mardi, octobre 03, 2017

.



Pers 

est un vieux mot français désignant 

une couleur













On le considère souvent comme 
un synonyme de
bleu-vert 

mais il peut désigner d'autres 
nuances 
où 

le bleu domine

bleu-noir bleu-violet....


*


Tes yeux pers ont alors un éclat qui te fait 

surhumaine 


Ph. Lacoue-Labarthe

Phrase

Bourgois

2000






























.

.


Origène 

composa   2000 

ouvrages












A la Bibliothèque de Hanovre

se trouvent 200 000 pages manuscrites de 

Leibniz 

qui écrivit 16 000

lettres



Voltaire

quant à lui en composa plus de 

18 000



Le logicien et philosophe américain 

Peirce 

atteignit l'honorable moyenne de 

2 000 mots 

par jour



En ce qui concerne 

Husserl

on compte 30 volumes publiés tandis que 

45 000 

pages restent inédites




Un tel exercice comptable peut certes paraître 

futile

Il n'en demeure pas moins qu'à l'instar 

de certains espaces

ces chiffres sont effrayants voire doublement 

vertigineux































.
.



Une autre voix l’habite

ou 

elle l’abrite
















musicale  désarmée  presque enfantine
celle 

qui laisse deviner soudain qu'elle n'a plus 
peur 

ni mal  ni je ne sais quelle opaque 
appréhension

c’est la voix aimante de l’intelligence 
ou 
de la reconnaissance

du don consenti

de l’éternité entrevue touchée 
du calme

ses yeux   bleu-vert  ont alors 
un éclat 

divin

et 
ses gestes  
sa démarche  

seuls 
des animaux 
en seraient capables


*


petite voix

tu contiens en toi

tout
savoir
toute sagesse
tout entendement

il s'agit
simplement de puiser
à tout moment dans ces réserves

illimitées






























.

.


il est amusant de gratter par-ci

par-là








de tomber par hasard sur quelque 

chose



mais pour que la forme vague 

et tendre

du décor prenne 

un sens


les mots doivent être physiquement

expulsés


une certaine netteté évitée au profit

de la densité

d'une opinion étayée vouée à se faner

dans l'oubli

pas trop linéaire  sans trop d'enflure

ni de distance non plus




































.
*

Les mots dits dans la langue 

de

l’autre

sont vrais

engagent et lient en un procès, selon un contrat d’autant plus inflexible qu’ils appartiennent à la langue de l’autre. Paradoxe de cette dissymétrie hétéronomique qui tient à l’élément apparemment formel de la langue avant toute considération de contenu : l’obligation engage à la mesure même du caractère “fictif” de cette parole. Il n’y a d’engagement que dans la langue de l’autre que je parle nécessairement de façon irresponsable et fictive, dans l’expropriation. Mais la langue de l’autre est plus contractuelle, contractante, plus près de l’origine conventionnelle et fictive dans la mesure où je l’invente et donc me l’approprie, mythiquement, dans l’acte présent de chaque parole. 


En ce sens

il y a 









langue 
de l’autre

à chaque événement 
de parole

c’est ce qu’il appelle 

trace

Survivre 


*



comme le rêve voit ce qui 

n'est pas là

le mot prononce ce qu'il ne prend

plus































.
.




l'Èvre















Située dans la région des 

Mauges 

Maine-et-Loire

l'Èvre

prend sa source dans la commune de 

Vezins

à une douzaine de kilomètres au nord-est de 

Cholet 



Elle se jette dans la Loire 
rive gauche
un peu en aval de 
Saint-Florent-le-Vieil


*




Julien Gracq


Les images que déroule tout voyage initiatique renvoient chacune en énigme à une rencontre préfigurée qu’elles font pressentir et qui les achèvera ; 

la puissance d’envoûtement des excursions magiques, comme l’a été pour moi celle de l’Evre, tire sa force de ce qu’elles sont toutes à leur manière des « chemins de la vie », qu’elles en figurent obscurément à l’avance les climats et les étapes. Les prestiges matériels que je prête à l’Evre ne sont pas tous imaginés, et peut-être les trouverais-je encore intacts au long de cette promenade rétrospective que j’envisage quelquefois. Mais tout ce qui a la couleur du songe est, de nature, prophétique et tourné vers l’avenir, et les charmes qui autrefois ouvraient les routes n’auraient plus ni vertu, ni vigueur : aucune de ces images aujourd’hui ne m’assignerait plus nulle part, et tous les rendez-vous que pourrait me donner encore l’Evre, il n’est plus de temps maintenant pour moi pour les tenir. 




Les eaux étroites

José Corti

1976 

p. 74-75































.

.



rejoindre la voix de l’eau










Rares, 

très rares les humains qui se jettent à l’eau 
pour rejoindre la voix de l’eau, 

la voix infiniment 
lointaine, 

la voix pas même 
voix, 

le chant pas encore articulé qui vient 
de la pénombre. 


Quelques musiciens. 

Quelques écrivains plus silencieux 
que d’autres 

dans des pages plus muettes 
encore.



Pascal Quignard 

Boutès 

Galilée

Paris

2008

p. 75-76
































.