samedi, décembre 06, 2025


Au commencement étaient la peur et le désir
 
deux forces sans nom
antérieures à tout langage
à tout geste
à toute forme de monde




la peur retenait

resserrait le cercle

mettait des ombres partout

où la lumière hésitait à naître






















elle enseignait la limite

le retrait

la prudence des premiers pas


le désir lui poussait vers l’avant

élargissait l’espace

ouvrait les jours comme on entrouvre une porte

dont on ne connaît pas encore la pièce


il était tension appétit d’être

promesse sans preuve


entre la peur et le désir

naquit une ligne fragile

un équilibre mouvant

où se tissa le premier acte de vivre



la peur disait  reste

le désir disait  avance

et c’est dans ce tiraillement même

dans cette alternance de recul et d’élan

que l’existence trouva sa forme 

ni fuite

ni conquête

mais une circulation continue

entre ce qui protège

et ce qui appelle


au commencement 

et peut-être encore maintenant

la vie se tient dans ce double foyer 

la contraction et l’ouverture

la retenue et la projection

la peur et le désir

comme deux battements

d’un même cœur ancien








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