Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
mercredi, novembre 11, 2009
Je refuse d'obéir
.
On se moque des diseurs de bonnes aventure. Il faut sinon se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie.
On se moque des diseurs de bonnes aventure. Il faut sinon se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie.
Je refuse d'obéir
(...)
Nous avons fait les Eparges, Verdun-Vaux, Noyon-Saint-Quentin, le Chemin des Dames, l'attaque de Pinon, Chevrillon, le Kemmel.
La 6 e compagnie était un petit récipient de la 27 e division comme un boisseau à blé.
Quand le boisseau était vide d'hommes, enfin, quand il n'en restait plus que quelques-uns au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais.
On a ainsi rempli la 6 e compagnie cent fois.
Et cent fois on est allé la vider sous la meule .
Nous sommes de tout ça les derniers vivants, V. et moi
...
Jean Giono
Refus d'obéissance
Gallimard 1937
.
.
.
Il y eu
un jour un orage

Il y eut un jour un orage.
Ce fut quand je fis le voeu
d'être une tortue.
Mais, entendons-nous, sur terre !
Celle qui porte une tente dure
sur son dos.
Je voulais tout rentrer à l'intérieur
bien au sec.
Voici qu'arrivent les vagues
qui me secouent
et j'ai le mal de mer.
Je voulais être la tortue
qui mange les bourgeons et les fleurs et les baies.
Il faut que je souhaite les choses avec précision !
Il en sera ainsi
dorénavant
.
Source Partition rouge
photographie, Edward Curtis
.
Il y eu
un jour un orage

Il y eut un jour un orage.
Ce fut quand je fis le voeu
d'être une tortue.
Mais, entendons-nous, sur terre !
Celle qui porte une tente dure
sur son dos.
Je voulais tout rentrer à l'intérieur
bien au sec.
Voici qu'arrivent les vagues
qui me secouent
et j'ai le mal de mer.
Je voulais être la tortue
qui mange les bourgeons et les fleurs et les baies.
Il faut que je souhaite les choses avec précision !
Il en sera ainsi
dorénavant
.
Source Partition rouge
photographie, Edward Curtis
.
Le regard éloigné
Didier Eribon : En donnant pour titre Le regard éloigné, à un recueil d'articles, aviez-vous pour intention de manifester votre distance avec la société dans laquelle nous vivons ?
Claude-Lévi-Strauss : C'est un titre emprunté au japonais, qui m'est venu en lisant Zeami, le créateur du nô. Il dit que pour être bon acteur, il faut savoir se regarder soi-même de la façon que les spectateurs vous regardent, et il emploie l'expression de regard éloigné. J'ai trouvé qu'elle représentait très bien l'attitude de l'ethnologue regardant sa propre société, non comme il la voit en tant qu'il en est membre, mais comme d'autres observateurs, placés loin d'elle dans le temps ou dans l'espace, la regarderaient.
°
De près et de loin
Odile Jacob éditions
p / 249

La vie, l'amour
entre deux poèmes
.
Le 24 mai 1996, au sommet du Manaslu ( 8163 mètres )
dans l'Himalaya, Chantal Mauduit récite les trois premiers
vers d'Indomptable, qu'elle s'est choisis comme profession de foi
.
L'espace est un bandit d'honneur
c'est à lui que tu penses
quand tu suis le galop de ton coeur
.
Début mai 1998, sur les pentes du Dhaulagiri,
quelques jours avant d'être tuée par une avalanche, elle
dit une strophe d'un inédit que je lui avait confié :
Le Calligraphe du vide
.
Il a chanté les mots
de dessous la mémoire
qui donnent à la beauté
son aile toujours battante
.
Entre ces deux poèmes : la voie funambule d'un
amour-miracle qu'elle appelait " sauvage ", " solaire ",
" sans fin "... Et que je continue de nommer ainsi, en
toute déraison, et inaltérable désir d'elle
.
André Velter
le septième sommet
poèmes pour Chantal Mauduit
Gallimard