mémoire folie silence familial condition féminine
psychiatrie identité
ce livre est un récit hybride
entre autobiographie enquête et réflexion historique
Adèle Yon y explore l’histoire d’une femme de sa famille, longtemps réduite au silence et interroge la manière dont certaines femmes ont été qualifiées de folles parce qu’elles ne correspondaient pas aux normes sociales de leur époque
Le point de départ du récit est une figure familiale mystérieuse une femme surnommée Betsy dont on ne parle presque jamais
L’autrice découvre peu à peu que cette femme s’appelait en réalité Elizabeth et qu’elle a été internée dans un hôpital psychiatrique au milieu du XXᵉ siècle
À travers des archives médicales des documents familiaux des témoignages et sa propre réflexion Adèle Yon mène une enquête pour comprendre ce qui est arrivé à Elizabeth
elle met au jour une histoire marquée par
le poids du mariage
la maternité imposée
la violence symbolique et médicale
et une psychiatrie souvent utilisée comme outil de contrôle social
Le roman montre comment Elizabeth a été progressivement dépossédée de sa voix de son identité et même de son nom jusqu’à devenir une figure effacée de l’histoire familiale
En racontant cette histoire l’autrice cherche à réhabiliter Elizabeth à lui rendre son nom, sa complexité et sa dignité tout en questionnant les mécanismes de domination et de silence qui traversent les générations
le livre dénonce la manière dont la société a pathologisé certaines femmes jugées trop libres trop sensibles ou trop rebelles
il interroge la transmission du silence et des traumatismes familiaux
il pose la question essentielle de l’identité : qui décide de ce que nous sommes, et qui a le droit de raconter notre histoire
Mon vrai nom est Elizabeth est un récit puissant et intime qui mêle enquête familiale et réflexion féministe et qui redonne une voix à une femme effacée par l’histoire en montrant que retrouver un nom c’est aussi retrouver une existence
panorama des liens
entre Mon vrai nom est Elizabeth et d’autres œuvres majeures portant sur
la mémoire et la folie
Mémoire familiale et silence
La Place – Annie Ernaux
même démarche
d’enquête intime à partir de fragments et de souvenirs
Refus du romanesque
au profit d’une écriture sobre et presque documentaire
comme Ernaux
Adèle Yon écrit contre l’oubli et contre
le silence transmis de génération en génération
L’Usage de la photo – Annie Ernaux & Marc Marie
les objets et les traces
deviennent des supports de mémoire
la photo comme fragment du réel
comparable aux archives médicales chez Yon
la mémoire est lacunaire reconstruite à partir de restes
Folie féminine et enfermement
La Femme rompue – Simone de Beauvoir
femme écrasée par les normes conjugales
glissement progressif vers une souffrance psychique
la folie n’est pas innée mais produite par un système social oppressif
Histoire de la folie à l’âge classique – Michel Foucault
Lien fondamental
analyse historique de l’enfermement des fous
la psychiatrie comme instrument de normalisation sociale.
Mon vrai nom est Elizabeth illustre concrètement ce que Foucault théorise
Le Papier peint jaune – Charlotte Perkins Gilman
femme enfermée pour hystérie
narration de la descente dans la folie imposée
même critique des traitements psychiatriques faits aux femmes
Mémoire traumatique et reconstruction
W ou le souvenir d’enfance – Georges Perec
reconstruction fragmentaire de la mémoire.
impossibilité de dire directement le trauma.
chez Yon comme chez Perec l’écriture contourne le vide laissé par le silence
Dora Bruder – Patrick Modiano
enquête sur une personne disparue.
recherche d’une identité effacée par l’histoire.
Elizabeth comme Dora est une figure absente qu’il faut reconstituer
Folie et identité féminine
Une chambre à soi – Virginia Woolf
réflexion sur les femmes rendues folles par manque de liberté
Woolf évoque des femmes enfermées pour leur indépendance
Elizabeth incarne cette femme empêchée de vivre pleinement
Mon vrai nom est Elizabeth
s’inscrit dans une littérature de réparation
réparer une mémoire effacée
rendre justice à une voix confisquée
montrer que la folie est souvent une construction sociale
le roman dialogue avec de grandes œuvres qui interrogent
qui a le droit de parler
de se souvenir et d’exister