dimanche, mars 08, 2009

Rouleau de printemps !

L.A. encre sur papier tibétain dans la neige,mars 2009

L'impossibilité

à vivre en dehors des critères de la valeur d'échange, et même à concevoir sa vie en dehors du marché, mène au malheur le plus boursouflant, ainsi qu'à l'atermoiement le plus boueux. Ni le confort, ni l'argent, ni même le pouvoir ne sont capables de combler les inconsolés du nihilisme. Rien ne compense l'inaccès à la poésie, même par l'abjection qui la condamne. Les inconsolés du nihilisme se sentent abandonnés, quand c'est eux-mêmes qui se sont abandonnés en recherchant ce qui précisément, ne les comble pas : l'argent, le confort et le pouvoir ; et en se détournant de cette jouissance poétique pourtant disponible à chaque instant, et qui fait signe, là, à portée de main, dans ce petit écart scintillant qui sépare chacun de son propre salut. Le sentiment d'être berné pousse en dernier ressort les plus amochés à se venger autant qu'à désirer avidement leur sanction. Les romans de Houellebecq ne parlent que de ça, bien sûr ; mais presque tous les autres aussi : même fardés en délicate bluette, ou masqués derrière de douillets alibis culturels, ils suintent cette méchanceté du malheur qu'est le ressentiment.
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Yannick Haenel François Meyronnis
prélude à la délivrance
l'infini/Gallimard

il chemine vers l'autre

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Le poème est tendu vers un autre, éprouve la nécessité d'un autre, une nécessité du vis-à-vis. Il le débusque sans trêve, s'articule allant à lui. Toute chose, tout être, comme il chemine vers l'autre, sera figure, pour le poème, de cet autre.



Paul Celan
Le Méridien
Fata Morgana


























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Titre, exergue et fin

Prélude
à la délivrance
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Qu' y a-t-il de vrai, en dehors des pensées
impondérables ?
Herman Melville
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à propos, que signifie Ishmaël, en hébreu ?
" Dieu entend ".
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Yannick Haenel
François Meyronnis
Prélude à la délivrance
L'infini/Gallimard

ravissement & extase

C'est justement par des expériences où il se libère de la subjectivité que le corps parvient à s'ouvrir à son propre langage. ça passe par le ravissement, par l'extase, par des formes d'érotisme qui échappent au simple secteur de l'érotisme. Une volonté humaine ne pourra jamais rien contre le nihilisme, ni contre la répression sociale qui l'étaie. Mais une expérience poétique, même la plus solitaire, même la plus pauvre, peut révéler, furtivement, ce dont elle se dégage. L'emprise, pas besoin d'agir sur elle : elle viendra d'elle-même...
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Yannick Haenel
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L.A. photographie, le Bersend,mars 2009