sans cicatrice visible
Une différence intérieure
elle ne se voit pas elle ne se prouve pas elle se déplace silencieusement dans la manière d’habiter un geste de traverser un jour de répondre sans répondre
ce n’est pas une opposition ni une rupture visible mais une légère torsion du regard un écart presque imperceptible entre ce qui arrive et la façon de l’accueillir
elle marche au-dedans sans laisser de trace extérieure comme une errance intime qui modifie la trajectoire sans changer la route
la différence intérieure n’isole pas elle approfondit elle creuse un espace où l’expérience devient plus dense où le monde est le même et pourtant autrement présent
Walker Evans
Berenice Abbott
1930
il existe une certaine Oblique de lumière les Après-midis
d’Hiver qui oppresse comme le Poids des mélodies
de cathédrale
c’est là que commence une vie
plus attentive
non par ajout
mais par déplacement subtil
du centre de gravité
de l’être
et alors une planche dans la raison a cédé
et le monde intérieur s’est entrouvert sans bruit
et le monde intérieur s’est entrouvert sans bruit
elle est tombée non dans le vide
mais dans une succession
de seuils
chaque choc révélant un autre plan du réel
chaque perte de connaissance ouvrant une conscience plus vaste
ce n’était pas l’effondrement mais le passage
la raison lâchant prise pour que l’expérience pure prenne le relais
la chute n’abolit pas le sens elle le déplace
et ce qu’elle a heurté
monde après monde
n’était peut-être que les parois successives
de sa propre profondeur

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire