lundi, mai 07, 2018



180

Qu'est-ce qui
te dérange ?

Qu'est-ce qui arrache la fermeté
de ton cœur ?

Qu'est-ce qui cherche en tâtonnant la poignée
de ta porte ?

Qu'est-ce qui t'appelle depuis la rue et pourtant
n'entre pas par la porte ouverte ?
















autres questions

Fuyez-vous la pensée de votre mort
quand elle surgit ?

Que pourriez-vous 
en faire d'autre ?



181

Nous
échangeâmes  des nouvelles
récentes

Nous
nous regardâmes dans les
yeux




































L'apparent éclipse le réel

est une destruction accélérée

un rébus optique

prodige savamment articulé

une évasion qui indique un retour

7 mai naissance de Jurgis Baltrusaitis

*





Baltrušaitis est un des historiens de l'art les plus marquants du xxe siècle, capable d'enquêtes poussées et d'observations très pointues : il redécouvre, par exemple, le crâne qui se trouve en anamorphose, un procédé à la mode sous les Tudors, dans le tableau Les Ambassadeurs par Holbein. Il démontrera aussi que de nombreux motifs du Moyen Âge sont des emprunts directs d'étoffes venues de Chine, établissant des ponts inattendus entre des civilisations qui vivaient dans une ignorance mutuelle l'une de l'autre.


J'ai une seule méthode de travail : 

aller à la source

chercher les vrais textes 

au-delà des articles de synthèse 

[...]

C'est en allant à la source 

qu'on arrive à une vision exacte des choses









































Sei Shônagon 

énumère ce qu'elle

considère comme des sujets poétiques

Cette liste a des allures 

de poèmes


La capitale. La puéraire. La bardane d'eau.

















Le poulain. La grêle.

Le bambou nain. La violette à feuilles rondes.

Le lycopode. L'avoine d'eau. La sarcelle.

Le canard mandarin. 

Les massettes poussées ça et là en automne.

Le gazon. La liane verte. Le poirier.

Le jujubier. 

La fleur qu'on appelle 

visage du matin




Il y a dans la composition de listes une sorte

d'arbitraire magique

comme si le sens devait surgir de la seule

association






































Parce que la lecture 

est peut-être 

avant tout 

une 

conversation







tout lecteur éprouve le besoin de "répondre" aux textes qui l'interpellent et confèrent à sa propre vie un surcroît d'existence.

Ayant décidé de relire, une année durant, ses livres de prédilection tels qu'ils lui semblaient susceptibles de refléter le chaos contemporain ou d'enrichir et d'éclairer son rapport personnel au monde, Alberto Manguel offre ici, entre carnet intime et recueil de citations, ce journal dont l'érudition à la fois sensible et subversive rend compte à merveille de l'infini du "dialogue" entre toute oeuvre  et son lecteur

*










Le lecteur contredit la méthode de l'écrivain  

quelle que puisse être celle-ci


Lecteur  je suis négligemment  une intrigue

combiné avec soin

en me laissant distraire par des détails

et des pensées fortuites


par ailleurs

je lirai  une oeuvre fragmentaire

Valéry par exemple ou Pio Baroja

comme si je reliais des points  en quête

d'un ordre


Dans les deux cas   je cherche néanmoins

ou j'imagine

un lien entre le début et la fin

comme si toute lecture était  par sa nature même

circulaire


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