deux chansons 

des tiges 

de bambous   saules verdoyants au bord 

de la rivière calme  

j’entends 

le son de tes chants sur le torrent

 

à l’est

le soleil apparaît

 

à l’ouest 

il pleut  

l’éclaircie 

n’est pas 

là 

elle y 

est 

pourtant

chez Heidegger 

l’éclaircie Lichtung 

n’est pas simplement une lumière 

qui perce ou un moment de beau temps  

c’est 

un concept fondamental presque ontologique

l’éclaircie

l’ouverture où l’être peut apparaître

le dégagement qui rend possible la vérité

l’espace libre 

la clairière dans la forêt 

où les choses sortent de l’obscurité pour se montrer

Heidegger ne pense pas l’éclaircie comme une illumination mystique 

mais comme la condition même de toute apparition 

il faut un espace ouvert une mise à nu pour que le réel puisse se manifester

dans la forêt dense du monde l’éclaircie est ce lieu 

où le voile se déchire 

où l’être respire 

où la présence devient sensible 

ce n’est pas nous qui produisons cette ouverture  

c’est l’être qui nous ouvre et nous n’avons qu’à laisser paraître

ainsi l’éclaircie heideggérienne est le cœur de la vérité 

comme dévoilement 

l’espace 

où le monde cesse d’être opaque 

et commence à se montrer tel qu’il est