dimanche, décembre 07, 2025

la frêle chronologie de notre ère touche à son terme 

merci pour ce qui a été  

je me suis trompé 

je me suis égaré 

j'ai perdu le compte 

et notre ère vibrait comme une sphère d'or



Ossip avance


























silhouette effilée dans la trame vibrante des siècles son manteau de poète pris dans un tourbillon d’époques et chaque pas qu’il fait soulève des poussières d’Alexandrie des éclats de Rome des étincelles de Leningrad endormie  il marche comme on traverse un poème trop vaste pour tenir dans une seule respiration un voyageur du temps dont les poches sont remplies de métaphores encore tièdes ramassées au détour d’un futur improbable ou d’un passé qui refuse de mourir, et son regard un peu grave un peu brûlé scrute les constellations comme on lit les marges d’un texte ancien il y voit la preuve que tout recommence que les mots ne s’usent pas que les siècles sont des chambres d’écho pour les voix têtues et lui Mandelstam s’y glisse passe entre les mailles du temps comme un nageur dans une eau trop claire laissant derrière lui le sillage d’une phrase inachevée une plainte de neige ou de feu on ne sait plus car le temps l’a broyée et recousue et lui continue toujours tendu vers l’horizon de la prochaine strophe de la prochaine ville qui n’existe pas encore ses mains tremblant légèrement du poids des mots qui veulent naître et quand il ouvre la bouche ce n’est plus un poète de chair qui parle mais une polyphonie d’époques qui se répondent un chant de pierres de révoltes de pas rapides sur les trottoirs de l’histoire un flux qui s’enroule et se déroule  qui roule et déferle emportant avec lui les murs  les règnes les hivers trop longs et Mandelstam  voyageur du temps marche encore porté par la certitude fragile que seul le poème traverse tout les années les gouffres les hommes  et qu’en retour lui ne fait que suivre la direction du vent des mots ce vent qui ne connaît ni frontières ni finales juste le mouvement éternel du verbe en train de naître







OSSIP

AGENT OMBRE-LUMIÈRE 
décodeur des signes dans l’air

il sait écouter ce que le monde chuchote dans ses pulsations secrètes

entre ombre et lumière

il traduit les vibrations du jour

rien ne lui échappe 

il lit les trajectoires invisibles


les lèvres de l'homme 
quand elles n'ont plus rien à dire 
gardent la forme de la dernière parole prononcée






















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