lundi, janvier 08, 2018








Voici le passage essentiel


L’univers tout entier est composé de 

systèmes stellaires. 













Pour les créer, la nature n’a que cent corps simples à sa disposition. Malgré le parti prodigieux qu’elle sait tirer de ces ressources et le chiffre incalculable de combinaisons qu’elles permettent à sa fécondité, le résultat est nécessairement un nombre fini, comme celui des éléments eux-mêmes, et pour remplir l’étendue, la nature doit répéter à l’infini chacune de ses combinaisons originales ou types. 

Tout astre, quel qu’il soit, existe donc en nombre infini dans le temps et dans l’espace, non pas seulement sous l’un de ses aspects, mais tel qu’il se trouve à chacune des secondes de sa durée, depuis la naissance jusqu’à la mort... 

La terre est l’un de ces astres. 

Tout être humain est donc éternel dans chacune des secondes de son existence. 

Ce que j’écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau, je l’ai écrit et je l’écrirai pendant l’éternité, sur une table, avec une plume, sous des habits, dans des circonstances toutes semblables. Ainsi de chacun... 

Le nombre de nos sosies est infini dans le temps et dans l’espace. 

En conscience, on ne peut guère exiger davantage. 

Ces sosies sont en chair et en os, voire en pantalon et paletot, en crinoline et en chignon. Ce ne sont point là des fantômes, c’est de l’actualité éternisée. 

Voici néanmoins un grand défaut : il n’y a pas progrès... 

Ce que nous appelons le progrès est claquemuré sur chaque terre, et s’évanouit avec elle. 

Toujours et partout, dans le camp terrestre, le même drame, le même décor, sur la même scène étroite, une humanité bruyante, infatuée de sa grandeur, se croyant l’univers et vivant dans sa prison comme dans une immensité, pour sombrer bientôt avec le globe qui a porté dans le plus profond dédain, le fardeau de son orgueil. 

Même monotonie, même immobilisme dans les astres étrangers. 

L’univers se répète sans fin et piaffe sur place. 

L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes représentations. 



*

Quelques propos de 
Walter Benjamin sur Blanqui et 
L’Éternité par les astres 

Blanqui qui, 
au seuil de la mort, 
sait que le Fort du Taureau est sa dernière prison, 
et qui écrit ce livre pour se donner de nouvelles portes de cachot .

in 
Paris capitale du XIXe siècle

Paris Cerf
1989



Le dernier texte que Blanqui ait écrit dans sa dernière prison est resté, autant que je puis le voir, totalement négligé jusqu’à aujourd’hui. C’est une spéculation cosmologique qui, il est vrai, s’annonce à la première lecture banale et inepte. Les réflexions maladroites d’un autodidacte ne sont toutefois que le prélude à une spéculation qu’on ne pensait pas trouver chez ce révolutionnaire. On peut dire en fait, dans la mesure où l’enfer est un thème théologique, que cette spéculation est de nature théologique. La vision cosmique du monde que Blanqui expose en empruntant ses données à la physique mécaniste de la société bourgeoise, est une vision d’enfer. C’est en même temps un complément à la société dont Blanqui au soir de sa vie avait dû reconnaître la victoire. L’aspect bouleversant de cette ébauche est qu’elle est totalement dépourvue d’ironie. C’est une soumission sans réserve et, en même temps, c’est le réquisitoire le plus terrible qui puisse être prononcé à l’encontre d’une société qui projette dans le ciel cette image cosmique d’elle-même. Le texte, qui est, quant à la langue, d’un relief très marqué, entretient les relations les plus remarquables autant avec Baudelaire qu’avec Nietzsche 






















Révélation

Danse  lucidité nouvelle

libre clarté   la langue

l'image


inclure les détours dans 

le rythme des corps

sans le mot


ça peut faire oublier 

l'heure 










ça se confond bien 

avec 

la pluie

qui tombe sur l'eau






ça se modèle 

sans 

difficulté à l'humeur






































Aharon Appelfeld

Les premiers mots de ma 
main 

furent des appels désespérés 
pour trouver 
le silence 








qui  m’avait entouré pendant la guerre et pour le faire revenir vers moi. Avec le même sens que celui des aveugles, j’ai compris que dans ce silence était caché mon âme et que, si je parlais à le ressusciter peut-être que la parole juste me reviendrait. 






 À la fin des années cinquante, j’abandonnai l’ambition d’être un écrivain israélien et je m’efforçai d’être ce que j’étais vraiment : un migrant, un réfugié, un homme qui portait en lui l’enfant de la guerre, parlant avec difficulté et s’efforçant de raconter avec un minimum de mots. 



 ..il me fallut des années pour me libérer des érudits, de leur tutelle, de leur sourire supérieur, et revenir à mes amis fidèles qui savaient qu’un homme n’est rien d’autre qu’une pelote de faiblesses et de peurs.



Histoire d'une vie































Avec 

Histoire d'une vie

Aharon Appelfeld 

nous livre quelques-unes des clés qui permettent d'accéder à son oeuvre : souvenirs de la petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Il y a aussi ces scènes brèves, visions arrachées au cauchemar de l'extermination. 









Puis les années d'errance, l'arrivée en Palestine, et le début de ce qui soutiendra désormais son travail : le silence, la contemplation, l'invention d'une langue. Et le sentiment de l'inachèvement lié au refus obstiné de l'autobiographie, dans son acception la plus courante : histoire d'une vie. Comme si le dévoilement de ce que chacun a de plus intime exigeait une écriture impersonnelle.

Pour Philip Roth,
un de ses principaux admirateurs,
Aharon Appelfeld est l'héritier de Kafka et de Bruno Schulz.


*


J’ai essayé plusieurs fois de raconter tout cela sur un ton documentaire, mais chaque tentative se soldait par un échec. Tout simplement parce que ce que j’ai vécu n’est pas… croyable. Vous ne pouvez pas exprimer la peur et l’angoisse d’un enfant sans utiliser des métaphores. Il m’a fallu, pour rendre à mon histoire sa crédibilité, rompre avec le récit logique, passer par la fiction et me détacher de mes souvenirs 

Il y a avait des horreurs qu’on détaillait et d’autres 
dont personne n’osait parler. 


Ce qui s’est gravé en moi de ces années-là, ce sont principalement des  sensations physiques très fortes. Le besoin de manger du pain. Aujourd’hui encore je me réveille la nuit, affamé. Des rêves de faim et de soif se répètent chaque semaine. Je mange comme seuls mangent ceux qui ont eu faim un jour, avec un appétit étrange. 

Aharon Appelfeld

*



Entretien avec Aharon Appelfeld

ici


Vos livres

Monsieur Appelfeld

m'ont ouvert

m'ouvrent

les yeux



























Tout pour la musique

Tout puisque l’amour…


Anagramme pour France Gall

Jacques Perry-Salkow






































L'intensité de la poésie 

électrostatique 













entre deux
charges électriques
est proportionnelle au produit des deux charges
et est inversement proportionnelle au carré de la distance
entre les deux charges

La poésie
est portée par la droite
passant par les deux charges




































J'ai volé des choses qui n'étaient

pas à moi

et 

j'ai construit 









ma carrière sur la falsification 

et

la malhonnêteté .


Je suis fièrement frauduleux.








Et ça m'a bien servi - je recommande hautement

cette stratégie artistique.


Mai en vrai,

ne me prenez pas au mot.



Kenneth Goldsmith



































Petite masse cristalline

d'antimoine 

natif

couleur argentée brillante à lustre

métallique


3.0 x 3.0 x 2.3 cm

Andalousie

*





Corps simple solide symbole Sb d'un blanc argenté et bleuâtre cristallin très fragile ni malléable ni ductile présentant à la fois des propriétés de métal et de métalloïde  entrant dans la composition de nombreux alliages et de différentes préparations pharmaceutiques 

On trouve l'antimoine 
que les naturels désignent sous le nom de 
Batou-Tjilla, 
dans le lit des rivières.

Si le prix en était plus élevé on pourrait 
en charger des navires.

Depuis deux ans, la ville de Sadong a pris une très grande importance, 
grâce à l'exploitation de l'antimoine. 


Poudre utilisée en Orient pour noircir 
le tour des yeux 

ils y trouvèrent des robes d'hyacinthe, 
des éponges, 
des grattoirs, 
des brosses, 
des parfums, 
et des poinçons à antimoine, 
pour se peindre 
les yeux



*


une étymologie  propose un terme 
grec hypothétique

antimonos

anti + monos   c'est-à-dire 

pas seul 

En effet  
l'antimoine ne se trouve 
à l'état naturel que combiné à d'autres métaux 
comme le plomb

Cependant 
le préfixe grec 
anti-

qui présente des valeurs 
diverses 

en face  en échange  à son tour 
équivalant à   contre...

n'a jamais 
celle d'une simple 
négation