vendredi, janvier 09, 2009

Comme


un ensemble flou et la frange de la flamme avec le temps.
L.A.texte & photographie, les Saisies 2009

Qui aurait pu imaginer

l'intérêt d'André Du Bouchet pour Victor Hugo ? Leurs démarches poétiques, apparemment, s'opposent radicalement. Pourtant, l'auteur de l'emportement du muet a montré à deux reprises, dans les années 50, qu'il était un lecteur de Victor Hugo. En 1951, dans la revue critique, il a mis en évidence la plénitude de l'oeuvre à partir de sa fragmentation et de son inachèvement. En 1956, chez GLM, il a publié à cinq cents exemplaires une anthologie de l'oeuvre de l'auteur de la légende des siècles, qui est l'une des plus intenses illustrations de ce que peut être l'art de la lecture. Ce volume réunit pour la première fois ces deux textes jusqu'à présent introuvables.

Le sentiment de l'essentiel

qui sature la poésie de Hugo n'y est exprimé qu' imperceptiblement. En la relisant aujourd'hui, nous la quittons presque chaque fois sur la lueur unique qui ne lui suffit pas - l'évidence irréductible au jour, un versant anéanti, l'autre résolu " du côté de la nuit qui semble transparent ". Elle ne cède pas en profondeur au souffle informe, elle est achevée quand elle a surgi. Au premier coup d'oeil, d'une acuité sans égale, " égaré dans les plis de l'obéissance au vent ", et qui sait pourtant, sans se perdre, retenir quelques plis.
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André Du Bouchet
L'oeil égaré dans
les plis de l'obéissance au vent
par Victor Hugo
Seghers

Je vis dans une solitude splendide,

comme perché à la pointe d'un rocher, ayant toutes les vastes écumes des vagues et toutes les grandes nuées du ciel sous ma fenêtre ; j'habite dans cet immense rêve de l'océan, je deviens peu à peu un somnambule de la mer. C'est de cette éternelle contemplation que je m'éveille de tant en tant pour écrire. Il y a toujours sur ma strophe ou sur ma page un peu de l'ombre du nuage et de la salive de la mer ; ma pensée flotte et va et vient, comme dénouée par toute cette gigantesque oscillation de l'infini.
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Victor Hugo ( océan )

Fragments de Victor Hugo

La mort est bleue. ( les contemplations )
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La terre est sous les mots
comme un champs sous les mouches. ( les contemplations )
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La corde est passive, la terre seule agit,
la terre tire . ( océan )
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Le rêve est l'aquarium de la nuit . ( les travailleurs de la mer )
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Je suis l'homme qui fait attention à sa vie
nocturne . ( océan )
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La nuit est une illusion des étoiles . ( les tables )
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Les religions sont les lunes de Dieu . ( post-scriptum de ma vie )
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Terre, tu n'es pas mon abîme! ( post-scriptum de ma vie )
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La racine enfante dans l'ombre une rose
pour le soleil. ( océan )

J'ignore où cela commence et où cela finit ;

3

j'ignore ce qu'il y a devant, derrière, au milieu, à droite, à gauche, à l'est, à l'ouest, au sud, au nord ; je ne sais pas l'intérieur, ni l'extérieur ; je vois des astres, des astres ; je vois des étoiles des étoiles, des étoiles ; je vois des constellations, des constellations, des constellations ; je vois des rayons mêlés à des splendeurs nouées à des flamboiements, des éblouissements perdus dans des contemplations, des contemplations plongées dans des éblouissements ; je suis pris dans un prodigieux tournoiement de la roue aux moyeux d'or. Où cela va-t-il ? Je n'en sais rien. La nuit est l'ornière des étoiles.


André Du Bouchet
L'oeil égaré 
dans les plis
de l'obéissance 
au vent
par Victor Hugo

Seghers 



























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Météorologie, bulletin


de corps céleste qui traverse l'atmosphère
L.A. encre, collage et photographie 2008

à même l'image


L.A. encre, collage et photographie 2008