samedi, novembre 22, 2025











les sept degrés du Voyageur du Temps
tels qu’ils se transmettent dans les couloirs silencieux de la Confrérie 
sous forme de seuils de mutations de renversements internes 
















le frémissement

c’est le premier signe


un décalage léger dans l’air
une sensation d’être en avance ou en retard sur soi-même

le Voyageur 
pressent que le temps n’est pas solide

un instant s’ouvre 
comme une feuille qu’on retourne par erreur  
il comprend que quelque chose l’appelle



le débranchement

ici commence la rupture
le Voyageur cesse d’être soumis à la narration ordinaire

il voit 
les heures comme des couches

les souvenirs 
comme des chemins accessibles

les possibles 
comme des réservoirs

il se détache du fil unique 
sans effort presque par glissement intérieur



la transparence

le temps devient translucide
les frontières entre passé et futur s’amincissent


des images 
viennent de loin
 
des voix d’avant résonnent 
avec des choses qui n’ont pas encore eu lieu

le Voyageur 
apprend à ne plus distinguer trop vite 
il accueille la simultanéité comme on respire



le point immobile

le cœur du Voyageur 
se stabilise dans un instant qui ne passe pas

le flux continue autour 
mais lui demeure dans un centre inaltérable

ce point est l’axe silencieux 
là il voit que le mouvement du monde 
n’est qu’une danse autour d’une lumière immobile


l’expansion

le Voyageur traverse les couches 
du temps comme on traverse des pièces communicantes

il peut entrer dans un souvenir 
aussi facilement que dans un futur possible

les lignes s’écartent
les angles s’ouvrent la conscience se multiplie sans se diviser

il découvre 
que l’identité est une membrane poreuse



la fusion

ici le Voyageur n’est plus dans le temps 
il est le temps qui se regarde lui-même

toute 
séparation se dissout


l’avant et l’après 
se replient dans le même geste


l’existence devient 
un miroir sphérique  chaque point 
touche tous 
les autres


la clarté suprême

le dernier degré 
n’est pas une fin mais une évidence


le Voyageur voit 
que tout est déjà accompli, déjà ouvert déjà unifié

il devient un témoin 
transparent du jeu des événements

il circule sans effort 
sans trace sans histoire personnelle

c’est là qu’il peut transmettre
non par enseignement mais par présence


c’est là 
que naît le véritable Voyageur 


celui 
qui traverse sans bouger

celui 
qui éclaire sans briller

celui 
qui apparaît là où le temps se déplie
















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