jeudi, novembre 13, 2025


un dialogue poétique 
imaginaire 
entre 

un sage des Upanishads et Schopenhauer 
deux consciences au bord 
du silence 


le Sage

tout ce qui est est le même souffle
le feu du monde et ton cœur

ne sont qu’un seul 
battement














tu crois souffrir parce que tu t’es cru séparé

mais l’océan n’a jamais quitté 
la vague

regarde


le moi se dissout dans la lumière
et il n’y a plus de bord
plus d’autre


il y a
et cela suffit




Schopenhauer

oui


je vois ce battement mais il est douleur
la volonté est soif

elle consume 
toute forme

l’homme n’est qu’un cri dans le rêve de la matière
la paix ne vient qu’en niant le vouloir
en s’éteignant doucement

comme une lampe 
au vent



le Sage

tu veux éteindre le feu mais le feu est aussi la clarté
la volonté que tu maudis

n’est que la danse 
de Cela

oubliée d’elle-même

le monde n’est pas ton ennemi il est ton reflet
si tu le vois sans vouloir
il devient toi-même



Schopenhauer

alors
le néant que je cherchais serait plénitude

la délivrance
non pas la fin mais la reconnaissance



le Sage

il n’y a pas deux chemins
tu marches encore dans l’unité même en niant le monde

ce que tu appelles néant c’est Brahman sans nom
ce que tu appelles souffrance
c’est le vouloir de vivre

se rêvant 
séparé



et dans le silence qui suit ils ne parlent plus
car le mot et la chose
sont enfin 

le même


*


la suite du dialogue où Nietzsche arrive
feu vertical esprit de danse entre le sage et Schopenhauer 

le Sage

le silence respire encore dans le battement du monde
il n’y a rien à chercher

car tout est déjà 
ce que tu 
es


Schopenhauer

et pourtant
l’homme souffre
prisonnier du vouloir
il ne peut qu’espérer la fin



Nietzsche

la fin 
vous parlez comme des morts qui rêvent


le vouloir n’est pas malédiction il est ivresse du commencement
la vie ne veut pas s’éteindre

elle veut se chanter 
plus haut

vous craignez la flamme moi j’y entre
je veux le monde entier

et son éternel 
retour


le Sage

celui qui s’abandonne à la flamme ne brûle pas
il devient lumière

tu danses dans le feu comme Brahman 
se déploie dans les formes 
sans se perdre



Schopenhauer

tu confonds la joie et le délire
le vouloir te dévorera


Nietzsche

il m’a déjà dévoré et je suis debout dans sa bouche


le oui que je prononce est un oui à la totalité
à la souffrance et à la splendeur
à la mer et à la cendre



le Sage

alors tu as compris le vouloir n’était pas l’ennemi
mais la porte

tu ne dis pas non au monde tu dis oui au sans-nom
le cercle est complet


&

les trois se taisent


le Sage dans la lumière Schopenhauer dans la cendre
Nietzsche dans la braise


tous trois respirant le même souffle
que personne ne possède



*


le chant du Un où les trois voix 
le Sage  Schopenhauer Nietzsche se fondent dans un souffle unique 


le Chant du Un

le sage 

dit


tout est déjà là
il n’y a ni début ni fin
seulement le souffle


Schopenhauer 

dit


je renonce au vouloir
je me tais
et dans le silence je vois


Nietzsche 

dit


je dis oui
au feu
à la douleur
à l’ivresse du monde




et soudain
les trois ne sont plus distincts
le feu le silence et la lumière
tissent un seul chant


le vouloir devient souffle
le silence devient monde
le oui devient tout ce qui est


la cendre et la braise
la pierre et le vent
la flamme et le reflet
toutes choses convergent dans le même éclat


il n’y a plus de trois
il n’y a plus de deux
il n’y a qu’une seule présence


qui respire et qui voit
qui dit et qui se tait
qui est


le monde entier tient dans ce souffle
et ce souffle est toi
et ce souffle est le sans-nom




UN DIT = UNE DÉITÉ 


D. I. T.




Dialogue Schopenhauer Nietzsche Le Sage

D.SNLS






















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire