jeudi, mars 14, 2024

les esprits sont parfois plus petits que les moustiques 

d’autres fois

vus de loin

on dirait des montagnes


pour chasser 

il fallait d’abord imiter 


danser le pas 

de la perdrix 
de l’ours 
du léopard 
de la grue 
de la zibeline 





























pour 
devenir prédateur il fallait se couler 
dans les gestes 
du prédateur et 
de la proie



























 


écrire 

une suite 

de courts textes sous forme 
de récits faussement 
détachés entre humour et tendresse sur le vide 
des apparences 

avec 

une écriture

concise rapide
entrecoupée
de parenthèses 
de digressions 

































fouiller 
les profondeurs inexploitées 
de l’instant entre les couches résistantes 
de la réalité 

tracer 
des itinéraires labyrinthiques

décrypter 
les bribes d’une autre distribution du réel

ressusciter
les regards curieux de l’enfance





on dit c’est la chaleur 
le bruit 
et pourtant tout remue
c’est surtout ça
ça bouge 
mais lentement






*



un riche Laboureur
sentant sa mort prochaine
fit venir ses enfants
leur parla sans témoins

gardez-vous 
leur dit-il 
de vendre l’héritage
que nous ont laissé nos parents

un trésor est caché dedans

je ne sais pas l’endroit 
mais un peu de courage
vous le fera trouver
vous en viendrez à bout

remuez 
votre champ dès qu’on aura fait l’Oût 

creusez
fouiller 
bêchez  
ne laissez nulle place
où la main ne passe et repasse
















































j’ai bâti mon refuge 
dans la sphère 
des humains


ma ville est pour moi sans tumulte


cela vous semble impossible 


pour l’esprit détaché

tous les lieux 

sont 

lointains

















pincée de temps
grands carrés d’espace 


bonjour
coeur cellules veines tissus os tendons cartilages

bonjour 
les arbres les écureuils les fleurs

bonjour 
cataracte  bateaux voitures foule lumières ondes 



l’énumération des termes englobant des organes du corps humain la flore et la faune dans la nature et les objets emblématiques de la société moderne illustre le pouvoir du repos qui engendre la multiplicité par la simplicité




la vie 

d’un homme 

entre le ciel et la terre 

est comme un poulain blanc 

qui franchit une faille   un éclair et c’est fini



c’est fini

et 

ça recommence 


la vie 

est 

un éclair très lent

donne-moi la main 

jolie

avançons dans la nuit

















ils parlaient avec l’Ours 

avant de l’attaquer 

ou immédiatement après 

sachant que l’Ours comprenait chacune 

de leurs paroles


nous n’y sommes pour rien  disaient certains

 

ils remerciaient l’Ours parce qu’il se laissait tuer 

souvent ils s’excusaient


certains allaient jusqu’à dire 

je suis pauvre c’est pour cela que je te chasse 























d’autres chantaient en tuant l’Ours 

afin que l’Ours en mourant 

pût dire  

j’aime cette chanson