jeudi, avril 26, 2012

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Yoshirô Ishihara



À l’extérieur des oreilles,
il y a une nuit
sous la forme des oreilles
Au fond des trous des oreilles,
il y a une nuit moulée dans les trous des oreilles
Sur le seuil qui sépare à peine
la sortie des oreilles et l’entrée des trous des oreilles,
une sorte de goutte d’eau
tombe









Le costume est l’eau
Retraçant vers la face les sourcils,
un souffle, lentement,
se retire en arrière
L’ombre des choses,
se transformant en une planche en bois,
vers une face mouillée,
se retourna
Après cela
il y a une coupure de la respiration
une porcelaine fut cassée
un œuf fut cassé
Sitôt qu’une croche dure à peine,
le bruit du feu coupé, de façon embaumante,
a frappé et répandu
une sorte de fleur










La pensée que croyait la forêt,
la hache la croyait aussi
Le vent qui traverse les lames de la hache
la croyait aussi
Lorsque la verdure du
calme imposant
va accueillir
l’équilibre qui devient voix
en se pliant vers la forêt,
en pérégrinant
le silence souple,
cette pulsation
qui gagne l’autonomie
en devenant lame,
que la hache
a un profil pâle
que dans cette profondeur
de la forêt
il n’y a rien
qui ne peut arriver








Au moment du calme qui fait face à moi
vers l’intervalle calme
qui va se lever ?
Au moment du calme qui fait face à moi
vers l’issue calme
qui va retourner sa tête ?
Au moment du calme qui fait face à moi
l’arrière calme
qui va le défendre ?

À des bruits du monde
prêtez vos oreilles
à un bruit de cheville qui grince
à un bruit de colonne vertébrale qui s’incline
à un bruit de pierre qui rampe
à un bruit de main qui se détache d’une épaule
à un bruit des témoins qui quittent
à un bruit des bruits qui disparaissent
comme si c’était une résignation
en inclinant des choses auparavant calmes
Les salutations courent vers le sud









J’ai adoré la guitare et le matin
Le matin plié sur la guitare
se précipitant sur la sortie
devenant voix à l’unisson,
je l’ai adoré plus que tout
J’ai adoré la guitare et la nuit
La nuit, à cette hauteur,
faisant flotter la guitare
et aussitôt
la tomber lourdement,
je l’ai adoré plus que tout
J’ai adoré la guitare et la mort
Lorsque j’adore la guitare et la mort,
je les ai adorés avec tant de nuits
je les ai adorés avec tant de matins
Lorsque la mort répète la guitare,
le matin s’achève dans la prière

le soir s’achève dans la prière








Dans le grandiose silence
comme le dos du taureau
il s’accroupit
il se lève de nouveau
il a enfoncé des clous de feu sur quatre coins sûrs
Sur un clou on accroche le fouet
Sur un clou on accroche la prière
Sur un clou on accroche soi-même
Sur un clou on accroche sa dernière heure









Bientôt moi privé de ma voix,
je serai accueilli dans le jardin des femmes stériles
De même sans voix
devenant une tige de plante,
sur une destruction totale du territoire,
je projetterai une ombre certaine
Mon âne, Celui qui réhabilite
dès le présent,
modestement le droit de paresse
Dans la nuit rassurante de ton Maître
il ne faut y laisser plus rien
il ne faut y laisser plus rien







Gardez le silence, le repas d’aujourd'hui,
car le pain ne demande pas
une récompense de la prière











Mais avant tout
les blés, avant d’être récoltés
étaient les prières
D’innombrables flèches
qui n’ont pas de cible
en dehors du Ciel,
ce sont les tiges
incroyablement
calmes
qui les retiennent
sans les lâcher
Mémorisez ces tiges de blé
dans un endroit où le vent les supporte













Yoshirô Ishihara, poète japonais déporté au camp du Goulag en Sibérie, revenant de l’Enfer, fut atteint d’aphasie. Partant du constat d’un échec de parole et d’un écueil de langage, le poète introduit une part de silence et d’indicible dont l’impact se répercute dans toute sa création poétique. Le silence défini par Ishihara entretient un rapport essentiel avec la parole et il ne peut s’entendre qu’à travers la parole qui lui sert de faire-valoir et en rehausse le pouvoir ; d’où se tissent deux réseaux de métaphores qui résument les aspects contradictoires de la parole : d’une part, le bruit maléfique qui est une insulte au silence ; d’autre part, la musique bénéfique qui célèbre le silence. Un dynamisme dialectique amène ces deux modalités d’expression à s’embrasser dans la symbolique christique chargée d’un sens sacré du silence.




Asako Muraishi  : 
La prière de silence au-delà du silence de l’aphasie :
Yoshirô Ishihara, poète du goulag

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Renifler

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.que
que vous eussiez reniflé
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Ailleurs

si



limpides

cailloux
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Judy Dater













Craters of the moon
self portrait
1981
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ELSEWHERE
OUI

sur l'immobile
en paix
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Alchimie du bonheur
1308 copy de Frasi
BNF
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Mervyn Peake

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Une mousse de mots

 



















    une mousse de mots

Mousseux       
     n'est pas triste


Je tangage        
            Je roulis

Je                            
          crête  


Jeu        
     de crêtes et rouleaux


Je vague            
   Je mouvement



Je                                   multiplie


Jeux multipliés     
  des mouvements


Je                            
       sur place



Je ressac                  
        je répète



Je clapote          
              Je sillage

Je marine                
      Je navigue



J'                                
    Aphrodite





Pontia Euploia Aphrodité







Je                
                 vin pétillant

Je fête                       
    jamais finie

Je                      
       Don Giovanise

Je mélodie      
                   Jeu infini

Je  perdu             


         jamais perdu




Je brume      
                Je ritournelle

Je tourne    
                             rond

Je                
                joyeusement

Je                                
il faut le dire


Je Vénus                     
        toujours

Je tristesse           
              approche

Je lui   
            tourne le dos poliment


Je ennui                              Je amour

L'ennui n'est plus               mon amour
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Harmonie animus / anima
conduire ses énergies

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Le chinois moustachu peint sur les boiseries du café Florian plisse d'un sourire jaune ses petits yeux voyous de matou repu. Je salue cet important personnage de la mythologie secrète de Venise en levant ma tasse, riche d'un moka parfumé, à la santé de ce lettré de plaisante compagnie qui fut l'ami et l'inspirateur de tant d'écrivains ou d'artistes de passage dans sa loge-bonbonnière ouverte sur le plus étonnant théâtre où se joua jamais la comédie humaine.























Laissons la nuit enterrer la nuit au terme d'obscures et lentes gestations où affleure l'impalpable. Si la beauté est devenue à son tour un ghetto, nulle part ailleurs elle n'ouvre sur autant de mondes. Oublions pour l'instant la vase au fond des canaux, les palais qui s'enfoncent, tout ce qui se défait là-dessous : tant de pourriture mimant tant de splendeurs. La gloire, qui irradie certains lieux chargés d'histoire, s'insinue par surprise dans l'esprit du voyageur.


Marc Alyn
Le piéton de Venise
Bartillat
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Venise cité-reflet
ne cesse de s'envoler
sur un chariot de feu









Fleur  Ange 
voyage avec le temps
sans jamais sortir de l'instant

Sans passé  sans futur  unique temps possible

le Présent

Tel un incommensurable bijou
Tout ce qui est ici n'est
Nulle part ailleurs



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Le Chariot ( arcane VII )
coïncide avec la Basilique Saint-Marc
fourneau et alambic des alchimistes en quête du

 lait virginal et du sang du dragon philosophique...


Marc Alyn se demande si les lettres  
S.M.
initiales de Saint-Marc ne signifient pas aussi

Soufre & Mercure


matériaux fondamentaux de l'oeuvre alchimique
et aussi

 Simon Mage

si redouté des apôtres
dont on disait :

Il fait marcher des statues
Il se roule dans le feu sans brûler
Il se montre avec deux visages
Il se transforme en or
et parfois même

il vole




Les chevaux de Saint-Marc

sont quatre statues antiques de chevaux de cuivre coulé
faisant partie d'un quadrige
qui ornait autrefois l'hippodrome de Constantinople.

Les vénitiens les enlevèrent en 1204.



Ici sous le quadrige
     s'impose naturellement

Le Poème de Parménide




Les cavales qui m'emportèrent m'ont conduit aussi loin que mon coeur pouvait le désirer, puisqu'elles m'ont entraîné sur la route abondante en révélations de la divinité, qui, franchissant toutes cités, porte l'homme qui sait. C'est par cette route que j'ai été porté ; car c'est sur elle que m'ont conduit les très prudentes cavales qui tiraient mon char, et des jeunes filles montraient la route...

Traduction Jean Beaufret


Toujours dans mon souffle et sur mes lèvres
Le Veilleur et son chant

Maintenant

L'heure approche où approche l'âme chrétienne cette vertu de confiance, remise au Principe, unie à sa rection pleine.

L'heure prépare la joie d'une déferlante déversant le feu dont sortiront des peuples qui, dans les siècles, publieront la louange de Dieu.

Maxence Caron
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L.A.Photographies Venise San-Marco avril 2012
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Je  Aujourd'hui   Sait    où

Couler



Je ici

Je comme

Je pierre

Je coule






Je coule ici comme la pierre















L.A.Photographie Venise avril 2012
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 Rii 
Ô Rio                   Eau Miroir









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Rio des miroirs flottants   des miroirs déformants
des miroirs fuyants

MIROIR  Speculum miroir

Spéculation



Spéculer c'était à l'origine observer le ciel et
les mouvements relatifs des étoiles à l'aide d'un miroir.

Arrivée de toujours   la Considération

Étymologiquement
Regarder l'ensemble des étoiles.





Que reflète le miroir ?



La vérité, la sincérité, le contenu du coeur
et de la conscience :


Comme le Soleil, comme la Lune, comme l'eau, comme l'or,
lit-on sur un miroir chinois du musée de Hanoi,

sois clair et brillant et
reflète ce qu'il y a
dans ton coeur.





Mallarmé

O miroir !
Eau froide gelée par l'ennui dans ton cadre
gelée
Que de fois et pendant des heures, dé-
solée
Des songes et cherchant mes souvenirs
qui sont
Comme des feuilles sous la glace au
trou profond,
Je m'apparus en toi comme une ombre
lointaine,
Mais, horreur ! des soirs, dans ta sévère
fontaine
J'ai de mon rêve épars connu la nudité !

(Hérodiade)





Rio miroir flottant   fuyant






L.A.Photographies Venise avril 2012
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