je prends
le jour comme une feuille de papier
je le froisse
je le froisse
non par colère
mais pour éprouver la texture du temps
dans le froissement
il y a
une façon d’écouter
ce que le jour refuse de dire d’emblée
les plis sont des chemins
les ombres des notes
les creux des hésitations du réel
la feuille n’est plus plane
le jour non plus
il devient un relief modeste
un territoire où la lumière
accroche différemment
ce geste simple désacralise le temps sans le réduire
on ne le vénère pas
on l’empoigne
dans les plis du papier froissé
quelque chose d’inattendu survient
une attention plus nette
une présence plus sobre
une manière d’habiter les heures
sans se laisser intimider par elles
je déplie alors la feuille le jour se défait de ses rides
mais quelque chose
demeure
un souvenir de forme
une mémoire des pressions
même revenu à plat
le jour porte la trace de ma main
et moi peut-être
je porte un peu mieux
la trace du jour
le tonnerre ouvre les yeux entre les murs
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