dimanche, novembre 16, 2014

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Parce que toute la page compte : 
deux doigts, 
index et pouce de la main droite, 
énoncent un monde de découverte 
et de perception, 
une grammaire de l’attention, 
dans le temps de la pensée, 
mécanique dansée 
d’une écologie fractale, 
d’une physique pour la poésie.

Parce que le signe, 
ici, est naissance de la chose, 
vie d’un corps né sur la page, 
né de la page elle-même. 
De la page blanche passée au noir 
de la machine à écrire. 

Larry Eigner,
à la suite de Charles Olson 
et de son manifeste du vers projectif, 
comprend pleinement 
la puissance syntaxique 
de l’organisation spatiale 
du signe noir dans l’espace blanc. 

Les mots s’alignent, 
s’empilent, 
s’entrechoquent, 
se sillonnent, 
se contrent, 
se déploient, 
comme les merles que l’auteur entend 
et voit sur fond de neige 
par sa fenêtre. 

Les mots 
se déploient sur la page 
comme les êtres dans le monde,
dans l’air porteur.


Martin Richet



éditions 
José Corti


























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