lundi, novembre 20, 2023

 

écho de plomb

comment tenir maintenir

est-il quelqu'une 

n'est-il aucune

ne saurait-on nulle part nulle

























boucle ou broche

agrafe ou fibule

ni lac

lacet

loquet

cliquet ou clef 

pour détenir beauté

pour retenir beauté

pour contenir beauté


beauté beauté beauté

de s'évanouir


....



vois la merveille ....

celui qui est près elle ne le lâche pas

celui qui est près elle ne le voit pas

elle ne meurt ni ne vieillit 





cueille le jour


ama et fac quod vis 

aime et fais ce que tu veux
























comment 
une idée peut-elle voyager plus vite que nous et nous 
abandonner


des séries 
d'éclairs 
décrivent 
des cercles 
dans le ciel nocturne


Agnosco veteris vestigia flammæ 

je reconnais 

la trace de mes premiers feux


*
























pour 
Héraclite 
la chose était sûre

rien ni personne ne créa le soleil

quelque chose a toujours été et toujours sera


circulaire ou horizontal 
comment 
dire


avait-il deviné que nous sommes intergalactiques 




ce soir les nuages sont de sortie 


Alta alatis patent 

le ciel 
est ouvert à ceux qui ont 
des ailes




















ibi et nunc
 
d’artistico-politique 
poète comportemental  
praticien de la barbouille 
la vie plus que la toile 
 
Action directe plutôt qu’action restreinte  
Ermite au Larzac  
Barbu.e à Chaillot  
Etabli post-mao 
Zadiste  
Barde anti-bassines 
Néo-Tarnacais  
Terroriste séquestreur  
Avant-gardiste formel



























  



les images passent en vitesse 
les scènes se bousculent 
l’action bifurque sans crier gare
les dialogues finissent 
sans plus de queue ni de tête 


l’actualité passe 
coiffée de ses chapeaux 
de soumission à tous les clichés 
truismes 
tics 
langues de contreplaqué

...




































Tout va bien se passer

Nathalie Quintane


Le nouveau roman de Nathalie Quintane est une étonnante farce politique et littéraire qui fait écho avec impertinence et fantaisie au désordre de situation sociale. Tout se passe à Paris, non dans les rues obscures d’arrondissements périphériques, mais au beau milieu, dans les beaux quartiers. « Quel bonheur de retrouver notre capitale si aisément reconnaissable, de fières avenues en fiers boulevards – et bâtiments officiels ! » Car l’essentiel a lieu rien moins qu’à l’Elysée. 



















C’est une prise d’assaut comique et romanesque, de salons en salons (voluptueusement décrits), sans jamais nous y perdre et en allant droit au but grâce à de curieux guides : un certain ministre de la Santé bizarrement réduit à son torse, la narratrice bien sûr, et quelques autres dont une étrange personne née en 1780 et qui viendra prêter main forte. 

Lucile Franque, peintre et poète, qui appartenait au groupe dit des Méditateurs ou des Primitifs, élève de David en rupture de ban, qui fut aussi l’égérie de Charles Nodier. On n’en sait guère plus. L’auteur imagine très librement la vie de cette fragile figure de femme artiste disparue prématurément en faisant se répéter ou se répondre les différentes périodes historiques de façon comique et dévastatrice. 

La romancière n’a trouvé personne de mieux pour venir lui donner un coup de main dans ce texte, et dans la vie aujourd’hui. Lucile, c’est la fille ad hoc. Elle a su et sait toujours ce qu’il faut faire dans les situations désespérées. 

Roman fantaisiste, burlesque, grotesque, et éminemment politique. Il y est question de pouvoir et de poils, de séquestration, de grèves, de révolutions, de manifestations, mais « tout va bien se passer ! » D’autant plus que le caractère somme toute inquiétant de cette histoire est résolument compensé par une forme de désinvolture générale, qui touche à la fois les personnages et l’intrigue.

ici


















J O U R N A L RÉCENT 

Christian Prigent

extrait


cette nuit, 
vers les 03 h 
quand 

je me suis penché à la fenêtre 
de la salle de bain pour ma minute 
de méditation cosmologique 

le grand chasseur Orion 

m’a fait 

coucou me revoilà 
















Il émergeait, l’air un peu penché, tout scintillant d’espièglerie, des lointains de l’est enfoncé derrière le mur de gauche de la maison et Aldébaran, l’œil du Taureau, rutilait à fond la forme plus haut au N-O : bientôt l’hiver !

Nathalie Quintane (p. 120 de Tout va bien se passer) dit que la constellation d’Orion forme un H.

Que non !

Orion, c’est un sablier. Par sa ceinture triplement cloutée, le temps (infini) et l’espace (pareil) s’écoulent chaque nuit pour que s’humilient les petits êtres aplatis sous l’exubérance des sphères et on fait pas son malin.

Compensons ce différend astronomique par un peu d’unisson gastronomique : au moins 5 émojis hilares d’enthousiasme pour les pages (146/147) où NQ fait l’éloge de la bière belge Orval.

Et embrassons-nous, Folleville, à l’évocation émue (p. 19) de Roger Rivière, le champion cycliste accidenté qui finit sa vie en fauteuil roulant (au col cévenol du Perjuret, devant le petit monument qui rappelle sa chute à cet endroit en 1960, je me suis plusieurs fois recueilli).


sitaudis





















ici 

nous avons le sentiment que 

juste au-delà 

de toute crête

le bord s'éloigne 


nous sommes littéralement sur un toit 


on se sent merveilleusement haut 

ouvert 

ensoleillé et grand















 


le vent ne souffle pas sur les terres 

contiguës

voisin

attenant

proche

adjacent

riverain

semblable


mais directement 

sur le ciel







définitions du lieu


 

ufi à droite

ufk à gauche

ufl au milieu

ufm sur le bord


ufo

ufp

uft

ufs

uft

ufu

ufx

ufy

ufz






















des hypothèses seront émises 

des recherches entreprises 

des thèses rédigées


la disputation ne connaîtra pas de fin



discussion 
débat animé 
d'un vif besoin 
de persuasion 

le tempérament beethovenien 
avec son caractère inné 
de raisonneuse 
disputation ou 
de raisonnement entêté 


le Cercle 

est maintenant réuni au complet 

dans la salle 

d’étude  


après 
un moment de silence 
l’un des membres  prend la parole 


sur ses mots s’ouvre la séance





c’est bien simple 

pour moi le Corpus est l’unique ouvrage 
engendrant au-dehors
de lui-même 
la littérature 

renvoyant sur lui-même 
tous les éclats 
du sens


 


poliment on acquiesce
mais 
une telle définition ne suffira pas


















la valeur 

n’est pas 

le bien ni la fin


c’est sous le titre 

de bien suprême ou 

de souverain bien ou 

de fin ultime que la tradition philosophique a cherché ce qui a le plus 

de valeur






















c’est là oublier que 

la valeur suprême pourrait ne représenter

rien 

de bon pour nous  

elle pourrait constituer un danger pour nous

nous nuire 


s’il s’avérait que la valeur suprême était 

le mal ou le néant


un résultat possible de notre enquête 

hélas 


auquel cas il serait impropre 

de l’appeler bien suprême ou fin ultime


il est possible que 

la valeur suprême soit pour nous 

un bien ou une fin

mais rien ne nous autorise à le postuler 

dès le départ





















devant la détermination commune des grandes puissances oligarchiques pour s’opposer à toute révolution sociale elle comprend que l'émancipation des peuples qu’elle espérait dans le lion et la licorne a été définitivement annihilée
















LECTEUR


le 
Corpus 
est 

en soi 
perpétuité agissante 
sans continuité ni proposition acquise 

c’est ainsi 
qu’il m’habite et que je le vis 
depuis 

le commencement


 


tous le conçoivent pour l’avoir ressenti




le Corpus
 
je vous livre là mon intime conviction 
est le livre 

dont l’espace 
de sens est égal tant à l’ultime virtualité qu’à la totalité 
des fictions


 


il faut 
toujours se préoccuper 

de ce que l’on ne sait pas encore 
de ce que l’on n’a pas encore lu
de ce que l’on n’a pas encore 
dit ni pensé

















lire une dérive des rivières

il suffit 
de lire les cinquante premières pages et 
de découper le reste

rivières

traverser  la rivière

traverser  la rivière

descendre la  rivière

remonter la  rivière


la  rivière est guéable

les rives de la  rivière

vous avez plusieurs  rivières à traverser



des rivières souterraines alimentent 

de leur courant silencieux 

des profondeurs liquides qui 

dorment à notre insu noires et lourdes 

de menace 

dans quelque caverne 

de la montagne



rivière 
débordée gelée glacée 
large
navigable noire 
belle grande jolie rivière 
berge bord coude courant cours 
débit embouchure 
passage de la rivière 
bras 
cailloux eau 
lit de la rivière 
descendre franchir longer passer remonter 
traverser la rivière  










plusieurs rivières

plusieurs routes

plusieurs rochers

plusieurs salles


quelques rivières

certaines routes


de tels risques

de telles rivières

de telles routes

de tels rochers


les rivières sont rapides

les routes sont mauvaises

les routes sont bonnes

 

les voiles

les mêmes qu'avant

la même chose

 

où les rivières

où les routes

où les rochers

où les règles


quelles que soient les rivières

quelles que soient les routes

quels que soient les rochers


pas de rochers  peu importe

quelle pièce

 

il n'y a pas de place  peu importe

 

quels que soient les signaux

aucun signal  peu importe ce qui a été fait




il vaudrait mieux se taire toujours 

on ne dit rien quand on parle 


ou les mots dépassent la pensée 

ou ils la diminuent



lire 

les cinquante premières pages 

découper 

le reste















B.

est retourné aux États-Unis en 1946 et 

a vécu à Claremont 

en Californie 

il a continué à travailler sur l'histoire 
du travail missionnaire protestant en Chine en plus 
d'organiser
du matériel autobiographique 

à sa retraite B. a choisi 
une nouvelle branche d'intérêt tous les cinq ans 

cartes 
pièces de monnaie 
guides 
musique et timbres internationaux 
pour n'en nommer que quelques-uns  


































il a poursuivi ce passe-temps avec vigueur

il lisait constamment 
appartenant à l'époque à plusieurs clubs de lecture 



il estimait un jour 
qu'il achetait environ 200 livres par an pendant plus de 40 ans 
et qu'il en donnait la plupart après 
les avoir lus...