mercredi, novembre 21, 2018








sentimental-obsessions

Isamu Noguchi / Composición

1947 
































Salle des machines 

remet 
en perspective l’ensemble 
du parcours 
de 

Jean-Michel Espitallier




Le livre s’ouvre sur son premier recueil, épuisé de longue date, Ponts de frappe, augmenté ici de plusieurs inédits, et se poursuit avec deux opuscules ultérieurs : une tragi-comédie sanglante, Fantaisie bouchère et un pamphlet acerbe, rédigé lors de la seconde guerre du Golfe, En guerre. 

S’y ajoute une suite inédite, composée ces dernières années en vue d’un second Théorème d’Espitallier, finalement laissé en suspens. 

Voici donc 
nous précise l’auteur 

un 
livre 
constitué de pièces détachées, 
exilées de différentes 
époques

Il doit être lu non comme un recueil un peu contraint de textes parfois conflictuels, mais plutôt comme un livre neuf, constitué d’un seul et même mouvement d’écriture, succession d’épisodes d’une même aventure, d’une même métamorphose, qui, accessoirement, pourra donner des débuts de réponses à l’inusable question placée en préambule : 

écrire, pourquoi ? 



je ne suis pas
celui dont j'ai l'air
je n'ai pas l'air de qui je suis

je ne suis pas
celui dont je n'ai pas l'air
je suis celui
qui n'est pas celui qui en a l'air
































Shōji Ueda 






































Katinka Bock 

Couler un tas de pierre

2007













8mm transféré sur dvd
vidéo de 2’43, noir et blanc, muet.

Courtesy de l’artiste 
et de la Galerie Jocelyn Wolff, Paris







Le film Couler un tas de pierre a été réalisé lors d’une résidence de Katinka Bock au centre d’art La Synagogue de Delme (Lorraine) en 2007. 

Il documente en super 8 une action non spectaculaire qui apparaît comme une sculpture dans un espace ouvert par une disparition, celui du naufrage lent d’une barque remplie de pierres au milieu d’une rivière. 

Katinka Bock met en scène la rencontre de la résistance du poids et de la densité : l’effet produit est étrange et paradoxal car les pierres flottent, niant momentanément le principe de pesanteur. 

À travers des plans fixes, l’artiste propose une confrontation esthétique du fluide et du minéral, un mélange de l’onde et de la forme.


































les horizons imprécis 

que les romantiques aimeront pour leur
imprécision 
même 

Imprécision 
d'

un 
souvenir







Comment comprendrait-elle  ... l'errante 

imprécision du 

désir ? 


lacune ou manque de clarté 




imprécision
nom féminin


caractère de ce qui manque de précision 
manque de netteté
d'exactitude

l'imprécision 
d'

une forme
d'
u
mot

l'imprécision 
d'
un tir.




donnée, 
information imprécise 

inexactitude

caractère de ce qui est 
vague

difficile à identifier.

dans le domaine de la perception visuelle


manque de netteté 
dans la forme ou les contours



la poésie peut-être 

une
imprécision




photographie Daniel Feistenauer



































un
souvenir fêlé











un
terminus

un
pilier
au pied frangé d'algues


maintenant tout se passe en douceur

sous verre

les contours et les contrastes de couleurs

sont plus nets

mais

il n' y a pas de son


un
vers de variation
sur

un
chant de Noël 
dit

je vois tout cela écrit sous mes yeux

c'est en poésie

la seule façon possible de le voir

le lire est la seule façon 

de le voir

avec 

la même imprécision

































et

par fragments

et 
reliés par des silences

et
le sol

et
le partage

et
ce qui luit

il éclate











et
livre son ciel

et
celui qui rayonne

et
tombe

et
tombe
l'avalanche elle tombe encore aujourd'hui


et
une anomalie
introduite dans chaque élément

et
jouer
avec ses cheveux

et
du coup l'espace
dans une anse obscure

et
exposée

et
lisse toujours





et

se tenant au fil

la certitude nous a été donnée

mais

sans chaleur ni lumière































sourire / souffrance / odeur / voix / mère

un
sourire
indulgent retroussait sa lèvre

une
souffrance
qui n'était pas encore
de la tendresse agitait son cœur

une
odeur
de cire et de bois de rose
fleurait faiblement des cendres mouillées

une voix
bien nourrie saluait
comme

une
mère grande et douce







une masse un vert un bol


le rond 

de 
la baie 

de 
l'horizon

encerclait



une masse liquide
d'

un
vert terne

un bol 
de porcelaine blanche









en rupture avec quoi que ce soit

qui s'annonce comme philosophie

du courage d'écrire

et du sentiment

tu dressais tes ardus labyrinthes

infinitésimaux 

et infinis

admirablement mesquins

plus populeux que l'histoire


j'abrège tout cela













































les herbes et les pierres 

chaque jour 

sur le sentier des heures 

constant le jour à venir 





chaque jour 
noyer 

de sa lumière 
le monde 


tranquille le jour 
comme 

un 
lierre dans 
un 
frêne

comme 

une 
brise 
au bras de l’été



le jour s’en va comme 

un
ruisseau 

mais 

les roches le frangent d’écume

*

Il faut mener 

une 
guerre 
politique contre le clonage 

mais 

il faut aussi remarquer 
qu'il y a toujours 
eu 

une 
articulation 
entre le machinique et le vivant

C'est 

une 
caricature 
d'opposer brutalement 
le déterminisme scientiste et la liberté 
humaine 


il y a 
toujours eu 
des phénomènes de reproduction
y compris en littérature 

plagiat

si 
l'on prend en compte la possibilité 
d'

une 
mécanisation extrême 

il ne faut pas oublier ses limites 

le jeu 

et aussi l'affect
qui reste par définition 

un 
incalculable


il y a jeu 

il y a 

possibilité 
d'imagination libre

sans 
totalisation

l'interprétation peut être active








un lierre
un frêne une brise un ruisseau

mais

une guerre
une articulation une caricature

une mécanisation

un incalculable