que les mots agissent dans toutes les directions possibles

je pars

 

pour la millionième fois 

rencontrer 

la réalité 

de l’expérience et façonner 

dans la forge 

de mon âme la conscience incréée 

de ma race 

des mirages rien que des mirages

façonnés par les mots pour

peupler le désert

de l'oubli

être 

à l'écoute 

demande

un effort constant 

une attention prenante

il y a

beaucoup

de possibilités

une reprise 

se manifeste minutieusement 

dans les ombres

de la soirée

heureux renversement

par lequel ce qui n'a pas eu lieu 

se reconnaît à distance

comme

un produit innocent de la mémoire

un mince

fuseau solaire

rehausse

d'une touche ardente

la caisse obscure

du chœur

comme 

un chandelier

éclaire

le vide solennel

de la nuit

il n'est pas nécessaire 

d'avoir l'impression 

que tout 

a 

un début 

un milieu 

une fin

dans le chaos 

de glaces et 

de nuit 

du pôle 

un ciel suave  traversé de flammes

un violet impur

puis

un rose solennel

une odeur presque alcoolisée

la pêche ne s'arrête jamais

la poésie

est opposée 

à l'art

elle rayonne dans toutes les directions

elle ajoute

au désordre 

de la vie

dans la grande maison de vitres...

très vite

des pans

entiers

de mots

des moments

d'intense

liaison

du détroit d'indigo aux mers d'Ossian sur le sable rose et orange...

la poésie contient le futur de la langue

avant d’atteindre le règne du silence

chaque mot sera 

un ornement de l’obscurité 

le lecteur 

est invité à lire sa propre lecture

on flotte et il y aura d’autres maisons pour nous

des maisons collines

des maisons falaises ou fjords

très haut

au-dessus du trou 

le dehors

silhouette

mobile

se timbre

se scande

en langue

coupée