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Parce que toute la page compte :
deux doigts,
index et pouce de la main droite,
énoncent un monde de découverte
et de perception,
une grammaire de l’attention,
dans le temps de la pensée,
mécanique dansée
d’une écologie fractale,
d’une physique pour la poésie.
Parce que le signe,
ici, est naissance de la chose,
vie d’un corps né sur la page,
né de la page elle-même.
De la page blanche passée au noir
de la machine à écrire.
Larry Eigner,
à la suite de Charles Olson
et de son manifeste du vers projectif,
comprend pleinement
la puissance syntaxique
de l’organisation spatiale
du signe noir dans l’espace blanc.
Les mots s’alignent,
s’empilent,
s’entrechoquent,
se sillonnent,
se contrent,
se déploient,
comme les merles que l’auteur entend
et voit sur fond de neige
par sa fenêtre.
Les mots
se déploient sur la page
comme les êtres dans le monde,
dans l’air porteur.
Martin Richet
éditions
José Corti
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