mardi, novembre 05, 2013

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En 1994, Pierre Pillouër a cru entendre la voix

d'Arthur Rimbaud, mais bien peu l'ont cru.

Depuis, son journal de lecture a crû

et 14 ans après, il faut bien qu'il sorte du Bois

où il a failli se perdre.

Avec plus de questions encore, dont celles sans

réponse qu'il s'est posées sur sa folle entreprise,

augmentant sans fin l'épaisseur des mots qu'il

voulait rendre plus transparents.

Comme peu d'autres, Le Pillouër a été illuminé

par les illuminations, prenant tous les sens

possibles et fonçant, pour effectuer cette étonnante

lecture de l'intérieur,

l'être aux prises avec la lettre du texte

le plus vivant qui soit.

Portrait de l'écrivain en lecteur et vive-versa.





Jacques Demarcq

























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Véronique Bourgoin
















Ce fut sans doute sous l'influence de souvenirs très violents qui sont souvent cachés dans son œuvre, que Véronique Bourgoin arrive à accomplir ces voyages clandestins dans l'univers de l'inconscience optique. Elle y ramène des documents et des histoires délicates, des petites catastrophes refoulées à grand débit par les machines aveugles des institutions hygiéniques. Voilà qui soulève le problème du pouvoir que nous avons aujourd'hui de plonger toutes les œuvres d'apparence dans un état de mystification permanente. Mais il n'y a pas de préservatif sûr à cent pour cent, pas plus que de visa pour les nuages de Timelin.


Or la pellicule superficielle du visible n'est que pour la vision et pour le corps. Mais la profondeur de cette surface contient le corps et donc la vision. Il y a insertion réciproque de l'un dans l'autre, deux tourbillons concentriques quand on vit naïvement; et légèrement décentrés  l'un par à l'autre, dès que l'on s'interroge. Le regard équipé refoule la violence de la vue et trouve parfois la matière agitée sous des surfaces tranquilles.




 M. Suzuki















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un grand
courant d'énergie

qui
circule
qui
anime

un homme
dans l'eau porté
par les flots

entente

entre
les êtres
entre 
les sexes

équilibre retrouvé



le mont


























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Gérard Arseguel


















Tout le monde se souvient de
Marcel sur son vélo.
Le vin rouge coulait à flots,
les fleurs pleuvaient.
Devenu homme,
il fit connaissance de la petite voisine
Au cours de son terrible supplice,
on lui trancha les seins. 


Dès le premier noyer, 
c’est l’amoncellement d’un bric-à-brac.
Il avait fait connaissance
d’Hélène Armand des Chaussendants.
À l’intérieur certains jouaient de la musique
et d’anciens morceaux.
Je me rappelle d’Ernest 
comme si c’était hier.  


Armés de pioches, 
ils éliminent l’herbe.
Qui dans un champ, 
qui dans l’école
(voire au centre d’une courette),
les artistes seront disséminés.
Depuis 25 ans
il aligne un à un les vieux tracteurs.
Ça s’appelle comment ce qu’on a fait ?  
interroge le capitaine. » 



L’Almanach des montagnes
Gérard Arseguel
Fissile 2006. 

































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11



où le ciel est en quelque sorte

sur la terre

le ciel et la terre ont commerce



le temps indifférencié

est divisé en saisons



l'espace enveloppe 


toutes choses est partagé

en points cardinaux



pas de plaine

qui ne soit suivie d'une côte

pas d'aller

qui ne soit suivi de retour



silence à plat ventre

visage contre terre

je suis cette terre


horizon mouvant de feux

dans la nuit


nappe noire criblée d'étoiles





je reste là
debout
sans rien voir
remuant à peine
ailleurs

entier























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