vendredi, mai 11, 2018



poésie sonore

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monografia

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cahiers de poésie

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constellations

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poésie spatiale

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168 192



poème

94 96 176

connaissez- vous la poésie ?

76 104 112 122 160




points lignes soleil

extraits d'une table


































une partition

un conditionnel 

une démarche

un trièdre 

En géométrie dans l'espace  un trièdre est la donnée de trois plans deux à deux sécants selon trois droites ou axes lesquelles sont orientées et en général ordonnées. ... Trois plans qui passent en un même point divisent l'espace en huit angles trièdres deux à deux opposés par le sommet


une interrogation

dans les signes   dans l'indécis 

dans l'ignorance


































V a g i l i t y

Vagility est un mot anglais 


qui définit l’habileté d’un organisme 
à se déplacer librement 
et migrer

Il vient du latin vagare

preuve en est 
que même les mots se déplacent
outrepassant les frontières des vocabulaires
















Osip Mandelstam 

dans son voyage en Arménie (1930) admire 
le paysage et aussi l’alphabet 
de ce peuple.

Comme elle m’est chère ta langue de présages sombres

les jeunes tombes

où les lettres sont des tenailles de forgerons

et chaque mot est une poignée 

Ce sont aussi cela les mots, 
des ustensiles pour ouvrir les portes. 

En lisant Mandelstam 
j’entre dans une autre pièce, 
je sors donc des miennes.

Ses mots me portent au dehors, 
ajoutent des pas
à ma liberté.

Je comprends la crainte 
des puissants de ne pas contrôler 
cette liberté.

Je comprends leur urgence 
de domination sur le vocabulaire. 

Imposer une définition, 
enfermer la réalité dans une case et ainsi exclure qui n’y consent.

Immigration clandestine : le plus antique remède de l’humanité pour se soustraire à des conditions invivables, se réduit dans le vocabulaire d’aujourd’hui à une violation de domicile. Les myriades qui se déplacent sont réduites à un cas juridique.

Terres et mers 
sont des pistes de voyage 
et les montagnes sont un éventail de cols.

Comme la forme des lettres arméniennes, les frontières sont des poignées, elles délimitent les compétences entre les états, mais elles n’ont pas de serrure. On ne peut verrouiller la mer, on ne peut mettre des murs sur les monts.

Qui accompagne 
et porte secours aux voyageurs
seconde la nature et l’espèce humaine.

Ci dessous les lignes d’accompagnement à un appel pour la liberté de trois personnes emprisonnées pour avoir aidé à l’immigration illégale.

Nous sommes des gens de montagne, nous accompagnons depuis des siècles qui doit traverser la frontière pour se mettre à l'abri. Les montagnes nous aident avec leurs innombrables sentiers.

Nous continuerons à le faire
et nous revendiquons notre aide comme légitime.

Nous déclarons illégitime la loi qui nous incrimine, 
parce que contraire à la fraternité.

En mer comme sur terre : 
qui a besoin d’aide, de nous l’obtiendra.

Nous déclarons 
notre pleine solidarité à nos trois 
emprisonnés.

Il n’existe pas de clandestin. 
Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage.

Erri de Luca, le 1er mai 2018




Appel pour la libération des 3 de Briançon

Ce 21 avril les militants d’un groupuscule néo-fasciste et suprémaciste, ont mis en scène une opération de "blocage des frontières" entre la France et l'Italie largement médiatisée.

Le lendemain, un groupe d'habitants des vallées frontalières, engagés dans la solidarité concrète avec les migrants transitant dans cette région, traversent symboliquement la frontière sans aucun problème de Clavière jusqu'à Briançon, où la gendarmerie française effectue 6 interpellations complètement arbitraires.

L'accusation du procureur est aussi simple que brutale dans sa clarté : aide à l'immigration illégale avec  l'aggravante (la circonstance aggravante) d'avoir commis les faits de manière collective ("en bande organisée"). Pour 3 des personnes, la garde-à-vue se transforme en prison préventive jusqu'au début du procès qui aura lieu le 31 mai à Gap. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison et 750 000 € d’amende.

Nous sommes et nous nous sentons tous des montagnards, nous accompagnons depuis des siècles ceux qui doivent traverser la frontière pour se mettre à l'abri. Les montagnes et leurs innombrables sentiers nous aident.

Nous continuerons à le faire. Nous revendiquons notre aide comme légitime. Nous déclarons illégitime la loi qui nous incrimine, parce que contraire à la fraternité. En mer comme sur terre: nous déclarons que nous continuerons à secourir ceux qui ont besoin de nos sentiers.

Personne n'est clandestin. 

Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage.

Erri de Luca, le 2 mai 2018

Pour signer cet appel : firmaperitre@gmail.com






























.






Dévoré par des ennemis 

je ne peux ni dormir  ni respirer

Palpitations  faiblesse 

l'excès de petites causes secrètes

a amené le dénouement

11 mai mort d'Henri-Frédéric Amiel

*




La postérité vint à Amiel grâce à son monumental journal intime de 17 000 pages (16 847 exactement), qu’il tint de 1839 à 1881. C’est après sa mort qu’on le découvrit. Les courts extraits qui furent publiés dès 1882 (cinq cents pages seulement furent retenues), en deux volumes, grâce aux soins de l'amie du diariste, Fanny Mercier, et du critique Edmond Schérer, provoquèrent une grande sensation à cause de la clarté de la pensée de l'auteur, de la sincérité de son introspection, de l'exactitude des détails, de sa vision découragée de l'existence et de sa tendance à la critique de soi. Ils influencèrent les écrivains de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle non seulement en Suisse, mais aussi ailleurs en Europe (par exemple Léon Tolstoï).

L'intégralité du Journal d'Amiel a été publié en douze volumes aux éditions L'Âge d'Homme sous la direction de Bernard Gagnebin.

On y trouve notamment cette phrase devenue célèbre : 

Chaque paysage est un état d'âme 

(en allemand « jedes Landschaftsbild ist ein Seelenzustand »).


Depuis 1996, l'artiste français Gérard Collin-Thiébaut recopie le Journal intime d'Amiel. Il en est à son 69e cahier (20 février 1858). Un de ces cahiers est présenté en permanence dans « L'Atelier d'Aujourd'hui » de Gérard Collin-Thiébaut, au musée d'art moderne et contemporain de Genève