LA NÉCESSITÉ DE NOMMER LE GÉNOCIDE
dans ce contexte apocalyptique face à l’ampleur vertigineuse des destructions plus de 42 000 bâtiments détruits ou endommagés selon les données satellitaires de l’ONU UNOSAT 32 hôpitaux visés ou anéantis d’après Médecins Sans Frontières environ 400 écoles endommagées ou détruites laissant plus de 600 000 enfants sans accès à l’éducation
le bilan humain est effroyable plus de 15 000 enfants tués soit 44 % des victimes recensées parmi les quelque 57 000 personnes décédées depuis le début du conflit selon les chiffres croisés du ministère de la santé de Gaza et des agences internationales
ces logiques d’effacement s’accompagnent d’un silence politique d’autant plus assourdissant qu’il est masqué par la rhétorique humanitaire ou l’abstention diplomatique
les chiffres ne sont pas seulement des données ils sont les traces d’un monde détruit d’une réalité que la langue officielle refuse de dire
l’usage du mot génocide n’est ni une outrance militante ni une provocation rhétorique
il s’agit d’un impératif éthique intellectuel et juridique
ne pas nommer c’est consentir
ne pas nommer
c’est effacer
et au moins à deux reprises
d’abord les corps
puis
le sens même
de leur
disparition
l’accusation de génocide repose ici sur des critères définis dans la Convention des Nations Unies de 1948 volonté d’anéantir en tout ou en partie un groupe national ethnique ou religieux par des actes de meurtre de destruction des conditions de vie d’empêchement de reproduction de transfert d’enfants etc.
or ce ne sont pas les intentions seules qui qualifient juridiquement un génocide mais le caractère systématique et délibéré des actes
à Gaza ces éléments
sont présents documentés publics assumés
nommer le génocide
c’est donc rétablir une ligne de discontinuité dans l’espace discursif et politique là où le langage tend à se neutraliser lui-même par euphémisation relativisme ou saturation
c’est dire qu’il existe encore un seuil à ne pas franchir un interdit structurant pour toute éthique politique digne de ce nom
c’est refuser de laisser s’installer un régime d’indifférence absolue où l’extermination devient un bruit de fond une donnée parmi d’autres
nommer le génocide
enfin ce n’est pas désigner un coupable abstrait mais désigner un processus historique et une logique d’État à l’œuvre au nom d’une souveraineté sacralisée au nom d’un mythe sécuritaire devenu absolu
c’est réinscrire la mémoire des événements dans un ordre symbolique clair qui redonne aux morts un nom une adresse une vérité
c’est comme le disait
Robert Antelme
affirmer
que
l’homme
même au fond de sa déchéance imposée
demeure l’homme
aucun appareil militaire
aucun récit national
ne peut révoquer
cette part
commune
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