mercredi, décembre 03, 2025


il nous faut 

un langage 

pour trouver notre sol

et formuler 

la vie ...




non un système clos

mais une trame suffisamment ferme

pour que la pensée puisse s’y appuyer

sans s’y enfermer























le langage ne décrit pas la vie 

il lui offre une surface d’articulation

un lieu où ce qui se disperse

peut prendre forme même provisoire



trouver son sol c’est d’abord trouver ses mots

non ceux qui expliquent

mais ceux qui situent

qui donnent une orientation minimale



des mots qui ne prétendent pas saisir

mais simplement reconnaître

ce qui apparaît

ce qui insiste

ce qui demande à être nommé

ne serait-ce que pour ne pas se perdre


la vie 
elle, 
ne se formule 
jamais 
entièrement


elle accepte des fragments

des lignes brisées

des phrases incomplètes

qui suffisent pourtant

à établir un contact avec le réel



ainsi le langage n’est pas un outil

mais un sol en construction permanente

une manière d’habiter le monde

en rendant visible

la part de sens

qui sans lui resterait diffuse




formuler la vie

c’est tenter de donner à ce qui passe

une tenue légère

assez stable pour être partagée

assez souple pour ne pas trahir







le temps dans tous les sens 

non comme une ligne
mais comme une dispersion contrôlée
un champ où chaque direction
a sa propre logique

il avance bien sûr
mais il se replie aussi
il stagne il se dédouble
il se glisse dans les interstices
que la conscience laisse ouverts

il y a le temps mesuré
celui qui ordonne les gestes
et l’autre plus vaste
qui ne compte rien
et se contente d’être là
comme une pression subtile
au bord des choses

dans certains instants
le temps se concentre 
il se resserre autour d’un détail
d’un mot d’une respiration
rendant tout le reste secondaire

dans d’autres
il se déplie à l’infini
s’étire jusqu’à devenir
presque absent
laissant place à une continuité
sans repères



le temps dans tous les sens
c’est reconnaître que la durée
n’est pas un seul mouvement
mais un ensemble de directions
que l’esprit traverse
selon son degré de présence

et peut-être qu’habiter le temps
ne consiste pas à le maîtriser
mais à accepter que sa forme
change avec nous
à chaque pas
à chaque silence

































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