mardi, juin 14, 2016

.



il manque une pointe

un mot

un carré blanc sur l'horizon














la journée se défait

un murmure chuinté coupe l'espace


quelques résonances de philosophie

entre hier et aujourd'hui


le prolongement d'une pensée

le soubresaut d'un raisonnement 





territoires vibrants

terre incertaine



l’œil quitte


toute mesure humaine






illustration

William Mackrell 

Throwing an Idea, 

2014

































.
.




Comment imaginer 

en effet 

















qu’à l’heure où chacun de nous vibre de phrases, de mots, d’images, d’idées et d’associations d’idées qui proviennent des coins les plus divers de la planète, de ses langues et de ses cultures, de ses bibliothèques et de ses écrans, de ses chansons et de ses serments d’amour, comment imaginer qu’on puisse consentir à voir son identité réduite aux quelques indications qui sont portées sur un passeport, quand bien même il s’agirait d’un passeport “européen”? AA / R.C 203-216




*


un bruit 
et son opposé donnent… 

du silence !


le résultat est une absence 



*



un micro 
capte le bruit extérieur

un amplificateur 

le restitue 
en opposition de phase 

et l’injecte 
dans des haut-parleurs


vous entendez
simultanément le son 

extérieur 
et sa copie en opposition 
de phase

c’est-à-dire 

rien
































.

.




poésie

lire jouer écrire


faire des expériences

avec le hasard et l'aléatoire 


la fonction aléatoire 











présente dans la plupart des œuvres numériques impose d’éclaircir d’abord ce vocable. L’aléatoire est un concept épistémologiquement plus précis que le hasard. Venu du latin aleatorius « qui concerne le jeu (de hasard) », dérivé lui-même d’aléa, « jeu de dés », « jeu de hasard », l’aléatoire tire ses origines du jeu. C’est d’ailleurs cette étymologie latine que Roger Caillois reprendra pour y classer les jeux de hasard dans son étude sur Les Jeux et les Hommes (1992). En faisant appel à l’aléatoire, la littérature – et plus particulièrement la littérature numérique – se rapprocherait donc du jeu, ce que certains critiques n’ont pas manqué de lui reprocher, allant jusqu’à lui refuser l’appellation de littérature 




Les dictionnaires classiques 
ont parfois du mal à distinguer 
l’aléatoire du hasard 


Aléatoire 
se dit de tout fait à venir 
que rend incertain l’intervention du 

hasard 


nous apprend le Dictionnaire 
de la langue philosophique de Paul Foulquié



Mais 
les épistémologues 
sont plus précis 


Événement aléatoire 

se dit d’un événement 
dont on peut déterminer quelques indices 
sur ses chances de réalisation

il tombe 
alors sous les lois du calcul 
des probabilités et peut être représenté selon 

un modèle probabiliste




Photographie via una-lady-italiana
































.


.




Les perturbations, 

les anxiétés, 










les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques de vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres,… — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe si souverainement.



Isidore Ducasse

Poésies I

1870










































.

.




Gerhard rühm 

1963

photograph by otto breicha














Visual-Poetry




























.