lundi, mai 07, 2012

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Je prends sans demander



cette montagne connue  inconnue

cette oeuvre qui étant  ne passe pas



je prends le bruissement des nuages

Les hauteurs froide de l'herbe

Cette seconde entre les branches

Ce tissu bleu avec des laisses de blanc sur du bois


Ce trou de verdure où chante une rivière


Cette chute qui ne tombe pas

Cette poésie comme millepertuis




Je prends    promeneur     des choses aimables

Comme cette  petite ombre de rue

Qui ne dit mot

Rue Victor-Cousin


Je prends Flac-Nuit-Flac-Ciel

Sur le quai Conti



Je prends entre mes doigts
     un ouvrage d' Air

Le dessein
      de son meilleur visage



Je prends le mot   PEINTURE     dans l'épaisseur sensible

 pas grand chose  
                  ne se laissant pas saisir



Je prends le mot  éternel 
                          volatil à l'excès




Je prends un gris céleste

Un gris figuré par du blanc
                                Rue Séguier



Je prends ou plutôt  
                               je Saisis

le mot souffle dans lequel achève de se diluer
un souvenir de neige
                      Rue des Grands-Augustins


J'aime prendre dans le courant des eaux
les mots qui bougent

Le
fil
mouvement
de
l'eau

le vide du jour


J'aime prendre le mot  PAS   
                                 au grand dehors
avec son passé le plus reculé


Prendre
par des traits  une comparaison
une métaphore
incomplète

            rapides

l'infini
turbulent
qui tombe comme une goutte
dans la rivière

Prendre la poussière du monde
une question qui roule comme une pierre


Prendre
les chants
les dés
la révolution du langage poétique
l'écho lui-même

la langue dans son volume
un creux qui la soutient


J'aime
prendre avec moi
tous les gémissements du siècle
et tomber dans l'ouvert
de vie en vie


L'éloge de l'infini
où la main perçoit les limites de la page

Le discours parfait
dialogue de matières et d'espace

J'aime prendre un verbe sans verbes
entre le son et le silence

Langue morte
Langue vivante

Vertèbres sans colonne
Géométrie de l'être

J'aime avancer dans un labyrinthe où
la pensée rencontre le réel aux coins
les bords de l'azur qui brisent la pierre

où le monde se décale
loin du nom

J'aime prendre les puissances de l'adjectif

Saisir à même la langue
la lente réciprocité des mots et
leur matière

j'aime prendre sa pensée
inventive
rusée et curieuse

son métal vif-argent

ses clients orateurs voleurs et poètes

j'aime prendre
ce qu'elle a détruit et cassé

je prends
les fragments de verre brisé
je fais fondre et intègre

je prends
l'opale l'onyx et l'obsidienne
la feuille de vigne pour l'épine
la voix pour étouffer la tempête






je reviendrai souvent  sur ce verbe     prendre
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