samedi, décembre 13, 2025

Perspective à vol d’oiseau 

le monde cesse 
d’être un ensemble d’obstacles et devient 
une figure continue
















les lignes se simplifient
les tensions se résolvent 
les drames se rétractent en formes
















ce qui 

au sol criait

s’apaise



les urgences perdent leur morsure

les frontières leur dureté


la hauteur n’annule pas le réel 

elle le rend lisible


à vol d’oiseau

le regard ne juge plus  

il relie


il ne s’attarde pas sur la blessure

mais sur le dessin qu’elle trace dans l’ensemble


la chute elle-même devient trajectoire


ce n’est pas fuir la terre que de s’élever

c’est lui rendre sa courbure



dans cette distance habitée

le regard découvre que comprendre

c’est souvent apprendre à voir de plus haut

sans jamais cesser d’aimer 

ce qui est en bas

























Ignotum per ignotius

éclairer l’obscur par plus obscur encore
savoir qui s’enfonce au lieu d’expliquer
stratégie de l’abîme
où la pensée
croyant avancer
apprend surtout 
la profondeur de son ignorance






avancer sans fond assuré
penser à partir du manque,
faire du vertige une méthode
là où toute certitude cède
le sens se risque 
ou se révèle


























La tisserande et le bouvier

une rivière d’étoiles entre eux
silencieuse exacte


elle noue le ciel fil à fil
il conduit lentement les heures

une nuit seulement
leur est donnée
et déjà l’aube défait
ce que le regard avait joint
l’espace entre eux
n’est pas distance
mais attente
le temps n’est pas fuite
mais intervalle accordé
ainsi l’univers se tient 
par une séparation juste
par une rencontre rare
par la patience
qui fait de l’écart
une forme de fidélité



























constante cosmologique

infime terme dans l’équation du monde
pression silencieuse du vide
qui écarte les galaxies sans bruit
énergie discrète de l’expansion
comme un désir inscrit au cœur du cosmos


13122025 


16 

ou 

la maison dieu



la foudre

                     n’avertit pas















elle traverse

           le ciel

                     comme une pensée

                                   trop vraie



les murs tiennent encore

          (croient-ils)

                         le temps d’un souffle



            puis



la maison

        se fissure

                 dans le nom même

                              de ce qui la soutenait



pierre

      après

             pierre



les certitudes tombent

             font du bruit

                         font du vide



        ce que tu appelais refuge

                       devient

                              passage



           chute



                    mais regarde



dans l’espace ouvert

           quelque chose

                    respire



la foudre

        n’est pas colère

                    mais écriture



une phrase verticale

           tracée

                    dans la nuit



elle ne détruit pas

              elle

                  révèle



ce qui s’écroule

           n’était qu’une forme

                          trop étroite

                                     pour le vivant



                 alors tombe

                          si nécessaire



car certaines vérités

           ne descendent

                    en nous

                          qu’à travers

                                   l’effondrement



et dans les ruines

           une lumière

                    sans murs

                             commence

                                      à se tenir debout



Intention typographique

Les espaces vides = le choc le silence après la rupture

Les chutes verticales = la foudre la perte de contrôle

Les fragments isolés = croyances brisées

La remontée finale = révélation, non reconstruction



Étoile de neutrons
cœur effondré
densité extrême
matière tassée jusqu’au vertige
où un grain pèse une montagne
astres réduits à l’essentiel
silence compact après la fureur















ici au nord la sainte borne
délimitant la frontière du domaine...


pierre dressée contre le vent
elle ne dit pas seulement où s’arrête la terre
mais où commence le sens
















elle sépare et elle protège
elle interdit et elle consacre
passée cette limite 
le pas hésite
le regard se fait plus grave
comme si le sol lui-même 
exigeait le respect
la borne n’est pas qu’un signe de propriété 
elle est mémoire figée
reste d’un pacte ancien 
entre l’homme, 
le lieu et l’invisible
au nord
là où le froid durcit les lignes
la frontière devient presque sacrée




chant de territoire


ici 
au nord
la sainte borne
pierre levée contre le souffle
marque la frontière du domaine












elle ne parle pas
mais le sol la reconnaît
et les pas ralentissent autour d’elle
Au-delà 
la terre change de voix
les herbes se couchent autrement
les ombres s’allongent selon d’autres lois
ce territoire n’appartient pas 
il se garde
il exige 
silence veille mémoire
les anciens l’ont nommé
par des gestes
par des feux allumés à la lisière
par des mots rares transmis à voix basse
ici chaque pierre sait son rôle
chaque vent connaît sa direction
et l’homme n’est qu’un hôte
sous la garde du lieu
chanter ce territoire
ce n’est pas le posséder
c’est s’accorder à sa limite
et accepter d’y demeurer
avec retenue et respect


























poésie  un débat extrêmement multiple

un dialogue incessant entre soi et soi où chaque mot s’interroge se défie et se réinvente Un dialogue avec les autres où le langage devient pont et miroir et où la voix de chacun se heurte et s’assemble à celle des autres Un dialogue avec les réalités si diverses celles que l’on touche que l’on rêve que l’on invente que l’on subit  La poésie n’est pas simple expression  elle est confrontation échange exploration Elle naît de l’entre-deux  de la tension entre intérieur et extérieur entre imagination et perception entre désir et vérité Chaque vers chaque phrase chaque silence est une tentative de saisir l’infini multiplicité du monde et de l’être  Ainsi la poésie est débat, non pour vaincre mais pour comprendre Elle est un espace où l’on se perd où l’on se retrouve où l’on touche ce que le langage seul ne peut contenir












les mots sont une vapeur sonore
ils montent de la bouche 
comme 
une brume fragile
ils vibrent 
un instant dans l’air
puis se dissipent
on croit les saisir
mais ils glissent
ils n’ont 
ni forme stable 
ni poids durable
ils enveloppent 
plus qu’ils ne frappent
ils suggèrent 
plus qu’ils n’imposent

ainsi
parler
c’est exhaler 
du sens
écrire
c’est tenter de fixer 
une vapeur
sans jamais 
en arrêter le mouvement


Rostislav Dymov 
1952–1999
Poète de la fumée et du passage 
ses vers disparaissent presque en se lisant
Figure culte des années 1980





































l’abîme semble fou sous l’ouragan de l’être


il n’est plus simple vide ni silence 
il devient chaos 
tourbillon
écho de nos tempêtes intérieures


















l’être en lui-même
emporte tout sur son passage  
certitudes limites
repères

et l’abîme 
qui paraît stable et insondable
se déforme sous cette force
révélant ses profondeurs insoupçonnées
ses replis invisibles



dans 
ce 
vertige 

elle mesure sa fragilité et son vertige



mais aussi 
sa capacité à percevoir 
l’infini dans le tremblement du monde

L’ouragan de l’être n’éteint pas l’abîme 
il le met en mouvement
le transforme 
en miroir 
de nos passions et de nos peurs

regarder l’abîme
ce n’est pas fuir la folie 
c’est comprendre que l’être lui-même 
est un vent capable de bouleverser 
la profondeur du monde






l’abîme 
paraît fou 
seulement sous
l’ouragan de l’être 
qui le traverse
















Le texte est expressif


il ne se contente pas de dire  
il vit 
il respire
il tremble
chaque mot 
chaque ponctuation
chaque silence est 
une vibration de l’esprit
un écho de l’émotion






























un texte expressif 
n’appartient pas seulement à celui qui l’écrit 
il se déploie 
dans l’imaginaire du lecteur 
il transforme 
la page en espace sensible
il fait parler 
ce qui ne peut se dire 
autrement que par le langage
être expressif
c’est donner à sentir 
ce que les formes seules 
ne sauraient transmettre
c’est rendre visible l’invisible 
audible le murmure intérieur 
tangible l’intangible





un texte expressif 

ne se lit pas seulement 

il se vit

il résonne

il fait parler l’invisible




















dans toutes les enveloppes les composants sont dissociés


chaque lettre
chaque fragment chaque secret voyage séparé
jamais tout à fait uni






















l’enveloppe est une promesse de cohérence 

mais à l’intérieur règne la dispersion 

le mot se découpe

le sens se fragmente

l’intention se dilue




ainsi va le monde 

même ce qui semble fermé complet

enferme des éléments séparés 

flottant 

indépendants



ce qui paraît un tout 

n’est qu’une juxtaposition de parts

chacune portant sa propre gravité

sa propre mémoire



c’est peut-être là la vérité des choses 

la cohérence est 

un geste de lecture

non de nature

dans le silence de l’enveloppe

chaque composant attend 

d’être assemblé par le regard

réuni par l’attention

relié par l’esprit



la dissociation n’est pas perte 

mais potentiel


l’incomplétude 

contient la possibilité d’infini





dans toutes les enveloppes les composants sont dissociés 


chaque enveloppe cache des fragments 

jamais le tout ne voyage entier


la séparation des composants n’est pas perte  

c’est le germe du lien à venir


les composants demeurent isolés 

jusqu’à ce qu’un regard les assemble


dans chaque enveloppe

le désordre contient sa propre promesse de cohérence















Dialogue de l’arbre 

Deep Dialogue

parole enracinée dans la terre

branches qui écoutent le vent et la lumière










conversation 
silencieuse entre racines et ciel
où le temps se plie et se déploie

où 
chaque 
souffle devient langage
profond



l’idée nue de l’arbre et de l’instant
forme essentielle suspendue dans le temps

le monde 
se réduit à sa ligne et sa présence
chaque feuille et chaque souffle deviennent sens

la perception pure s’éclaire
dans la simplicité absolue de ce moment






je ne veux savoir que mes moments heureux 

mon âme aujourd'hui se fait arbre 

hier je la sentis source 

demain....


m'élèverai-je 

avec la fumée d'un autel

ou tiendrai-je 

au-dessus des plaines l'altitude 

dans le sentiment de puissance du vautour 

sur ses lentes ailes

le sais-je...




Érable  

le Transformateur 

dont les feuilles rouges enseignent 

la beauté 

de la métamorphose


Érable champêtre  

Le Petit Résilient

montre que la grandeur naît 

des racines 

profondes















l’âme et la danse 


l’âme est profondeur

résonance

espace intérieur où tout s’accumule

tout se conserve

tout se transforme en silence


elle contient la mémoire des gestes

des passions

des désirs et des effrois  






















elle est la gravité invisible 

qui fait peser l’être sur le monde et le relie 

à l’infime comme à l’infini



la danse

le mouvement incarné de cette profondeur 


elle rompt les frontières

libère le souffle 

fait vibrer l’espace autour et en dedans


la danse est langage

mais langage du corps et de l’instant  


elle transforme l’âme en geste

la rend visible

mobile

respirante


entre l’âme et la danse se tisse 

une alchimie 

la danse exprime ce qui ne peut se dire

elle éclaire 

l’ombre de l’âme par la lumière du mouvement


l’âme donne la substance

la danse donne la forme


ensemble

elles créent un espace où la vie pulse 

un rythme intérieur qui devient extérieur

une force secrète qui se fait éclat





c’est peut-être là que réside la vérité  

l’âme se révèle seulement 

en oscillation 

en translation 

en battement avec le monde  

la danse est son souffle incarné




Transmutation 
du corps et de l’esprit
art secret des métaux et des âmes
où le visible se fond dans l’invisible
recherche du parfait équilibre
mélange du souffle
de la matière et du temps

















la source 
de tout est l’amour 
du Soi


centre invisible
énergie primordiale
étreinte qui traverse le monde
où l’être se reconnaît et se nourrit
tout jaillit de cette lumière intérieure
et retourne à elle
intacte et infinie













point sans contour
noyau du monde
silence qui soutient le mouvement
gravité muette de l’esprit et de la matière
là où tout converge et se tient
sans se montrer jamais
































promenade à travers 

une œuvre 

ou

l’enfant et la Mère




point et source
flux premier du monde humain
l’un dépend l’autre porte
présence tissée dans le souffle
où se noue la conscience du lien















la magie des choses

la lune

la soie

le maïs

l’importance d’être seul

un minuit


isolement fertile 
respiration de l’esprit
lieu où la pensée se déplie sans bruit
où le monde s’épure et se clarifie
solitude choisie
source du discernement et de l’éveil intérieur




















l’aventure intérieure 

ou 


mythe et témoignage

quand 

la lune ouvre l'horizon


voyage sans carte
territoire invisible
exploration des plis du moi
découverte des abysses et des lumières cachées
chaque pensée devient sentier
chaque silence halte essentielle



le tableau de mœurs

je clignais des yeux et pleurais


les héritiers et le bâtisseur

points de vue et vision

de fragments et de pierre






la grande idée 

ou 

les arbres et la forêt


maintenant d'autres pluies

maintenant des cyclones



éclair suspendu dans la pensée
forme pure
presque sans matière
qui ordonne le chaos en esquisse
elle frappe
légère et insaisissable,
comme un sommet invisible à gravir





la vision 

ou 

douze thèmes pour 

une harmonie

pour aimer

pour aller

pour altérer

pour allumer


regard où tout se tient
mélodie silencieuse des formes et des couleurs
rythme qui relie le monde et l’esprit
perception où le disparate se fond
et le sensible devient musique intérieure



forme et structure 

ou 

la voix des choses


j'ai lu que chaque instant était

une occasion de grâce

frappe légère de l’inattendu sur le quotidien
où le temps s’ouvre et se dilate
éphémère,mais absolue

la conscience s’incline devant le possible




la géométrie nouvelle 

ou 

les épousailles du nombre et de la grandeur



je pense que chaque instant est 

une possibilité d'art



l’éventail magique 

ou 

l’innocence

une circonférence en expansion





la topologie 

ou 

l’arpentage des brumes

change le monde en applaudissements





les topos 

ou 

le lit à deux places



mutation 

de la notion d’espace 

ou 

le souffle et la foi




je traîne avec le matérialisme

mais

je désire du mystère


aspiration vers ce qui se dérobe
faim de l’inconnu qui habite le monde
regard qui cherche sans saisir
souffle qui effleure l’ombre
et trouve beauté dans l’incomplétude



tous les chevaux du roi...


les motifs 

ou 

le cœur dans le cœur


à la découverte 

de la Mère 

ou 

les deux versants


l’enfant et la Mère



les cercles invisibles

traces du temps dans l’air
lignes jamais vues mais ressenties
où gravitent pensées et souvenirs
ordre secret mouvement discret
réseau silencieux du monde et de l’âme




la mort est mon berceau 

ou

trois marmots pour 

un moribond


coup d’œil chez les voisins d’en face


l’unique

ou 

le don de solitude


une Lettre

la lettre de mille pages





















La lune 

symbole de 

Shaun 












chargé de porter dans la nuit la lumière paternelle

d'où l'association avec Jésus

traditionnellement associée au féminin

la lune était cependant 

un symbole masculin chez les Celtes Tristan









Lune
éclat distant 
lumière médiatrice
image de la lenteur et du regard intérieur
reflet des cycles de la conscience
elle observesilencieuse
la dérive du quotidien et du moi


Shaun
figure de passage et de pesée
nomade intérieur dans l’espace de l’œuvre
il traverse la vie comme un souffle
chaque geste chaque silence
mesure le poids du monde quotidien.





























substance à base de miel

d'une saveur et d'un parfum délicieux

servant de nourriture aux dieux de l'Olympe 

et procurant l'immortalité à ceux qui en mangent

le nectar et l'ambroisie











nourritures de l’invisible
douceur réservée aux seuils divins
ils suspendent l’usure du temps
goût d’éternité sur la langue
où le mortel frôle l’immortel
















Piccata de foie gras de canard aux épices

frivolités de navet à la menthe


Chaud-froid d’oeuf mollet au cresson 

asperges vertes et caviar golden


Ravigote de petits pois aux écrevisses

émulsion à la coriandre


Navarin de homard et pommes de terre nouvelles au romarin


Escalopines de bar à l’émincé d’artichaut

nage réduite au caviar golden


Matelote de baudroie sauce miroir

melba de cèleri-rave


Viennoise de sole aux asperges

sabayon aux câpres et citron caviar


Noix de ris de veau rôtie à la sauce diable

estouffade de morilles


Royale de suprêmes de pigeon au cumin

duo de carottes et dattes confites


Côte de veau double braisée au jus

gratin de macaroni aux morilles 


Agneau de Lozère en croûte de poivre gris, 

artichauts violets à la grecque


Tarte fine sablée au cacao amer

crème glacée à la vanille Bourbon


Boule nacrée aux fraises des bois

crème foisonnée à l’aloe vera


Marquise meringuée aux fruits exotiques 

et rhum des Caraïbes


Cristallines feuilletées

mousseline de citron aux framboises



Goût d’éternité sur la langue
saveur suspendue entre le temps et l’instant
chaque effleurement devient mémoire
fragile et infini
où le corps touche
l’invisible qui l’habite



























Les quatre éléments



quatre manières pour le monde
de tenir ensemble


matière 

flux 

souffle 

flamme 


une cosmologie 
simple pour dire le vivant




























récit sobre de l’origine
tentative de penser le tout
sans bord ni centre
science et mythe y partagent
la même stupeur devant l’univers





























le vertige jongle

sensation donnant à une personne

l'illusion que son corps
ou que les objets environnants
sont animés 
d'

un mouvement de rotation ou d'oscillation

le vertige immisce les lèvres
le vertige envisage la dissection










vertige

perte d’axe 
chute immobile
le monde bascule sans bouger
l’espace se replie dans le corps
la pensée vacille
au bord de sa propre profondeur