mercredi, janvier 17, 2018







Masao 

Yamamoto

















































There is inside 

it

something 

sun



Cole 

Swensen



*





















Je marche habituellement 

seul


Je marche vers mon 

écriture



*




Il n'y avait pas de texte

Les poèmes 

réels

n'exigent pas 

vraiment

de mots







































Les sens éclaircissent la raison

par des apparences

vraies












Les phénomènes de l'âme pacifient

les sens

leur font des impressions que je ne

garantis pas fâcheuses



Ils ne mentent pas


Ils ne se trompent pas

à l'envi



La poésie doit être faite 

par tous




































on fait corps avec le 

cœur








l'onde est porteuse

juste à l'angle du temps






une seule goutte de feu 
suffit


ébloui  
obstinément


infiniment 

proche











































Photography by klaus lenzen



































Il y avait des exceptions 

parmi les SS […]


Un jour il y a eu un autre homme 

en poste.







Beaucoup de ceux qui travaillaient avaient peur des SS,

un nouveau pouvait être pire ;

et quand ils ont vu celui-là, un officier supérieur qui plus est,

ils se sont sentis pour le moins mal à l’aise […]


Les Juifs l’ont vu à l’arrivée des convois –

marchant partout et comme pris de honte.


Parfois il leur disait un mot gentil.


Mais il n’est resté qu’un mois ;

un soir, il est venu dans leur baraquement et leur a dit :


Je ne savais pas où on m’envoyait.


Je ne savais rien de tout ça,

et quand j’ai compris, j’ai tout de suite demandé un transfert.


Maintenant je vous quitte. 



Qu’un homme reste homme, et pitoyable, au milieu de l’enfer, même si ce n’est que dans son for intérieur, et que de cette épreuve il demande quitus, cela reste tout de même, semble-t-il, normal – mais la fin laisse stupéfait :

… Il a serré la main de quelques Juifs,

et leur a souhaité de survivre. 

À cet homme capable de cette toute petite chose : une poignée de main, mais d’un bord à l’autre du gouffre, on voudrait à lui aussi serrer la main, si on pouvait, et le serrer dans ses bras par-delà le fleuve qui sépare les vivants et les morts.



Charles Reznikoff

Holocauste. 

Trad. de l’anglais  États-Unis

par André Markowicz. 

Éditions Unes

118 p. 

20 €














Charles Reznikoff






































Énonce inaugural :

il faut que quelque chose arrive.













Cet impératif, méthode de rupture :

avoir l'audace de prendre des décisions

de pensée.

17 janvier

Naissance d'Alain Badiou



*







Alain Badiou 

La poésie tout entière m’habite 

Entretien réalisé par Nicolas Dutent
jeudi 23 novembre 2017 pour l'Humanité

Extraits




Le sens, dans un poème, est souvent ouvert, peu fixe et parfois fuyant. Cette mobilité du sens, ce retrait de la pure rationalité… est-ce la difficulté majeure à surmonter lorsqu’on cherche quelque chose comme la « pensée » du poème ?

Alain Badiou 
Je ne le pense pas. 

Nous savons depuis longtemps, instruits notamment par les mathématiques, que la pensée n’est nullement réductible au sens. 

Ce n’est que la philosophie herméneutique, souvent tournée du reste dans la direction religieuse, qui pose que le déchiffrage du sens est le but de la pensée. 

La norme de la pensée est le vrai, et il est indubitable que le vrai peut s’exposer aussi comme non-sens. 

C’est même ce qu’il fait le plus souvent : 
un trou dans le sens, et tout spécialement dans le bon sens.



Vous étudiez un lien qui vous paraît essentiel entre poésie et communisme tout en en rappelant qu’au siècle dernier « de très grands poètes, dans presque toutes les langues de la terre, ont été des communistes ». Qu’y a-t-il de fondamentalement communiste dans l’activité poétique ? Quelles preuves du communisme par le poème sont les plus évidentes pour vous ?


Alain Badiou De même que la langue maternelle est destinée à tous ceux qui sont dans le « site » de cette langue, de même la poésie, qui n’est jamais que la découverte stupéfiante de ce dont une langue maternelle est capable, s’adresse immédiatement à tous. 

Comment la poésie pourrait-elle admettre que son public est une simple cohorte de gens « avertis » ? Empiriquement, cela peut arriver. 

Aujourd’hui, par exemple, la poésie s’adresse souvent à un public restreint et instruit. 

Mais ce n’est pas, si j’ose dire, la faute de la poésie. 

Elle continue à s’éprouver, à se créer, comme étant faite pour tous, et même, comme déjà la désirait Lautréamont, faite par tous. 

Ce sont uniquement les circonstances historico-politiques qui produisent la raréfaction de l’audience des poèmes contemporains. 

C’est pourquoi, quand ces circonstances proposent, à grande échelle, une figure égalitaire et universelle, la poésie s’y reconnait. 

Qu’Aragon, Nazim Hikmet, Eluard, Cesar Vallejo, Neruda, Brecht, et tant d’autres, aient été communistes, constitue une preuve éclatante de la parenté intime entre le désir politique du communisme et le désir poétique d’une adresse universelle.