jeudi, mai 30, 2024



toute la nuit

la barque a cherché le rivage


qu'est-ce que ces absents qui veulent revenir

















avancer 
sans savoir 
dans l'immobilité 
du vent
































pour 
Chateaubriand
  
le monde 
que nous voyons est déjà 

un souvenir


choses fugitives

éphémères

disparues et pourtant  réticentes à nous abandonner complètement

le passé ne s'en ira pas

c'est ce que nous vivons dans le temps qui passe

















on m'offre 

quelque chose 


comme 

un instant sans fin


qui ne permet nulle distance

ni dans le temps ni dans l'espace




le 
dernier 
mot des mémoires

éternité



minuscules instants de bonheur 
presque toujours inattendus fugaces quelconques


la pleine lune aperçue par la fenêtre

la saveur d'une certaine confiture d'abricots

la pression soudaine d'une main





une phrase 
de Stevenson 
de Enlevé



j'ai 
une mémoire 
excellente pour oublier

















naissances latentes 

mouches éclatantes


puanteurs cruelles

golfes d'ombre  

candeurs  

vapeurs 

tentes

lances des glaciers 

rois blancs 



















frissons d'ombelles 

pourpres

sang craché 

rire 

lèvres 

colère 

ivresses pénitentes 


cycles 

vibrement divins 

mers virides

pâtis semés d'animaux 

paix des rides

alchimie 

fronts studieux 


suprême clairon 

strideurs 

étranges

silences traversés des Mondes et des Anges 

oméga 

rayon 

violet de Ses Yeux






















là 

l'Occident miraculeux 

plein de montagnes au-dessus des nuages  


avec 


ses palais volants 

ses temples légers

ses tours que le vent promène


tout est prodige et tout inattendu  

le confus s'agite 

la reine aux désirs changeants tient sa cour

nul être de raison jamais ne s'y aventure


















pas 
une seule matière scientifique 
qui n'ait été à un certain moment traitée 
par la poésie 


le monde de l'œuvre est un monde total où tout le savoir social psychologique historique prend place en sorte que la poésie a pour nous cette grande unité cosmogonique dont jouissaient les anciens Grecs mais que l'état parcellaire de nos sciences nous refuse aujourd'hui