mercredi, octobre 29, 2025

 

A R Ammons naît en 1926 dans une ferme de Caroline du Nord il grandit parmi les champs les rivières les collines où le vent semble déjà lui parler il étudie les sciences naturelles il observe le monde avant de vouloir le dire il découvre que la langue peut être une rivière aussi fluide que la terre qu’il laboure après la guerre il enseigne écrit enseigne encore 

sa poésie naît de la marche du regard de la solitude il n’écrit pas pour expliquer mais pour écouter il laisse le monde parler à travers lui il vit dans la discrétion la simplicité il regarde les choses ordinaires et leur donne une profondeur cosmique il croit que chaque mot peut contenir une galaxie il publie des recueils comme Corsons Inlet Sphere Garbage où la nature et la pensée se fondent en une même respiration 

il reçoit les plus grands prix américains mais reste un homme de silence un homme des chemins et des feuilles il meurt en 2001 laissant derrière lui non pas des certitudes mais des traces de présence des gestes d’attention dans le flux infini du monde










Corsons Inlet (1962) 

I see narrow orders limited tightness
but will not run to that easy victory
still around the looser, wider forces work
I will try
to fasten into order enlarging grasps of disorder enlarging scope
but enjoying the freedom that
Scope eludes my grasp that there is no finality of vision
that I have perceived nothing completely
that tomorrow a new walk is a new walk

dans ce poème Ammons médite sur la promenade
la perception et le chaos vivant du monde

il refuse les systèmes et célèbre la fluidité du réel
la beauté de ce qui échappe



Corsons Inlet  traduction libre

je vois des ordres étroits
des serrures minuscules de sens
mais je ne courrai pas vers cette victoire facile

autour encore travaillent les forces plus vastes plus lâches
je tenterai
de lier un instant en ordre l’élan du désordre
d’élargir l’emprise d’une forme qui s’échappe

mais je goûte aussi la liberté
de savoir que la portée me fuit
qu’il n’y a pas de vision finale
que je n’ai rien perçu tout à fait
que demain une nouvelle marche
sera une marche nouvelle


dans cette écriture 
Ammons marche dans la nature et pense avec le paysage
le poème devient un espace 

ouvert 

où 

penser = marcher = respirer


l’ordre n’est qu’un moment dans le chaos
et le chaos une promesse d’infini

















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