mercredi, octobre 10, 2018




une 
marche 

est 

une 
alliance











le retour éternel
d'un double
pas

un
simulacre de cercle
sans cercle


Quand on marche
pour pouvoir marcher
il ne faut pas que les deux pas se rejoignent


Chaque pas habite l'autre
le marque
puis chaque pas efface l'autre
sans le toucher


Sans négation ni dénégation
chaque pas rature
l'autre


Il n'y a
ni contact
ni contiguïté entre eux

il n'y a
pas de relève pas
de reste


Les pas ne reviennent
jamais au
même


Mais
dans la langue
on ne peut pas séparer
ce pas du  ne ... pas
de négation



Pour marcher
faire un pas de plus  
un autre pas

il faut franchir une limite
l'emporter


Ce franchissement
ne transgresse
rien

c'est un bord

sans
bord


Il y a toujours deux pas
alliés l'un à l'autre par une alliance

sans contrat
sans pacte
sans origine
sans but qui le précède
sans objet
sans sujet

une alliance
de l'un au tout autre
dans une différence infinie



L'un affecte
l'autre
en le franchissant

Il le garde et il
le perd


Le simulacre de cercle
c'est qu'on revient toujours à l'autre pas
et aussi au double pas


Dans ce retour éternel
chaque pas répond déjà à l'autre
chaque pas oublie l'autre


Il n'y a
déjà plus de
cercle


Il y aura
toujours à nouveau
deux pas

mais ce ne seront pas
les mêmes.

Qu'est-ce qu'un pas? 

A la fois un mot
qui ne distingue pas le singulier
du pluriel
et

ni un mot
ni une chose
mais

un mouvement
en-deça du langage
et aussi

au-delà de tout et de lui-même




Parages 
Jacques Derrida

55



*




Penser

c'est penser autrement 

On ne pense qu'autrement




La pensée 
se voit contrainte 
de penser ce que pourtant 
elle ne peut pas penser encore

Penser est 
dans un rapport fondamental 
avec l'affect



*



l’œil est brillant

barbe blanchie de neige



il part comme quelqu'un d'étonné

ayant d'un coup

perdu le

sens


moi 

je ne prononce pas 

un mot






























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