Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
vendredi, mai 11, 2018
poésie sonore
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monografia
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cahiers de poésie
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constellations
72
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poésie spatiale
10 30 32 40 46 48 50 52 54 58 66 70
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poème
94 96 176
connaissez- vous la poésie ?
76 104 112 122 160
points lignes soleil
extraits d'une table
une partition
un conditionnel
une démarche
un trièdre
En géométrie dans l'espace un trièdre est la donnée de trois plans deux à deux sécants selon trois droites ou axes lesquelles sont orientées et en général ordonnées. ... Trois plans qui passent en un même point divisent l'espace en huit angles trièdres deux à deux opposés par le sommet
une interrogation
dans les signes dans l'indécis
dans l'ignorance
Vagility est un mot anglais
qui définit l’habileté d’un organisme
à se déplacer librement
et migrer
Il vient du latin vagare
preuve en est
que même les mots se déplacent
outrepassant les frontières des vocabulaires
Osip Mandelstam
dans son voyage en Arménie (1930) admire
le paysage et aussi l’alphabet
de ce peuple.
Comme elle m’est chère ta langue de présages sombres
les jeunes tombes
où les lettres sont des tenailles de forgerons
et chaque mot est une poignée
Ce sont aussi cela les mots,
des ustensiles pour ouvrir les portes.
En lisant Mandelstam
j’entre dans une autre pièce,
je sors donc des miennes.
Ses mots me portent au dehors,
ajoutent des pas
à ma liberté.
Je comprends la crainte
des puissants de ne pas contrôler
cette liberté.
Je comprends leur urgence
de domination sur le vocabulaire.
Imposer une définition,
enfermer la réalité dans une case et ainsi exclure qui n’y consent.
Immigration clandestine : le plus antique remède de l’humanité pour se soustraire à des conditions invivables, se réduit dans le vocabulaire d’aujourd’hui à une violation de domicile. Les myriades qui se déplacent sont réduites à un cas juridique.
Terres et mers
sont des pistes de voyage
et les montagnes sont un éventail de cols.
Comme la forme des lettres arméniennes, les frontières sont des poignées, elles délimitent les compétences entre les états, mais elles n’ont pas de serrure. On ne peut verrouiller la mer, on ne peut mettre des murs sur les monts.
Qui accompagne
et porte secours aux voyageurs
seconde la nature et l’espèce humaine.
Ci dessous les lignes d’accompagnement à un appel pour la liberté de trois personnes emprisonnées pour avoir aidé à l’immigration illégale.
Nous sommes des gens de montagne, nous accompagnons depuis des siècles qui doit traverser la frontière pour se mettre à l'abri. Les montagnes nous aident avec leurs innombrables sentiers.
Nous continuerons à le faire
et nous revendiquons notre aide comme légitime.
Nous déclarons illégitime la loi qui nous incrimine,
parce que contraire à la fraternité.
En mer comme sur terre :
qui a besoin d’aide, de nous l’obtiendra.
Nous déclarons
notre pleine solidarité à nos trois
emprisonnés.
Il n’existe pas de clandestin.
Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage.
Erri de Luca, le 1er mai 2018
Appel pour la libération des 3 de Briançon
Ce 21 avril les militants d’un groupuscule néo-fasciste et suprémaciste, ont mis en scène une opération de "blocage des frontières" entre la France et l'Italie largement médiatisée.
Le lendemain, un groupe d'habitants des vallées frontalières, engagés dans la solidarité concrète avec les migrants transitant dans cette région, traversent symboliquement la frontière sans aucun problème de Clavière jusqu'à Briançon, où la gendarmerie française effectue 6 interpellations complètement arbitraires.
L'accusation du procureur est aussi simple que brutale dans sa clarté : aide à l'immigration illégale avec l'aggravante (la circonstance aggravante) d'avoir commis les faits de manière collective ("en bande organisée"). Pour 3 des personnes, la garde-à-vue se transforme en prison préventive jusqu'au début du procès qui aura lieu le 31 mai à Gap. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison et 750 000 € d’amende.
Nous sommes et nous nous sentons tous des montagnards, nous accompagnons depuis des siècles ceux qui doivent traverser la frontière pour se mettre à l'abri. Les montagnes et leurs innombrables sentiers nous aident.
Nous continuerons à le faire. Nous revendiquons notre aide comme légitime. Nous déclarons illégitime la loi qui nous incrimine, parce que contraire à la fraternité. En mer comme sur terre: nous déclarons que nous continuerons à secourir ceux qui ont besoin de nos sentiers.
Personne n'est clandestin.
Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage.
Erri de Luca, le 2 mai 2018
Pour signer cet appel : firmaperitre@gmail.com
.
Dévoré par des ennemis
je ne peux ni dormir ni respirer
Palpitations faiblesse
l'excès de petites causes secrètes
a amené le dénouement
11 mai mort d'Henri-Frédéric Amiel
*
La postérité vint à Amiel grâce à son monumental journal intime de 17 000 pages (16 847 exactement), qu’il tint de 1839 à 1881. C’est après sa mort qu’on le découvrit. Les courts extraits qui furent publiés dès 1882 (cinq cents pages seulement furent retenues), en deux volumes, grâce aux soins de l'amie du diariste, Fanny Mercier, et du critique Edmond Schérer, provoquèrent une grande sensation à cause de la clarté de la pensée de l'auteur, de la sincérité de son introspection, de l'exactitude des détails, de sa vision découragée de l'existence et de sa tendance à la critique de soi. Ils influencèrent les écrivains de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle non seulement en Suisse, mais aussi ailleurs en Europe (par exemple Léon Tolstoï).
L'intégralité du Journal d'Amiel a été publié en douze volumes aux éditions L'Âge d'Homme sous la direction de Bernard Gagnebin.
On y trouve notamment cette phrase devenue célèbre :
Chaque paysage est un état d'âme
(en allemand « jedes Landschaftsbild ist ein Seelenzustand »).
Depuis 1996, l'artiste français Gérard Collin-Thiébaut recopie le Journal intime d'Amiel. Il en est à son 69e cahier (20 février 1858). Un de ces cahiers est présenté en permanence dans « L'Atelier d'Aujourd'hui » de Gérard Collin-Thiébaut, au musée d'art moderne et contemporain de Genève