mercredi, octobre 09, 2024


va... 

marche toujours devant toi

 

je te condamne à devenir errant 

je te condamne à rester seul et sans famille

chemine constamment 

afin que tes jambes te refusent leur soutien 


traverse 

les sables 
des 
déserts jusqu'à ce que la fin 
du monde engloutisse les étoiles 
dans le néant






























on était en janvier


les remparts de Saint-Malo sont élevés et 

lorsque souffle

le vent du nord 

les plus intrépides reculent




















le fait est 
qu'il n'aura pas fallu longtemps 
pour que ce
 

trop de réalité

se 
transforme en 
un

trop de déchets






























déchets nucléaires 
déchets chimiques
déchets organiques 
déchets industriels en tous genres mais aussi 
déchets 
de croyances 
de lois 
d'idées 
dérivant comme autant 
de carcasses et 
de carapaces vides 
dans le flux 
du périssable



s'il est une caractéristique du siècle commençant
c'est bien ce jetable qu'on ne sait plus 
ni où ni comment jeter et 
encore moins 
penser































les souvenirs d'amour 

ne font pas exception aux lois générales 
de la mémoire elles-mêmes régies par les lois plus générales 
de l'habitude 


comme celle-ci affaiblit tout 
ce qui nous rappelle le mieux un être 
c'est justement ce que nous avions oublié 


parce que c'était insignifiant 
et que nous lui avions ainsi laissé toute sa force































c'est pourquoi 
la meilleure part de notre mémoire est 
hors de nous 



dans 
un souffle pluvieux
 
dans 
l'odeur de renfermé d'une chambre 

dans 
l'odeur d'une première flambée 



partout où nous retrouvons de nous-mêmes ce que notre intelligence n'en ayant pas l'emploi avait dédaigné la dernière réserve du passé la meilleure celle qui quand toutes nos larmes semblent taries sait nous faire pleurer encore 



hors de nous

en nous pour mieux dire 

mais dérobée à notre propre regard


 

dans 
un oubli 
plus ou moins 
prolongé





























quand on aime 


l'amour 
est trop grand pour pouvoir être contenu 
tout entier 
en nous 


il irradie vers la personne aimée rencontre en elle une surface qui l'arrête le force à revenir vers son point de départ et c'est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l'autre et qui nous charme plus qu'à l'aller parce que nous ne reconnaissons pas qu'elle vient de nous

















le temps 

n'est autre que 

l'incessant mouvement 



du simple 
vers le complexe  

du complexe 
vers le simple 

dans les différentes vitesses 
de la durée























l'art de Proust 

est celui 
de l'enchaînement des propositions élémentaires 
pour rendre compte de la complexité 
du monde 


toute proposition élémentaire y fait signe 
vers la complexité

toute description complexe est un enchaînement 
de propositions simples




l'art de Proust 

établit 
ces connexions dans le temps


la beauté proustienne 
naît de la connexion du simple dans le temps 

elle est la reconnaissance de l'engendrement 
du complexe

c'est-à-dire le temps retrouvé 
des connexions
élémentaires





























voici venu le temps où 

les catastrophes humaines s'ajoutent aux catastrophes 

naturelles pour abolir 

tout horizon 



la première conséquence de ce redoublement catastrophique est que sous prétexte d'en circonscrire les dégâts réels et symboliques on s'empêche de regarder au-delà et de voir vers quel gouffre nous avançons de plus en plus sûrement 
















trop d'objets 

trop d'images 

trop de signes 



se 
neutralisent 
en 

une masse d'insignifiance 

qui ne cesse 
d'envahir le paysage 
pour y
opérer
 
une constante censure par l'excès



















VA AVEC TES PIEDS BOUEUX


quand 

tu entends une histoire sale

lave-toi les oreilles


quand 

tu vois des trucs moches

lave-toi les yeux


quand 

tu as des idées noires

lave-toi l’esprit



garde tes pieds boueux


















désemparé 

profondément troublé par 

une vive émotion




parfois 
tout à coup 
sans raison 
prises de terreur 
ces femmes s'enfuyaient 

éperdues 
















à ses regrets en vain la patrie est rendue 

l'orage a dispersé la couvée 

éperdue

ses frères sont partis 

le nid vide est tombé 

en s'envolant peut-être un d'eux a succombé



fou d'amour

 

je n'aimerai que l'homme qui me tiendra 

éperdue 

et domptée sous son regard 

devenez cet homme et je serai à vous 


en proie à

 

je sortis et je restai 

éperdu 

d'étonnement 


un désir 

éperdu


des yeux 

éperdus

 

il pleure avec des yeux 

éperdus 


elle s'avança 

les yeux pleins de larmes 

les bras ouverts dans une infinie pitié 

un attendrissement 

éperdu 

dont elle tremblait toute



fou sans ordre irrationnel ou irraisonné

 

la floraison 
éperdue
 
des arbustes de la rive 
se détache en blanc cru sur le bleu profond 
d'en haut 


on entendit quelque chose de pesant et de dur tomber 
sur le pavé de la cour 


puis 

une galopade 
éperdue 
dans l'escalier et les couloirs