mercredi, juillet 30, 2025

à 
propos 
d’

inquiétante étrangeté 


on sait que dans son célèbre article éponyme  Das Unheimliche  Freud affirme qu’elle appartient à un domaine particulier de l’esthétique où prédominent l’angoisse et l’épouvante quand elles surviennent au sein de ce qui était depuis longtemps familier 

il la relie aussi aux choses aux situations aux événements dans lesquels nous repérons quelque chose qui se répète 

lorsqu’il est non intentionnel 
explique-t-il



le facteur de répétition imprime le sceau de l’inquiétante étrangeté à quelque chose qui serait sans cela anodin et nous impose l’idée d’une fatalité inéluctable là où nous n’aurions parlé sans cela que de hasard


















de là à tirer de ces phénomènes une signification probante il n’y a qu’un pas volontiers franchi nous dit Freud par les névrosés obsessionnels 

et dans un domaine bien particulier  celui de nos relations à la mort aux cadavres aux esprits aux fantômes 

il est clair que pour l’inventeur de la psychanalyse s’il est un signe d’infantilité qui domine la vie des névrosés en proie à la toute-puissance des pensées c’est bien d’accentuer à ce point la réalité psychique par rapport à la réalité matérielle

















et pourquoi pas  

ai-je souvent eu envie de lui répondre

la vie n’est-elle pas remplie de coïncidences et pas seulement dans les rêves 

de dates de lieux de rencontres

d’événements auxquels nous n’accordons aucun sens et que nous négligeons de relier entre eux

des synchronicités pour parler comme Jung qui définissait ainsi la survenue de deux événements concomitants sans relation de causalité possédant une signification pour l’observateur


alors qu’y prêter attention et les interpréter vous rend vite coupable de céder aux sirènes de l’irrationnel du surnaturel des puissances occultes  voire de la superstition et de la bêtise  les ignorer ou les négliger est à mon avis un grand tort 

car si comme le prétend le penseur italien 
Roberto Calasso  

la coïncidence 
c’est l’apparition d’une constellation dans la vie 
de chaque individu  

rien n’est plus enchanteur que ces phénomènes parallèles qui nourrissent l’intuition que notre existence n’est pas complètement le produit d’un chaos aléatoire d’une contingence arbitraire  

voire l’idée un peu folle qu’elle possède un sens qu’il nous serait loisible de déchiffrer à travers les coups du sort ou de ce qu’on appelle pompeusement  le destin 


il suffit de se rendre consciemment attentif à certains surgissements d’êtres et de choses 

à ce qui se répète insiste revient ne veut pas nous lâcher insiste mieux revient encore 

il peut s’agir de chiffres et de saisons 

d’apparitions d’êtres de chair et d’os 

ou encore 
de livres importants 
qui agissent au bon moment comme 
des révélations


est-ce infantile comme le pensait Freud 

je ne crois pas 

enfantin 

peut-être 

et donc aussi créatif que gratuit


en dépit de ses dehors confus parfois illogiques de son désordre apparent n’est-il pas tentant et même excitant de donner sens à la trame existentielle qui est la nôtre et qui, si nous l’étudions bien l’interprétons correctement la méditons à fond, nous apparaîtra alors justifiée 


semblable à un air bien connu à une mélodie dont nous avons appris à repérer les thèmes principaux et les leitmotivs il ne sera alors pas dit que notre vie s’est déroulée n’importe comment 

sans rien y comprendre 

à l’aveugle

pour rien 

il ne sera donc pas dit non plus qu’elle n’a pas été merveilleuse  et donc belle  au sens surréaliste du terme


si nombreux sont les êtres qui n’y prêtant aucune attention se contentent faute d’exister de cet abrutissement qui s’appelle vivre il me semble avoir atteint l’âge où il devient possible de retourner la trame embrouillée du tapis pour découvrir enfin ses motifs


s’élucider soi-même à travers les méandres de sa propre trajectoire implique nécessairement de remonter le cours du Temps comme on le ferait d’un fleuve 

sachant que l’existence est à certains égards labyrinthique, remplie d’épreuves et d’épiphanies en attente de déchiffrement le  


connais-toi toi-même  

socratique 


est 
indissociable 
du 
 

deviens qui tu es  

nietzschéen




FS.CG.

















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire