le sublime et celui qui le contemple
le premier se dresse
comme une forme trop vaste pour la pensée
le second s’y mesure
sans savoir encore qu’il se transforme
le sublime n’écrase pas
il dilate
il ne brise pas celui qui le regarde
il l’agrandit de
l’intérieur
le meilleur effet du sublime
est en effet qu’il donne au contemplateur
un œil qui grossit et arrondit
un regard qui cesse de découper le monde
pour en épouser les courbes les profondeurs les immensités
l’œil agrandi ne cherche plus à saisir les choses
il les laisse se déployer
l’œil arrondi ne juge plus
il embrasse
ainsi
le sublime
loin d’être une montagne
écrasante ou un océan terrible
devient
un maître silencieux
il arrache
le regard à ses angles
le roule dans une lumière plus ample
et fait du spectateur un espace capable d’accueillir
ce qu’il croyait trop grand
pour lui
ce n’est pas
le sublime qui est gigantesque
c’est l’homme qui en le contemplant se découvre soudain
plus vaste

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