énergie des changements niés par nombre de pratiques traditionnelles ne doit pas oublier le présent. Zukofsky élimine ici volontairement tous les exemples de poèmes objectifs, atteint dans A les critères de l'objectivité qu'il vise et a lui-même définis, ces collages, ellipses, bifurcations où l'histoire des hommes ayant vécu parfois des siècles avant lui, les événements de sa vie quotidienne, sont liés aux sensations passées, pressenties et surmontent leurs effacements partiels, leurs pertes.



Le texte a en vue William Carlos Williams, Marianne Moore, Charles Reznikoff..., prolonge les gestes novateurs de ceux-ci, précise et rectifie l'imagisme d'Ezra Pound, s'avère pertinent puisqu'il permet les expressions de projets poétiques divers et solidaires entre eux. Il s'agit de libérer les lettres et les mots des privatisations dont ils sont l'objet depuis toujours. Le but des idéologies étant de s'approprier les réalités naturelles - et pourquoi ne pas privatiser la station debout ou la conservation du feu ? ce qui ne serait pas plus absurde que d'accaparer les créations des langages et langues de toutes sortes - le langage relevant, aux yeux des dominations de toutes époques, d'un réel confidentiel extra-humain que seule une élite peut manier. Délivrer le langage de ces usages élitistes, aux yeux de Zukofsky, ne consiste pas à nier que nous ignorons l'histoire anatomique et mentale de cette capacité des hommes à créer des langages et des langues, son texte n'a pour autre but que d'affirmer que tout homme à la naissance possède ce pouvoir de questionner et de créer à partir de ces dons de parole, de mémoire, d'analogies, de perceptions et de sensations intérieures et extérieures.



Le second texte* écrit pour son fils pour son troisième anniversaire se tient aux lisières des paradoxes, la poésie cercle et brisée d'ellipse, forme et contenu, collages selon les énergies de la nature antagonistes. L'éternité par les astres et le désir jumeau de franchir le cours des jours, des levers et couchers du soleil cycliques, réguliers, deviennent l'objet même de l'objectivisme. La poésie aux yeux de Zukofsky n'est ni une affaire d'aficionados inconditionnels payant leur écot à une corporation, à un toit invisible, inaccessible et d'autant plus menaçant, ni une catapulte ordinaire projetant les poètes dans la célébrité ainsi que le chef d'orchestre joué par Victor Sjöstrom de vers la joie, d'Ingmar Bergman, dit en substance les yeux dans les yeux à son ami violoniste en le prenant par le veston alors qu'il lui propose de remplacer son soliste au pied levé, peut-être... mais tu n'as pas compris ce que tu dois à la musique et que ce n'est pas la musique qui est à ton service, pas plus une réalité irrationnelle qu'un simple instrument technique ainsi que le poète l'écrit à son fils devenu par la suite lui-même violoniste.



Il suffit d'avoir la présence d'esprit que tout homme peut trouver en lui à tout moment de sa vie. Faire venir en chair et en os les poètes du passé et leur faire lire leur propre poésie sur l'agora, en prise avec le monde d'aujourd'hui. Yuan Chen, Walt Whitman, Rainer Maria Rilke... sont, seraient probablement les premiers à critiquer leurs propres écrits et à admirer les créateurs qui à première vue bifurquent et tranchent avec leurs visions du monde, mais chez lesquels ils reconnaîtraient au premier coup d'œil des créateurs fidèles à leurs propres désirs. Sans doute alors inviteraient-ils les poètes d'aujourd'hui dans leur propre époque, cette conversation pratique, concrète, déboucherait alors sur une forme la plus juste possible. Zukofsky suscite ainsi les voies de passage entre générations, un orphisme actuel que le préfacier précise en décrivant l'intervalle, les correspondances entre notre époque et celle où Zukofsky écrit ces textes. L'objectif incarne le concret, perchiste qui passe au-dessus de l'idéal : air qui dégèle celui-ci et l'intègre sans altérer son souffle à un devenir radical qui diverge de la prose et évalue la proportion de musique faite de notes qui possède les qualiés de la poésie.



Le troisième texte creuse la difficulté de définir la poésie. Faite de mots, de syllabes, de lettres dont les mouvements ont des hauteurs et des rythmes singuliers, les fréquences des vers, à l'image des ondes corpusculaires, la poésie a des airs de famille avec la musique mais aussi avec les autres arts qui s'influencent et se modifient constamment. Les condensations de ces matières par où se reconnaît l'art singulier de chaque poète, en quoi il devient alors compréhensible par tous les hommes, activent une énergie intense qui excède les sciences, l'histoire, la philosophie, sans jamais les supplanter ni relever du surnaturel. Mots, lettres, Image, Son, le Jeu des concepts, Zukofsky stabilise les hétérogénités des matières concrètes, sa vision libère les séparations des fragments dispersés dans l'espace-temps sans arrêter leurs mouvements.









Héros-Limite



































images-mémoire

un
poème

engendre des séquences explosives

multiples

variables

il 
ne restitue pas le sens
d'

un 
événement 
précis

mais

un
chemin
dans les régions 
sans lumière du passé


































une souris

une pantoufle  rouge

une étoile

un géranium

la langue 
d'
un chat

la pensée  la pensée

une 
feuille
un caillou











un vieillard  droit sorti
d'

une
histoire
de Pouchkine


une
vieille 
bouteille pulvérisée 

une
exigence

une
outrance

































il faut dit-on être clair


oh clair !  clair ?

quoi de plus clair entre autre  que

rien n'est moins clair

entre 

un 
homme 
et son écriture
















que de savoir qui est l'homme

et

ce qu'est l'écriture

et

lequel des deux a le plus

de valeur


*


elle
me conseille de recopier
sur

une
tablette


des extraits des textes lus

de les classer

et de bien les  digérer 

afin de les faire passer

dans mon intelligence

non dans ma mémoire



































une distribution


Bruno Ganz 
Damiel

Solveig Dommartin
Marion

Otto Sander
Cassiel

Curt Bois
Homer le vieux poète

Didier Flamand
l'ange de la bibliothèque

Peter Falk
lui-même










Nick Cave
lui-même

Hans-Martin Stier
le mourant

Laurent Petitgand
le chef d'orchestre

Chick Ortega
le batteur

Elmar Wilms
un homme triste

Sigurd Rachman
le suicidé

Beatrice Manowski 
la jeune prostituée

Lajos Kovacs
l'entraîneur de Marion

Bruno Rosaz
un clown





































Bruno Ganz





il
ne voit le monde qu'en noir et
blanc











ne peut
qu’assister aux événements
sans

rien sentir goûter
toucher



il
a vu le début de la
lumière

des
rivières
des animaux

quand
le premier homme est
apparu

il
a découvert avec lui
le rire

la
parole
la guerre



Damiel
qui a toujours 
ressenti le désir 
de porter à son tour 
la condition humaine
est si touché par Marion  
la trapéziste  si séduit par son âme 
et sa grâce qu’il décide finalement de 
devenir humain et par conséquent mortel

































de nouveau

encore 

une fois




elle 
allait de nouveau
tenter 

une 
expérience   qui  plus 
d'

une fois 
déjà lui avait réussi


*







qui vient d'apparaître

qui est né

apparu depuis 

peu



herbe
végétation nouvelle

feuilles
nouvelles bourgeons
nouveaux



d'
un coup 
de bec

ils 
aveuglent les bourgeons et coupent toutes 
les pousses nouvelles 




il faisait chaud 

une odeur 
de fleurs nouvelles

odeur 
timide encore intermittente
légère

passait dans l'air
où 

passaient
aussi parfois des frissons 
froids...




de la première récolte

de l'année

carottes  pommes de terre

nouvelles

petits pois nouveaux à la

française




quelque chose de rare

d'inattendu
































Prononc. et Orth.: [nuvo], [-εl]. [-o] devant consonne: un nouveau manteau; [-εl] devant voyelle ou h muet: un nouvel enfant, un nouvel habit. V. beau/bel, fou/fol, mou/mol. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. Qui est de création ou d'apparition récente 1. début xiies. «jeune (d'un être vivant)» (Psautier d'Oxford, 68, 36 ds T.-L.: vedel novel); 2. ca 1130 «neuf» (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 50: targe novele); 3. 1130-40 «frais (d'une chose)» (WaceConception Notre-Dame, éd. W. R. Ashford, 1277-78: Mana resemblot de blanchor Novele neif e blanche flor); 4. ca 1165 «qui a acquis un titre ou des fonctions qu'il n'avait pas encore» (Benoît de Ste-MaureTroie, 30273 ds T.-L.); 5. fin xiies. «inexpérimenté» (Brut de Munich, 2725, ibid.). B. Qui succède à une personne ou à une chose de même espèce 1. ca 1150 «récent» (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 14: Ce fu en mai, el novel tens d'esté); cf. début xiies. a. fr.-prov., p. oppos. à vieux, ancien (Albéric de PisançonAlexandre, 11, in Elliott Monographs, 38, p.38: Del temps novel ne del antic Nuls hom vidist un rey tan ric); 2. 1119 «qui remplace une chose de même espèce arrivée à son terme» nuvele lune (Philippe de ThaonComput, 2492 ds T.-L.); 3. ca 1165 «qui vient après une personne ou une chose de même espèce» (Benoît de Ste-MaureTroie, éd. L. Constans, 23942: seignor novel); spéc. 1679 «qui présente les mêmes caractéristiques qu'un personnage célèbre, réel ou imaginaire» (La FontaineFables, X, 14, 15, éd. H. Régnier, t.3, p.82: nouveau Jupiter);. II. Loc. adv. 1. de nouveau a) 1121-34 de nuvel «récemment» (Philippe de ThaonBestiaire, 1072 ds T.-L.); b) ca 1160 de novel «une fois de plus» (Eneas, 3266, ibid.); 2. à nouveau a)1835 banque «sur un nouveau compte» (Ac.); b) 1864 «une nouvelle fois» (RenouvierEssais crit. gén., introd., p.LXVI). III. Subst. A. En parlant d'une chose 1. 1198 «terre nouvellement défrichée» (Rubrique d'une charte de 1198, Cart. du Paraclet, fo243 ro, Arch. Aube ds Gdf.); 2. ca 1658 «ce qui est neuf, inédit» (La FontaineClymène ds OEuvres, éd. H. Régnier, t.7, p.149: Il me faut du nouveau, n'en fût-il point au monde). B. 1832 en parlant d'une personne, désigne celui qui arrive dans une collectivité déjà constituée (BalzacL. Lambert, p.37). Du lat. novellus «nouveau, jeune, récent», dér. dimin. de novus (cf. neuf2).























une
distance  au présent

de l'autre côté
d'

un
mur

un
silence intérieur



une
forme  est

un
échafaudage
de nombres










un
avant  
séparé de moi
par

une
distance excessive
lourde
énorme

une
irréalité
presque absolue


elle
était là
toujours là
antérieure à tout
ce que disaient les mots
comptaient les
nombres
































les temps modernes apparaîtraient alors avant tout comme la dissolution éclatante  avec un formidable rayonnement d'énergie  de la longue époque précédente  et du troisième âge de notre ère de civilisation on pourrait à peine dire qu'il a commencé  mais plutôt que nous assistons aux prodromes  aux lointaines préparations qui l'annoncent



ce qui annonce 

un 
événement

les prodromes 
d'

une 
guerre












symptôme avant-coureur 
d'

une 
maladie







présage
signe
annonce
avant-coureur
prélude
symptôme
signal
préliminaire
préface
précurseur
préambule
prologue
messager
message
introduction
syndrome 









les accumulations de masse 

de référence

la témérité à parler  à écrire

les phrases prédicatives semblables

au réalisme naïf

la notion fondamentale

dialectique de la substance

le pressentiment de mon indiscipline