mercredi, octobre 29, 2025

 



cantos de la pierre et de la mémoire 

une épopée métaphysique écrite dans un flux verbal sans ponctuation 
où le français l’espagnol et le latin se tressent comme des échos 

un poème-fresque où l’archéologie 
devient liturgie et la matière rêve d’elle-même









CANTOS DE LA PIERRE MÉMOIRE DES FORMES

la pierre parle en spirales 
non en mots 

elle ne raconte pas 
elle se souvient

le vent tourne 
sur son axe de lumière et dit 

memoria est la raíz del mundo


je creuse le sol et c’est le ciel qui s’ouvre dans la poussière des siècles un battement persiste comme un cœur de basalte nul marteau nul métal seulement le souffle qui taille la perfection dans le silence


on dit qu’un peuple est passé ici mais le peuple était peut-être le temps lui-même le temps qui assemble et qui désassemble lapidem super lapidem jusqu’à ce que la pensée prenne forme je touche les angles je sens la raison se dissoudre comme du sel dans la lumière l’ordre est trop pur pour être humain trop humain pour être divin un équilibre suspendu entre la géométrie et la foi


au centre un bloc fendu s’incline comme une prière brisée je vois dans ses lignes l’ombre d’une écriture non encore inventée les lettres sont des pierres les pierres sont des noms et chaque nom est un poids qui retient le monde à son axe memoria viva memoria dormida toutes les civilisations respirent dans ce même souffle de poussière


je me souviens d’avoir rêvé d’un architecte sans visage il dessinait avec des cordes de vent et des éclats d’étoiles il disait ars longa vita brevis puis disparaissait dans la courbure du silence je crois que ses plans étaient faits d’échos et non de lignes et que c’est le vent lui-même qui a posé les blocs


LA SCIENCE ET LE RÊVE

dans le laboratoire des ruines la pensée mesure les ombres l’homme croit déchiffrer mais c’est la pierre qui le lit les chiffres se défont dans la poussière les mesures deviennent prière materia sancta disent les anciens car tout ce qui existe se souvient de sa forme initiale je compte les blocs comme on compte les battements d’un cœur qui ne veut pas mourir

quelqu’un écrit mon nom dans la poussière je ne sais pas si c’est moi ou la pierre je cherche une équation qui respire un alphabet capable de dire le poids du silence dans les interstices je trouve des rêves pétrifiés des mots fossiles 

la mémoire du monde ne se perd pas 
elle se transforme 
elle devient 
mur angle 
jointure 
souffle


L’ARCHITECTE  INVISIBLE

une nuit sans lune la montagne s’est ouverte un vent s’est levé non pas du ciel mais du sol il portait des sons d’avant le langage et j’ai vu dans l’air des silhouettes tailler la lumière avec leurs mains nues leurs gestes étaient précis et lents comme s’ils connaissaient la fatigue du futur

l’architecte invisible traçait des lignes qui se repliaient sur elles-mêmes chaque forme contenait sa propre disparition chaque angle engendrait une mémoire omne corpus umbra est tout corps est ombre et toute ombre un passage vers l’origine

alors j’ai compris que la perfection n’est pas un sommet mais un cercle que tout ce qui s’élève porte déjà en lui le souvenir de sa chute et que bâtir c’est répéter le premier geste du monde celui où le chaos accepta de devenir forme















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