mercredi, janvier 17, 2018







Énonce inaugural :

il faut que quelque chose arrive.













Cet impératif, méthode de rupture :

avoir l'audace de prendre des décisions

de pensée.

17 janvier

Naissance d'Alain Badiou



*







Alain Badiou 

La poésie tout entière m’habite 

Entretien réalisé par Nicolas Dutent
jeudi 23 novembre 2017 pour l'Humanité

Extraits




Le sens, dans un poème, est souvent ouvert, peu fixe et parfois fuyant. Cette mobilité du sens, ce retrait de la pure rationalité… est-ce la difficulté majeure à surmonter lorsqu’on cherche quelque chose comme la « pensée » du poème ?

Alain Badiou 
Je ne le pense pas. 

Nous savons depuis longtemps, instruits notamment par les mathématiques, que la pensée n’est nullement réductible au sens. 

Ce n’est que la philosophie herméneutique, souvent tournée du reste dans la direction religieuse, qui pose que le déchiffrage du sens est le but de la pensée. 

La norme de la pensée est le vrai, et il est indubitable que le vrai peut s’exposer aussi comme non-sens. 

C’est même ce qu’il fait le plus souvent : 
un trou dans le sens, et tout spécialement dans le bon sens.



Vous étudiez un lien qui vous paraît essentiel entre poésie et communisme tout en en rappelant qu’au siècle dernier « de très grands poètes, dans presque toutes les langues de la terre, ont été des communistes ». Qu’y a-t-il de fondamentalement communiste dans l’activité poétique ? Quelles preuves du communisme par le poème sont les plus évidentes pour vous ?


Alain Badiou De même que la langue maternelle est destinée à tous ceux qui sont dans le « site » de cette langue, de même la poésie, qui n’est jamais que la découverte stupéfiante de ce dont une langue maternelle est capable, s’adresse immédiatement à tous. 

Comment la poésie pourrait-elle admettre que son public est une simple cohorte de gens « avertis » ? Empiriquement, cela peut arriver. 

Aujourd’hui, par exemple, la poésie s’adresse souvent à un public restreint et instruit. 

Mais ce n’est pas, si j’ose dire, la faute de la poésie. 

Elle continue à s’éprouver, à se créer, comme étant faite pour tous, et même, comme déjà la désirait Lautréamont, faite par tous. 

Ce sont uniquement les circonstances historico-politiques qui produisent la raréfaction de l’audience des poèmes contemporains. 

C’est pourquoi, quand ces circonstances proposent, à grande échelle, une figure égalitaire et universelle, la poésie s’y reconnait. 

Qu’Aragon, Nazim Hikmet, Eluard, Cesar Vallejo, Neruda, Brecht, et tant d’autres, aient été communistes, constitue une preuve éclatante de la parenté intime entre le désir politique du communisme et le désir poétique d’une adresse universelle.

































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire