mercredi, avril 01, 2009

Au mont de la terrasse céleste

Pin et lune (anonyme)
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2è jour. Après déjeuner, la pluie cesse enfin : alors, nous traversons des chemins inondés, escaladons des cols, et petit à petit, ruisseaux et rocs se font plus solitaires. Vingt lis, et nous atteignons au crépuscule le temple du fief céleste. Une fois couché, je songe au sommet du matin suivant : un temps dégagé serait une chance, car depuis plusieurs jours il y a eu des éclaircies vespérales, mais pas la moindre embellie matinale. Or, vers la cinquième veille, entendant en rêve dire que le ciel est tout brillant d'étoiles, la joie m'éveille et m'empêche de me rendormir.
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Xu Xiake
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LI, mesure de distance un peu élastique (variable selon les régions, et puis, les lis de montée ne sont pas équivalents aux lis de descente !) valant environ 500 m.

La solitude

ne plante rien, mais fait mûrir...
Encore faut-il l'amitié du soleil. (Nietzsche)
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L.A. photographie, les Saisies, mars 2009

Grandes marches en montagne

Quand les douleurs ne le clouent pas au lit, a-t-il passé un seul jour sans marcher ? Zarathoustra serait-il né sans les sentiers de Portofino, d'Eze ou de Sils-Maria ? La " Gaya Scienza " aurait-elle pu s'épanouir sans les escaliers de Gênes ? et le poète aurait-il pu faire chanter ses phrases sans les venelles de Venise ? La marche est une profession de foi, qu'il consignera dans Ecce Homo, son dernier " ruminement ". " Rester le moins possible assis : ne prêter foi à aucune pensée qui ne soit née au grand air, pendant que l'on prend librement du mouvement - à aucune pensée dans laquelle les muscles ne soit eux aussi à la fête. Tous les préjugés viennent des entrailles. Être " cul-de-plomb", je l'ai déjà dit, voilà le vrai péché contre l'esprit. "
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Source Béatrice Commengé, la danse de Nietzsche
L'infini/Gallimard
Des vérités faites pour nos pieds,
Des vérités qui se puissent danser. (Nietzsche été 1888)

" qui dit oui "

La gratitude est un sentiment " qui dit oui " , comme la fierté, comme la joie, comme la santé. Nietzsche ne croît plus qu'à la puissance des " vertus transfigurantes..." Ne s'attaque-t-il pas, dans le silence de ses cavernes, à la " transmutation des valeurs " ? Transgresser, trans-former, trans-figurer, n'est-ce pas le pouvoir de Dionysos ? Transcender, transmigrer, transmettre, n'est-ce pas le devoir d'un Dionysos ?
En 1888, il note : " par le mot "dionysien" s'exprime un dépassement de la personne, du quotidien, de la société, de la réalité, comme un abîme d'oubli, quelque chose qui enfle douloureusement, passionnément (...), un oui extasié (...), une grande sympathie panthéiste dans la joie et dans la douleur. Être toujours " au-delà ".
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Source Béatrice Commengé,la danse de Nietzsche
L'infin/Gallimard