dimanche, novembre 16, 2014

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je prends 
le compteur en mains

nous 
mourrons dans le temps

et dans l'espace
vivons

visages tournants vite


de l'air porteur

première partie
mon bruit animal

deuxième partie
l'air était un mur

troisième partie
il y a un mot pour chaque feuille


















Larry


mouvements

bousculades

ou

vaste terre

malgré tout

















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Larry Eigner






















Larry Eigner naît le 7 août 1927. Suite à un accident de forceps à la naissance, il est atteint d’infirmité motrice cérébrale. Les spasmes musculaires troublent l’immobilité forcée du handicap, la parole est difficile. Chose relativement rare pour l’époque, il reçoit une éducation (l’enseignement primaire est assuré à l’hôpital, l’enseignement supérieur, par correspondance, aurpès de l’Université de Chicago). Pour sa Bar Mitsvah, ses parents lui offrent une machine à écrire : une Royal Manual de 1940 qui deviendra le pendant scriptural de son fauteuil roulant. Il passe les 50 premières années de sa vie dans son village natal, Swampscott, entre forêt et océan, et investit la véranda de ses parents comme bureau d’écriture. Ses premiers poèmes paraissent dès 1937, dans des journaux locaux et magazines pour enfants.

José Corti


















A poem by Larry Eigner






















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Parce que toute la page compte : 
deux doigts, 
index et pouce de la main droite, 
énoncent un monde de découverte 
et de perception, 
une grammaire de l’attention, 
dans le temps de la pensée, 
mécanique dansée 
d’une écologie fractale, 
d’une physique pour la poésie.

Parce que le signe, 
ici, est naissance de la chose, 
vie d’un corps né sur la page, 
né de la page elle-même. 
De la page blanche passée au noir 
de la machine à écrire. 

Larry Eigner,
à la suite de Charles Olson 
et de son manifeste du vers projectif, 
comprend pleinement 
la puissance syntaxique 
de l’organisation spatiale 
du signe noir dans l’espace blanc. 

Les mots s’alignent, 
s’empilent, 
s’entrechoquent, 
se sillonnent, 
se contrent, 
se déploient, 
comme les merles que l’auteur entend 
et voit sur fond de neige 
par sa fenêtre. 

Les mots 
se déploient sur la page 
comme les êtres dans le monde,
dans l’air porteur.


Martin Richet



éditions 
José Corti


























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to comet 
67 P / Churyumov-Gerasimenko





















#Philae
le contact a été rétabli  le robot
transmet une grande quantité de données


#Philae 
a pu envoyer d'ultimes 
données avant d'entrer en mode survie


#Philae 
les aventures du petit robot
de l'atterrissage à l'endormissement















Rosetta album

ici

Rosetta le monde est stone

ici
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Ce qui 
se passe chaque jour















et qui
revient chaque jour,
le banal, 
le quotidien, 
I’évident,
le commun, 
l’ordinaire, 
l’infra-ordinaire, 
le bruit de fond, 
I’habituel, 

comment en rendre compte, 
comment l’interroger, 
comment le décrire ?

.....


Comment parler de ces
choses communes
comment les traquer plutôt, 
comment les débusquer, 
les arracher à la gangue 
dans laquelle elles restent engluées, 
comment leur donner un sens, 
une langue : 
qu’elles parlent enfin de ce qui est,
de ce que nous sommes.

...



Ce qu’il s’agit d’interroger, 
c’est la brique, 
le béton, 
le verre, 
nos manières de table, 
nos ustensiles, 
nos outils, 
nos emplois du temps, 
nos rythmes. 
Interroger ce qui semble 
avoir cessé à jamais de nous étonner. 
Nous vivons,
certes, 
nous respirons, 
certes; 
nous marchons, 
nous ouvrons des portes,
nous descendons des escaliers, 
nous nous asseyons à une table pour manger, 
nous nous couchons dans un lit pour dormir. 
Comment ?
Où ? 
Quand ? 
Pourquoi ?




Décrivez votre rue. 
Décrivez-en une autre. 
Comparez.
Faites l’inventaire de vos poches, 
de votre sac.
Interrogez-vous sur la provenance, 
l’usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez.
Questionnez vos petites cuillers.
Qu’y a-t-il sous votre papier peint ?
Combien de gestes faut-il 
pour composer un numéro de téléphone ? 
Pourquoi ?
Pourquoi ne trouve-t-on pas 
de cigarettes dans les épiceries ? 
Pourquoi pas ?
Il m’importe peu que ces questions soient, 
ici, fragmentaires, 
à peine indicatives d’une méthode, 
tout au plus d’un projet. 
Il m’importe beaucoup qu’elles 
semblent triviales et futiles: 
c’est précisément ce qui les rend tout aussi, 
sinon plus,
essentielles que tant d’autres 
au travers desquelles nous avons 
vainement 
tenté 
de capter 
notre 
vérité.









































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Zhang Qiuju




























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