le regard 

qui saisit l'étoile polaire 

saisit aussi la Petite Ourse qui l'inclut et la Grande Ourse 

qui l'avoisine

le regard qui saisit l’étoile polaire
ne s’arrête pas à son 

éclat isolé

il perçoit aussi la Petite Ourse qui la porte
et la Grande Ourse 

qui l’entoure

voir

c’est être attentif 

à la totalité des liens

comprendre 

que chaque point lumineux existe 

dans un réseau

l’infime et le vaste 

se répondent

la stabilité d’une étoile n’existe 

qu’en relation avec l’univers qui l’abrite

***

variantes poétiques et fragmentaires

l’étoile polaire
tient la Petite Ourse dans sa main
la Grande veille

un regard se pose
sur l’éclat immobile
tout l’univers répond

lumière qui s’étire
de la Petite à la Grande Ourse
le ciel respire

l’étoile du nord
marque le centre mouvant
des constellations

fixer l’étoile
c’est embrasser en silence
toute la ronde du ciel

un lac réfléchit mieux les étoiles qu’une rivière

le lac est un miroir immobile
il recueille le ciel dans son silence

la rivière elle court et chante
ses reflets se brisent et se dispersent

ainsi pour contempler l’infini
il faut parfois la patience d’un repos
le calme d’une surface prête à recevoir la lumière
non le tumulte du mouvement qui emporte tout