mercredi, septembre 03, 2014

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Matsuo Bashô (1644-1694) est resté un des poètes les plus chers au cœur des Japonais qui peuvent tous réciter au moins un de ses tercets ou hokku (que l’on appellera haiku par la suite). 

Ce fils et frère de samouraï quitta très tôt le service des armes pour se consacrer à l’étude des littératures classiques du Japon et de la Chine et à la pratique du haikai, poésie enchaînée collective très populaire en son temps.

Bien vite, il fit entendre une tonalité, un style, un esprit spécifiques, et créa son école appelée le shômon. Bashô, tout en conservant des sujets réalistes, le langage quotidien et l’humour duhaikai, y transfuse l’exigence esthétique et la sensibilité de la poésie classique (waka, renga).

Sa manière se caractérise notamment par son attention portée aux petites choses de la vie et à la profondeur qu’elles recèlent. 

Le poète consacra les dix dernières années de sa vie à voyager à travers le Japon pour donner des leçons, établir des cercles de disciples, mais aussi pour renouveler son inspiration et poursuivre sans concession la vérité du monde. 


Le voyage devint dès lors un pèlerinage et une ascèse mystique. De ces pérégrinations, Bashô tira plusieurs journaux poétiques dont le plus célèbre est L’Étroit Chemin du fond où il consigne et met en œuvre l’essentiel d’un périple à pied de cinq mois dans le nord du Japon, de temples en sanctuaires, de sites géographiques en lieux marqués par les tragédies de l’Histoire, à travers un paysage sauvage, montagneux ou marin. 

Voyage au fin fond du pays, voyage au fond des choses et des êtres, vers le fond de la parole : quête à la fois physique et langagière du Sens et de la Réalité ultime. 

De ce chef-d’œuvre, nous donnons ici, en regard du japonais, une traduction entièrement nouvelle, accompagnée d’un important appareil de notes et commentaires, indispensables pour saisir les allusions historiques et littéraires, les citations déguisées, les références culturelles, et permettre à ce texte plutôt mince de prendre sa dimension réelle, presque infinie.
 




Alain Walter

WILLIAM BLAKE &CO.EDIT.






















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Khà = Ce qui n’existe pas

            le * désirer













Khà

Une grammaire tibétaine, chapitre trois


























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«En 1986, j’ai traduit aux éditions Fata Morgana La Raison de l’oiseau, poèmes du Ve Dalaï Lama (1683-1707), sorte de Minnesänger de la littérature tibétaine dont le génie fut de resserrer, sous la loi métrique, les «poèmes à chanter» de la tradition, sans leur faire perdre leur fraîcheur. Entre 1986 et 2000, j’ai étudié le tibétain dans l’espoir d’établir un «Wortschatz», un vocabulaire où chaque mot recensé aurait été traité comme la clef d’usages diversifiés, métaphoriques, évoqués dans des proverbes. Mais la langue tibétaine est un médium aussi éloigné de la langue française qu’un rêve peut l’être de son interprétation discursive… Par exemple : par quoi remplacer en français cette assonance, remarquable en tibétain, du mot bonheur, «sKyid», avec la marque casuelle de l’instrumental, «kyis» ? Depuis 2001, j’ai décidé de «ranger», pour que rien ne se perde, mon vocabulaire dans une «Grammaire»: c’est-à-dire d’associer aux proverbes traduits les vers fondateurs de la grammaire (et de l’orthographe) tibétaine, vers attribués à Thonmi Sambhota, le «ministre» du roi Srontsen Gampo (VIIe siècle), le premier roi unificateur du Tibet fidèle aux tables de la «Loi Bouddhique»…


Au lieu d’être illustrées par des exemples littéraires, les prescriptions grammaticales et les observations linguistiques se voient rapportées à des dictons, à des fabliaux.»


Bénédicte Vilgrain


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En poésie, 
Yang peut venir se loger

 - au lieu de 'ang, faible -

dans l'espace entre deux points
(soit une syllabe.) pour combler

le mètre : "Les dieux [ lHa ] "Yang" :
les dieux faisant   "eux aussi"
tomber la pluie à temps.


Tandis que :

une queue très blanche étant l'ornement du yack,
flocons de neige l'ornement du vent,
composées jaunes l'ornement du pré....




rNgà ma, la queue

rNgà, le tambour    ma

une particule très féminine
venue se loger entre les deux points

ne sert pas seulement 
le vers         mais le sens.





















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Après une journée de vent,

dans une paix infinie,

le soir se réconcilie

comme un docile amant.


Tout devient calme, clarté...

Mais à l'horizon s'étage,

éclairé et doré,

un beau bas-relief de nuages.























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