lundi, décembre 15, 2025

 






Achille et la tortue  
lecture existentielle et métaphysique

le paradoxe 
d’Achille et la tortue formulé par Zénon
dit ceci 













le plus rapide 

ne rattrape jamais 

le plus lent

car il doit toujours atteindre 

un point où l’autre n’est déjà plus


classiquement les mathématiques résolvent le paradoxe

mais existentiellement 
il reste intact





Le temps comme poursuite

Achille 
c’est la volonté
le projet
l’élan


la tortue 
c’est le sens
la vérité 
la complétude

Achille court vers 

quelque chose qu’il imagine devant lui 

le bonheur la réussite l’accomplissement l’illumination


mais à chaque étape

le but recule

Le sens est toujours 

un peu plus loin que l’instant présent


Existentiellement 

nous ne manquons pas 

de vitesse

nous manquons 

de présence



Le piège de la projection

Achille 

perd parce qu’il pense le sens comme 

un objet à atteindre


il se projette dans l’avenir

découpe sa vie en étapes

transforme le présent en simple moyen


La tortue

avance lentement parce qu’elle 

ne poursuit rien



elle est déjà 

là où elle 

est

elle n’a pas à rattraper 

sa propre 

existence


Le retournement

le paradoxe se résout existentiellement
au moment du 

retournement de la sphère 

Achille 

cesse de courir vers la tortue


et comprend que 

la course elle-même est le lieu du sens


le problème n’était pas la distance

mais l’illusion 

qu’il y avait quelque chose à rejoindre


le sens 

n’est pas devant

il est dans la manière de marcher



Achille et la tortue nous disent 

courir plus vite 

n’amène pas plus près

diviser la vie en objectifs infiniment petits 

épuise

le présent n’est pas une étape mais 

un lieu



La tortue 

ne gagne pas parce qu’elle est lente

mais parce qu’elle n’est pas séparée de son pas


Achille ne perd pas parce qu’il est rapide

mais parce qu’il a cru que vivre

c’était rattraper 

quelque chose



*



Être-au-monde 

ce n’est pas être posé dans un décor 

ce n’est pas un sujet ici et un monde là-bas 

c’est déjà être pris engagé concerné avant toute pensée 

avant toute distance 

le monde n’est pas ce que je regarde 

il est ce dans quoi je me tiens 

ce qui m’atteint et me traverse 

et je ne suis pas un observateur 

mais une ouverture 

un lieu 

où les choses comptent 

où elles importent 

où elles ont du poids et de l’appel 

et exister ce n’est pas être présent comme une chose

mais être exposé jeté 

vers des possibilités toujours en avance sur moi 

et le temps n’est pas une ligne 

mais une tension 

et comprendre ce n’est pas expliquer 

mais se tenir lucidement 

dans cette ouverture fragile et finie 

où le monde advient en même temps que moi


*


Le zen 

ne cherche rien 

n’explique rien 

n’ajoute rien 

il s’assoit là où il est 

et laisse tomber les questions 

comme des feuilles 

le monde n’est pas un problème à résoudre 

mais un geste à accomplir 

boire le thé 

marcher respirer 

et dans cet instant 

sans commentaire 

sans attente 

sans but 

il n’y a plus de dedans 

ni de dehors 

plus de sujet face à l’objet 

seulement l’acte nu 

et quand la pensée 

cesse de courir après le sens 

le sens cesse de fuir 

et ce qui reste 

n’est ni vide 

ni plein 

mais simplement 

ainsi















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