Le pouvoir d’une route
ne tient ni dans sa longueur
ni dans sa destination
mais dans cette manière qu’elle a
de créer un axe dans l’indéterminé
une route ordonne l’espace
elle trace une ligne ferme
là où il n’y avait que dispersion
elle propose une direction
sans promettre l’arrivée
son pouvoir est discret
elle ne force rien
elle laisse simplement entendre
qu’il est possible d’aller quelque part
même si ce quelque part
reste à inventer
la route n’explique pas
elle accompagne
elle accueille le pas
elle mesure le temps
par la succession des gestes
par l’alternance régulière
de l’effort et du souffle
chaque route est une hypothèse
un fil tendu
à travers le monde et en soi
une manière de répondre
à l’appel du lointain
on croit parfois la suivre
mais c’est elle souvent
qui nous entraîne
vers un espace plus vaste
vers un regard plus calme
vers une compréhension
qui ne se dit pas encore
le pouvoir d’une route est d’être un commencement continu
elle nous met en marche avant même que nous sachions
pourquoi nous avançons
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