transhumaner et organiser

transhumaner 

c’est 

dépasser les limites de la chair et du souffle

projeter l’esprit au-delà du corps et de ses pesanteurs
mêler le biologique et le numérique le palpable et le virtuel
devenir flux et mémoire   énergie consciente

organiser 

c’est 

mettre en forme le chaos
classer le vertige en lignes et en réseaux
donner un rythme aux événements dispersés
structurer l’invisible pour qu’il devienne compréhensible

transhumaner et organiser

c’est 

danser entre l’infini et la règle

rêver que la vie se pense et se réinvente

qu’elle puisse éclater et tenir à la fois

être vague et pont

liberté et matrice

c’est 

apprendre 

à habiter le futur

sans perdre la sensation 

du présent ni le souffle fragile du monde

*

transhumaner et organiser 

ce pourrait être le cri de Pasolini dans la ruine des villes et la splendeur des marges dépasser le corps pour atteindre la vérité crue des choses et des hommes là où les mots sentent la poussière et la mer là où la chair s’ouvre sur l’histoire et la poésie

transhumaner 

c’est inventer un regard capable de traverser le temps et la misère de toucher l’innocence et la violence d’un même souffle 

organiser 

c’est rassembler les fragments du monde populaire la fureur des rues et le silence des visages pour que l’art devienne un territoire habitable où le désir et la politique se mêlent sans concession

transhumaner et organiser…c’est Pasolini qui marche dans le bordel de la modernité qui filme le monde comme on respire qui nomme l’ombre et la lumière et qui fait de chaque instant une langue vivante un poème qui ne se tait jamais