vendredi, mai 09, 2025

 lire c'est se réveiller 

je lisais et je brûlais

je ne savais que faire face à ces sourds et à ces morts dont j’avais fait partie moi le fléau l’aboyeur amer et aveugle dressé contre les écritures ruisselantes de miel du miel céleste et resplendissantes de lumière de ta lumière... Augustin






mais lire 
c’est surtout 
entrer en soi-même 






























apprendre à se considérer comme un monde 
de signes 
de messages codés 
de rébus 

en somme le Diable ne voudrait pas que je me déchiffre alors que Dieu ne demande pas mieux 

découverte étonnante mais qui explique sans doute les passions aussi bien cléricales qu’anticléricales 

tu ne liras pas par toi-même voilà ce que les pouvoirs ont à dire à chacun 

détenir 
le sens 
l’interprétation
le savoir 
le sacré 
est la vraie préoccupation des siècles 

l’expérience intérieure directe dérange toujours la surveillance du spectacle des générations et des corruptions 

le verbe 
lui

demeure en lui-même et jamais ne vieillit 

mieux
 
il  renouvelle toutes choses  

il a donc
dans son ancienneté vertigineuse la priorité sur toute nouveauté

la preuve en est la célèbre méditation 
d’Augustin ici extraordinairement novateur sur 

les vastes palais de la mémoire 

il existe 
d’une autre façon qu’il le croit 

il est 
plus ample
plus diversifié
plus profond qu’il ne l’imagine 

bref 
il s’aperçoit qu’il passe son temps à ignorer le temps à se réduire en le réduisant à accepter la fausse image que les autres ont de lui alors qu’il est plein 

de  cachettes  
de  cavernes  
de  mystérieux replis sans nom  
dont le sommeil l’oblige à reconnaître la persistance

Philippe Sollers






























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