samedi, mars 23, 2024


personne ne meurt 

si ce n'est en apparence 

de même que personne ne naît 

si ce n'est en apparence


en effet

le passage de l'essence à la substance

voilà ce qu'on appelle 

naître

et ce qu'on appelle 

mourir

c'est au contraire le passage de la substance à l'essence

















lorsqu'

une chose est imprégnée 

de matière

elle est visible à cause 

de la résistance 

de sa densité


mais si 

elle est dépouillée 

de matière 

elle est invisible à cause 

de sa subtilité




















Au début du IIIe siècle apr. J.-C., le sophiste athénien Philostrate décide de restaurer la mémoire d’Apollonios de Tyane, figure controversée du Ier siècle, accusée de charlatanisme et de sorcellerie. 

À contre-courant de l’opinion répandue, la Vie d’Apollonios de Tyane brosse le portrait d’un grand sage injustement oublié, d’un philosophe pythagoricien qui brille par sa tempérance et par son ascétisme, d’un homme divin dont les pouvoirs dépassent l’entendement. 




























Accompagné de son fidèle disciple Damis, Apollonios accomplit un voyage initiatique à travers le monde connu de la Méditerranée, jusqu’à ses mystérieux confins en Inde et en Éthiopie. 

Champion d’une culture grecque incluse dans l’Empire romain, il se fait le conseiller politique de souverains désireux de bien régner, mais doit également se confronter à des empereurs tyranniques, hostiles à la philosophie.




À la croisée des chemins littéraires, l’oeuvre de Philostrate est tout aussi insaisissable que son héros : vie de philosophe, discours apologétique, récit de voyage aux allures romanesques, fiction historique avant l’heure… 

ce texte païen n’est pas non plus sans rappeler les Évangiles. 

La Vie d’Apollonios est longtemps restée connue comme un texte subversif, susceptible de mettre à mal l’autorité du Christ lui- même ; mais elle n’a pas manqué de séduire la postérité par sa couleur mystique, par sa teneur poétique, ou encore par son caractère ludique.















 

il y a

une douceur de miel en flaques fauves sur le chemin


le vent
le silence
la lumière

un murmure en ondées chaudes


*














il a neigé ce matin

les rues froides et humides n'en ont plus que 
le souvenir

peut-être qu'un jour
la neige sera 

un rêve lointain

une mythologie
 
que nous questionnerons quant à sa 
véracité





fiez-vous à moi 
qui vous dit que le temps ne nous sera pas 
compté

parfum de pagode


le temps est essentiel 

ce que l'on vît

ce que l'on comprend de notre vécu

qu'avons nous compris 






l'accumulation des objets ou des gestes  
voilà qui rassure

aucune réponse n'est donnée
cependant 

comment être vraiment rassuré 

parfum de pagode

survivre ou sur vivre 

voilà ce bord de rive sur le canal où 
mes émotions suivent 
le flot

















premièrement


les phrases ne veulent rien dire 


l’auteur lance un peu tout ce qui lui passe par la tête


pas de ponctuation correcte quand il y en a une 


l’ordre des mots n’est pas respecté  

















il n’y a pas de proposition subordonnée relative


je ne nie pas qu’il s’agit d’une expérience intéressante


il faut aussi aimer la poésie bien sûr

















mais ce mot  je suis  sans aucun attribut ce fait nu et terrible me remplissait d’épouvante il semblait qu’il n’y avait rien de plus difficile que d’être soi-même ni plus ni moins Ce mot impliquait une affreuse nudité  D’ailleurs j’avais craché sur l’esprit et il s’était enfui Non non murmurai-je recroquevillé et frémissant  je ne veux pas être moi-même Je préfère être un employé subalterne au ministère des Affaires étrangères je préfère servir  quelque chose ou quelq’un   moi et mon double 

















les mots 
qui surgissent savent 
de moi ce que j'ignore 
d’eux

un moment 

je suis 
l’équipage de cette flotte composée 
d’unités rétives

et le temps d’un grain 
son amiral 

puis 

le large la reprend
me laissant à mes torrents limoneux et à 
mes barbelés givrés


































la grosse corde 
des jours 
de campagne


m’a lié


je m’use


couvert 
d’une écorce 
de fer


ADBED
















comme moi

le jour s’est fermé


ma plaie

enterrée


la bande 
d’arbres en 
diagonale


et l’air

au croc

qui nous faisait trembler


la surface de la terre


je suis sourd

et 

lisse


je ne comprends pas les mots 
de l’arbre

qui par moments continue 
de parler


au-dessus 
de la baignoire posée 
dans le pré comme une auge froide 
d’où le jour sera sorti


entier


 

si 
je devais 
poignarder la foi patiente


si 
sûre de ma venue 
bien sûr je suis venue


à l’écoute  à l’écoute  endormi 

en prononçant mon nom doucement 

mon cœur souhaiterait se briser avant ça


se briserait 
alors 
alors brisé


serait aussi inutile que le prochain soleil du matin


là où le givre de minuit 

s’étendait 

toute la nuit

comme

sur le point de mourir

sans

que ma mort appartienne alors

davantage

que la clarté

venue

de la nuit blanche

 n’a

appartenu à la nuit

















pièce

c’est une pièce 

sur 
la  lumière  et la  nuit 
que transmet 
la parole 

un catalogue 
d’humanité fort large où l’on trouve  

la Femme aux chiffres
le Chercheur de Falbala
plusieurs sortes d’enfants pariétaux 

un être sans mesure  
Autrui 
















la pièce est construite à partir 
de la circulation
de la gravitation des personnages 


il y a 

ceux qui ne passent qu’une fois 
ceux qui passent deux fois 
ceux qui n’apparaissent qu’à la toute fin 

ce ne sont pas des personnages avec des identités sociales ou psychologiques définies mais des hommes qui se tissent en parlant sous nos yeux




***


la nuit était nue 

loin de l’éclaircir 

la nuit se tenait là dans le crépuscule 

la nuit plus refermée

on dit c’est la chaleur 

le bruit 

et pourtant tout remue

c’est surtout ça 

ça bouge

lentement

insidieusement 

souple 

une poche emplie d’eau 

voilà

cette opacité

ce trouble 

une poche translucide 

les couleurs