lundi, avril 22, 2024


Craduire  


se doter volontairement d’une incompétence 

désapprendre les langues 

comprendre autre chose que ce qu’il faudrait

















Golden boy

Ramasseur de pommes


Ah hoc

Officier de marine





















méfiant
je suis devenu sauvage
aussitôt que j'ai connu l'homme...



Vladimir Holan


interdit de publication pendant des années refusant de se rendre à la cérémonie de remise du Grand Prix national de poésie qui lui était décerné au motif qu’il n’avais pas de chaussures...






















LE PIN


comme il est beau ce vieux pin blanc

sur les collines de ton enfance

que tu es revenu visiter aujourd'hui...

son murmure c'est tout le souvenir de tes morts

et tu songes à quand ce sera ton tour


son murmure c'est pour toi

comme si tu avais écrit ton dernier livre

et n'avais maintenant qu'à te taire et pleurer

pour que la parole fleurisse...


ce qu'a été ta vie

tu as quitté connu pour inconnu


et ton destin

il ne t'a souri qu'une fois et tu n'étais pas là...





ce qu’une couleur 

nous dit sans jamais se poser

le vert est moins instable a besoin de racines



la poésie n’est pas

racontable


intrigue

c’est un fait

















boue 

lac 

ciel 

rouge 

triste  

cinq


se séparer 

s’observer 

scier 

   

formeront un monde si tu les fais tournoyer























les jours d’oubli

traversent le temps


deux cycles se croisent


cycle 

du crépuscule 

s’approfondissant vers la lune noire

cycle 

des transformation mûrissant




j’ai ouvert 

le  Livre de la voie et de la vertu 


atteindre 
le vide parfait 
c’est se fixer fermement 
dans le repos



je suis un fleuve

un fleuve

un fleuve

cristallin dans le

matin



rien n'est plus accessible à l'esprit que l'infini

un éternel retour n’est jamais celui du même 

le point de vue a changé et change tout 















un paon avec une traîne de feu

une étoile filante lâchant des grêlons

un nuage ceint de lierre

un miroir d'Orient

un parc varié et ombragé

un vieux chêne ramper ventre à terre

une fourmi en train d’avaler une baleine

une mer saumâtre écumant de bière

un verre de Venise profond de vingt pieds

un puits débordant de larmes

une maison plus haut dans le ciel que la lune

une épouvante mesurée à l'endroit de la mort

...
















j’ai vu 

le soleil briller à minuit

j’ai vu 

l’homme qui a contemplé toutes ces merveilles


des yeux d’hommes en feu




choses à ne pas oublier sur une tablette

sardoines
jaspes
boucles
la coupe attribuée à Mentor 



















elle

ne dessine pas

ne chante 

pas

elle guide  l’archet à la voix noire 

















elle se contente de boire la vie 

elle aime les guêpes fortes et rusées



rêve

elle trouve sa maison vide

tout le vin bu


*


détournée la rivière  

nudité volée

effacée l’épitaphe


*


blanc sur blanc

paroles sans raison


*



peinture 

effort auquel est soumise la matière pour devenir 

lumière 


les couleurs 

sont les différents chemins et les différents moyens 

que cet effort emprunte


*



la langue n’est pas liée à la  vie 

le langage ne répond pas à un besoin 

son usage ne remplit pas une fonction



les rappes et les étoiles

les étoiles et le feuillage


dans quelle floraison le vrai 

quel est ce pouvoir en partage 



le langage 

dit plus qu’il n’est besoin qu’on dise

le fait de parler n’est pas un acte nécessaire



Aristote   

la voix est un luxe sans lequel la vie est possible 

tout l’exprimable est sans rapport à ce que suppose 

la survie d’une espèce 


à supposer que 
l’on ait jamais songé que 
la survie d’une classe animale suppose l’exprimable.


luxe 

déséquilibre

excès qui les fondent 

qui les entraînent sans qu’une fin les ordonne




la vision des guêpes étroites 

l’axe de la terre




je pressens 

tout ce qu’il m’a fallu connaître

Je m’en souviens par cœur et vainement