mardi, février 14, 2017

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moments 









d'apparitions  ô lointains salués

immobilité


/


syllabe

silence


dans le tissu des songes


/


regard lointain

quel dehors témoigne au-dedans ?


/

écoute du regard

lumière

sans lieu



dans le repos

pur séjour du divin































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Précédés de deux points

ils encadrent un discours direct


elle se tourna vers moi et me demanda : « Avez-vous l'heure ? » 











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j'ai retiré

ces petits crochets anguleux


des objets

qui contiennent l'infini




quand il y a crochet il y a faille











l'homme

poursuit noir sur blanc


quelque chose

comme de l'orage et du sommeil

quelque chose

comme aiguiser un couteau




elle 

était là

s'il 

arrivait 

quelque chose




se détache de la fable



je ne vois pas

quand cela commencera




je vois une tache

se rapprocher de plus en plus

de l'endroit où je l'attend




l'essentiel 

est inavouable


l'essentiel 

est l'aberration


traitement des cendres





la lumière

passe d'un milieu à l'autre


mais la forêt 

règne dans l'antécédent































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Elle est l'auteure

de nombreux romans traversés

par différentes recherches stylistiques 















abandon 
de toute ponctuation 
visible 

utilisation du cut up

avec une insistance sur la fonction 
critique et subversive d'une écriture de plus en plus marquée 
par la réflexion intérieure

dans le même temps
elle rédige des essais d'ambition 
encyclopédique

dans lesquels 
elle livre sa version de l'histoire de l'art
basée sur la défense de l'individu
de la création et du plaisir 


elle est l'auteure 
de plusieurs monographies 
de grands artistes et de biographies romancées

avec un goût 
marqué pour le XVIIIème 
siècle


Auteure complexe

elle est l'une des personnalités 
les plus incisives de la scène littéraire
française et tient par dessus tout à défendre 

la lecture 
et 
la liberté


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elle veut le monde 
et 
le veut

TEL QUEL

et 
le veut 
encore... 

le veut éternellement

et 
elle crie insatiablement 
bis ! 

et 
non seulement pour 
elle seule

mais 
pour toute la pièce 

et 
pour tout le spectacle 

et 
non pour tout le spectacle 
seul

mais 
au fond pour elle

parce que 
le spectacle lui est 
nécessaire 

parce qu'
elle 
lui est 
nécessaire 

et 
parce que 

elle
le rend 
nécessaire 






























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binômes 

complémentaires














la répétition et le rythme frénétique

l'excentricité et le risque

le détail et le fragment

l'instabilité et la métamorphose

le désordre et le chaos

le nœud et le labyrinthe

la complexité et la dissipation

le plus-ou-moins et le je-ne-sais-quoi 


et enfin 

la distorsion et la perversion































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Je lis avec des ciseaux

excusez-moi

et je coupe tout ce qui me déplaît

















Aveu terrible, intolérable : dire crûment et écrire noir sur blanc la petite cuisine à laquelle chacun se livre dans l'intimité de son cabinet, omettre les formes à ce point. Quelle sauvagerie d'homme des bois ! […] De quoi s'était rendu coupable l'agent forestier pour que sa lettre fît tant de bruit dans la capitale ? Quelle différence entre sa bibliothèque et une anthologie, un manuel scolaire? Il s'était débarrassé du déchet, il avait crié la vérité de la lecture comme excitation et dilacération, il pratiquait cette vérité brute et passait à l'acte sur les livres. “Le véridique”, dit bien Céline. Car cela ne se dit pas, ne se fait pas. 




Lire un crayon à la main 

recopier dans son calepin

cela est bon et bien


Mais découper et surtout jeter

mettre le reste aux ordures

quelle inconvenance ! 


Or au fond

pour l'essentiel 

c'est la même chose



L'essentiel de la lecture est ce que je découpe

ce que j'excite  

sa vérité est ce qui me plaît

ce qui me sollicite


Mais comment les faire coïncider ? La citation est l'illusion d'une coïncidence entre la sollicitation et l'excitation, illusion poussée à l'extrême chez l'agent forestier, symptôme de la lecture comme citation. Il fallait le faire taire, car l'homme aux ciseaux est le seul vrai lecteur. Valéry avouait : “Je lis avec une rapidité superficielle, prêt à saisir ma proie.” Il est vrai qu'il ajoutait aussitôt : “Je tente d'écrire de telle sorte que, si je me lisais, je ne pourrais lire comme je lis.” Sans doute n'eût-il pas non plus aimé qu'on fît l'homme aux ciseaux dans ses livres.


A. Compagnon 
La Seconde main ou le travail de la citation 
Seuil 
1979 
p. 28 

la citation de P. Valéry s'y trouve ainsi référencée: 

P. Valéry
Cahiers
Paris
La Pléiade 
1973 
t. I, p. 249































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