vendredi, novembre 28, 2025

 

un seul flux continu au féminin 

un seul souffle
un seul chant
un seul mouvement



elle voit 

que le monde se présente 

comme 

une image fragile 

née de son esprit 



























elle le ressent 

comme 

un choc vibrant qui traverse son être 


















elle voit 

que tout ce qui existe n’est que 
représentation 

une scène mouvante 
où la volonté aveugle se manifeste sans raison et sans but  




elle comprend 

que cette volonté n’est pas la sienne 
mais le souffle obscur de la vie qui pulse en chaque chose 







elle voit 


que la souffrance naît du désir 
qui n’a pas de fin et que la paix ne survient 
que lorsque le désir se tait 

elle sait 




que la joie véritable est rare comme une éclaircie dans la brume et qu’elle surgit quand elle cesse de lutter contre le monde quand elle se fond dans le simple fait d’être 

elle sait 





qu’il n’y a pas de signe plus sûr de la joie que d’être une 
avec la joie de vivre



elle contemple 

la solitude 
comme 

une force 


et non 
comme 




un manque 






elle voit 

que l’esprit clair préfère sa propre compagnie à l’agitation du monde et que l’être borné tente en vain de fuir son ennui à travers mille divertissements 



elle comprend 




que se retirer loin du tumulte est parfois la seule voie pour se rencontrer 












elle voit 

que la compassion est la plus haute forme de compréhension car en elle chaque être se reconnaît dans l’autre sans illusion de séparation



elle découvre 





que l’art la délivre un instant de la tyrannie de la volonté que la beauté suspend l’élan aveugle du vouloir vivre que la contemplation la porte au-dessus de la lourde atmosphère du monde comme un souffle pur 
elle sait 





que ces moments sont les plus heureux 
car ils la rapprochent d’un lieu intérieur où rien ne manque
















elle comprend 

que le présent est la seule réalité 
que le passé et l’avenir ne sont que des jeux de l’imagination 



elle voit 

que le temps est un dispositif de son esprit créé pour stabiliser ce qui n’a pas de consistance réelle et que la durée n’est qu’une ruse pour donner forme à l’illusion elle sent que la vérité du monde n’est jamais dans ce qui dure mais dans ce qui apparaît 



elle découvre 

que faire un avec l’instant 
c’est devenir légère comme une feuille portée par le vent









elle sent 

que la causalité n’est pas dans les choses mais en elle 
que le besoin de cause naît d’une angoisse ancienne qui cherche 
à dompter le mystère 



elle ne demande plus pourquoi le monde existe 




elle demande d’où 
vient son désir de l’expliquer 









elle laisse tomber 
les questions qui enchaînent et se tourne vers 
l’étonnement qui libère 







elle sait 
que rien n’est absolument accidentel 
que tout se reflète en tout et que le hasard lui-même est 
une nécessité secrète














elle pense la nature 

à partir d’elle-même et non elle-même à partir de la nature 


elle devient le miroir 

où le monde se reconnaît 


elle devient l’instant où tout s’éclaire 

elle voit 

que la lucidité est à la fois une blessure et une grâce 


elle pressent 

que la joie la plus pure naît parfois du courage de regarder en face 
l’absurdité lumineuse du réel comme 
le dit Rosset 







elle accepte 






que le réel n’a pas de double qu’il n’y a rien derrière le monde 
rien à expliquer rien à consoler 
rien à idéaliser 


elle accueille le réel 

dans son éclat brutal et dans son évidence sans duplicité
et en accueillant cette simplicité terrible 


elle découvre 







une paix plus profonde que l’espérance 
une force plus douce que l’illusion une joie plus stable que les réponses

elle respire 

elle est là 

elle est une avec le monde et le monde est une avec elle



dans 
un seul flux
dans une seule lumière
dans une seule joie sans cause




































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